Une délégation des pays émergeants, membres de l’Alliance Internationale des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) a été reçue le 21 novembre 2022 à Bangui par le président Faustin Archange Touadera. Cette délégation est conduite par la présidente de cette alliance, Larissa Zelentsova.

Dans un contexte où les relations entre la République Centrafricaine et la France restent tumultueuses, beaucoup d’autres pays en profitent pour pousser enfin leurs pions dans ce pays d’Afrique centrale longtemps fragilisé par des crises militaro-politiques.

Cette délégation est arrivée dimanche à Bangui pour entamer des négociations afin d’installer le siège de l’Afrique centrale à Bangui. Sa présidente a souligné à la presse que la visite à Bangui vise à renforcer la présence de l’Alliance des BRICS en Afrique Centrale.  « Ensemble avec la RCA, nous allons réaliser des projets de développement qui sont importants pour ce pays. C’est pourquoi, nous venons d’échanger avec le président de la République pour voir dans quelle mesure l’alliance avec BRICS pourra investir », a déclaré, Larissa Zelenstova qui a appelé les organisations de la  société civile centrafricaine à s’impliquer davantage dans cet élan de coopération avec la RCA.

Quels sont les enjeux de cette intervention future en Centrafrique?

Cette visite à Bangui, semble-t-il, est une offensive diplomatique pour l’alliance de ces pays émergents de conquérir l’Afrique centrale. L’installation prochaine du siège de BRICS à Bangui pour l’Afrique centrale est motivée par un objectif politique et géostratégique.

La crise que vit le pays rebat les cartes des sphères d’influences. Raison pour les BRICS de choisir Bangui comme siège, car la plupart des pays d’Afrique centrale ne sont pas en brouille avec Paris et le bloc occidental (OTAN).

Les BRICS, représentant 25% du PIB mondial, réclament la multipolarité des équilibres économiques et politiques mondiaux. Ils trouvent en Centrafrique un terreau favorable à leur vision et surtout que l’un de ses membres, la Russie est devenue un partenaire privilégié de Bangui. Peut-être que leur prochain siège serait le Mali pour l’Afrique de l’Ouest.

L’intérêt principal pour la RCA est le prestige diplomatique et politique qu’elle pourrait tirer de cela. Par sa décision d’accepter le siège, la RCA pourrait bénéficier d’un sacré coup de projecteur sur ses richesses minérales et surtout négocier une enveloppe des membres du BRICS qui sont des contre-pouvoirs de l’Occident.

La RCA est depuis quelques années en quête des nouveaux pour combler le vide que Paris crée dans ce pays qui se relève et qui a besoin des appuis des partenaires pour son décollage économique.

Depuis 2020, Paris a gelé son appui budgétaire à la RCA. Les institutions de Breton Wood ont emboité les pas à la France, laissant un vide considérable dans les budgets de l’Etat, contraignant ainsi le pays de réduire considérablement ses investissements pour se concentrer sur les dépenses de souveraineté. 

Dans ce contexte d’asphyxie économique, la RCA tente par tous les moyens à drainer les partenaires de son côté, mais défilement à cause de plusieurs faits et l’influence russe dans cet ancien pré-carré français.

L’engagement de l’Alliance de BRICS en RCA sera-t-il un tremplin pour RCA ?

Rien ne prouve encore que l’Alliance des BRICS soit un salut pour ce pays. Des observateurs de la vie politique du pays restent toutefois méfiants sur les résultats concrets de ce nouveau partenariat qui va lier la RCA à ces pays émergeants. A l’exception de la Chine qui apporte régulièrement des appuis financiers dans l’économie de la RCA, les autres pays comme la Russie interviennent dans le domaine de la sécurité et miniers, sans que les retombés économiques ne puissent être senties dans le budget de l’Etat.  Comme dissent toujours les Centrafricains, « attendons voir », le doute est permis. Pourvu que cela ne soit pas un partenariat de trop.

Mais ce qui est sûr, la RCA a besoin de diversifier ses partenaires, s’ouvrir à d’autres horizon pour faciliter son développement en proie aux multiples années des crises politico-militaires.

Fridolin Ngoulou