Le gouvernement Centrafricain prépare activement le dialogue politique entre la Centrafrique et l’Union européenne. Ce cadre de dialogue permanant vise à évaluer un certains nombres d’engagements pris en 2021 et de tenter d’apaiser les tensions de trésorerie.

L’Union européenne et la République centrafricaine se sont accordées sur un nouveau cadre mutuel de dialogue et d’engagements, articulé autour de l’accord de paix et de réconciliation, pour promouvoir les valeurs démocratiques, la bonne gouvernance, la sécurité, la justice, et soutenir les efforts en matière de développement et de droits humains, pour le plus grand bénéfice de la population centrafricaine dans son ensemble.

Avant son départ pour les Etats-Unis où il a pris part à l’Assemblée générale de l’ONU, le président Faustin Archange Touadera est passé par Bruxelles en Belgique où se trouve le siège de l’Union européenne. Des indiscrétions ont lâché que le chef de l’Etat s’inscrit dans le cadre d’une diplomatie offensive afin d’obtenir les soutiens multiformes de l’Europe en faveur de la Centrafrique.

C’est ce cadre que s’ouvrira le 5 octobre prochain le dialogue politique entre la Centrafrique et l’Union européenne, l’un des partenaires privilégiés du pays. L’Union européenne appuie plusieurs projets en faveur de la Centrafrique mais fait partie des institutions internationales qui ont suspendu depuis 2020 leur aide budgétaire à la Centrafrique, après la France qui avait ouvert la balle.

Cette question de suspension de l’aide budgétaire par la France, le FMI, la Banque mondiale et l’Union européenne, à cela s’ajoute les crises liées aux conflits ukrainiens et ses conséquences ont contraint le gouvernement à réduire cette année de 14% son budget annuel.

En juin 2021, les échanges francs durant ce dialogue ont permis de faire le tour de toutes les questions prioritaires et d’actualité politique et stratégique, notamment (1) la situation politique après les élections, la mise en place du nouveau gouvernement, la préparation du dialogue républicain et les préoccupations relatives aux libertés fondamentales, (2) la réforme du secteur de sécurité et les leçons tirées de l’appui européen à travers les missions EUTM et EUAM, ainsi que la clarification de leur rôle en coordination avec d’autres acteurs, (3) la relance de l’Accord de paix, notamment la mise en œuvre des recommandations de l’UE et le renforcement du rôle des institutions de la sous-région, (4) les priorités du nouveau gouvernement et les réformes nécessaires en vue de la relance du dialogue avec les partenaires, (5) les questions de la justice, des Droits de l’homme et du droit international humanitaire, (6) le phénomène inquiétant de la désinformation, et enfin (7) la nécessité d’un cadre d’engagement et de redevabilité pour renforcer le dialogue et la confiance dans la relation avec l’Union européenne.

Cette année, visiblement les lignes n’ont pas trop bougé. Des informations de l’Oubangui Médias indiquent que le gouvernement cherche à travers ce dialogue à convaincre les partenaires européens à toujours renouveler leurs appuis en faveur de la Centrafrique mais surtout à lever l’embargo sur l’aide budgétaire, vitale pour le pays. Il sera question d’aborder les élections locales prévues pour fin janvier 2023, l’avenir des missions européennes comme l’EUTM et l’EUAM ainsi que l’épineuse question des réformes constitutionnelles, même si cela interviendra juste à titre informatif, a confié à Oubangui Médias un diplomate centrafricain. Cette source a souligné que la question du référendum constitutionnel relève de la souveraineté de l’Etat qui n train de répondre aux aspirations de la majorité du peuple. « Mais les partenaires doivent être informés pour éviter les mauvaises interprétations », a lâché la source.

En effet, l’Union européenne a, en juillet dernier rendu public l’instrument de l’Union Européenne qui va financer cinq projets en Centrafrique. Le soutien de l’Union Européenne vise à apporter un expertise technique aux autorités nationales et locales plus généralement aux parties prenantes des différentes initiatives politiques et diplomatiques visant à relancer le processus de paix dans le cadre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR), du dialogue républicain ou de l’initiative de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Il vise en outre à la promotion d’un espace politique propice entre et parmi les acteurs.

Cet instrument a prévu les différentes actions. L’accent est mis particulièrement sur la prévention des conflits au niveau local. Cela inclut par exemple la médiation locale, en particulier celle liée aux conflits agro-pastoraux, ainsi que le renforcement des communautés, des autorités et des organisations locales pour promouvoir la paix et la réconciliation. Enfin, l’intervention soutient les efforts pour identifier et combattre la désinformation et les rumeurs communautaires, qui sont une source majeure de tensions intra et intercommunautaires. L’UE avait mis une enveloppe qui s’élève à 9.2 millions d’euros (environ 6 milliards de FCCA).

Déjà, plusieurs projets financés par l’Union Européenne attendent des décaissements pour poursuivre leurs mises en œuvre, le gouvernement doit mettre les bouchers doubles pour que ce partenaire renouvèle ses confiances au pays. Les projets comme celui de la fibre optique, cofinancé par l’Européenne est entré dans sa phase finale et n’a plus besoin des ruptures du financement car d’ici décembre, le gouvernement devra lancer l’opérationnalisation de la fibre optique dans le pays.

Fridolin Ngoulou