Je ne pourrai rester insensible et garder un silence pour quelqu’un qui aura marqué son environnement professionnel et forcé l’admiration dans le traitement de l’actualité, notamment le fact-cheching, ou journalisme de vérification.

Jean Saint Clair Maka-Gbossokotto que nous avons connu à peine quatre ans a marqué notre histoire ainsi que celle de notre entreprise Oubangui Médias, créée en décembre 2020.Epris du métier de la plume, et de la même génération que nous, Jean Saint Clair Maka-Gbossokotto commençait à échanger avec nous sur les réseaux sociaux, lorsque nous avions lancé en 2018 la campagne en ligne contre les Fake-News et les discours de haine avec l’Association des Blogueurs Centrafricains.

Cela avait suscité et créé une ardeur pour le journaliste Jean Saint Clair Maka-Gbossokotto qui manifestait une grande envie de créer un journal dont la ligne éditorial est la lutte contre la désinformation. C’est donc avec une ferme volonté que le rêve devint réalité par la création de son journal qu’il baptisera « Anti-Infox ».

Ne voulant pas être solitaire dans cette lutte car, la désinformation s’amplifiait en Centrafrique et amplifiée par les réseaux sociaux, il décida de créer le Consortium des Journalistes pour la Lutte contre la Désinformation pour fédérer les journalistes, activistes, hommes de médias pour combattre ce fléau du siècle qui est la fausse information qui cache des intentions malsaines pour notre société. Même si nous ne nous sommes pas encore adhérés à ce consortium, nous adhérons à l’esprit de militer ensemble pour une efficacité de cette lutte commune.

Ainsi après les échanges virtuels, ce fut une rencontre physique en 2019 entre nous, deux jeunes journalistes qui partagent en commun le même idéal, le même rêve. Avant de partir en France affûté mes connaissances sur le journalisme, nous nous rencontrons lorsque l’occasion s’offrait pour échanger et discuter ainsi que partager des points de vue sur des sujets d’actualité de notre cité. Des échanges qui nous manquerons.

Plus tard, de retour à Bangui, je lui ai partagé mon ambition de créer le journal Oubangui Médias que j’ai conçu il y a trois ans. Une entreprise des médias, qui considère que la diffusion des bonnes informations, en temps réel, en utilisant plusieurs canaux possible pourra étouffer la désinformation. Là, nos visions se croisent et nous avons reçu son assentiment et bénédiction, puisqu’il avait l’expérience dans le domaine de la lutte contre la désinformation. « Vas-y », tel a été son conseil, un vrai propulseur et motivateur.

A propos de la parution de notre journal, Oubangui Medias, je serai ingrat si je ne témoigne pas que c’est bien Jean Saint Clair Maka-Gbossokotto qui nous paya l’impression de nos trois premiers numéros en vue de nous motiver à paraître. Un coup de puce salutaire. Une fraternité et solidarité dont a vraiment besoin la corporation et celui que nous pleurons ce jour en a été l’exemple pour nous et nous exhortons nos confrères et consœurs à s’inspirer de lui.

Une expérience qui s’enrichie dans le projet #StopATène

Par après, les blogueurs et les journalistes se sont retrouvés dans le projet de la Fondation Hirondelle, financé par l’Union Européenne dans le cadre de la lutte contre la désinformation. Nous évoluons ensemble depuis un an jusqu’à la fin du projet pilote. Mais et malheureusement, que la mort, cette équation nous sommes tous appelés à résoudre est venue arracher brusquement Jean Saint Clair Maka-Gbossokotto à un moment que nous avons encore besoin de lui dans la nouvelle phase du projet. Jean Saint Clair Maka-Gbossokotto nous laisse orphelin :

Une autre expérience dans le projet Désinfox Afrique

Financé par CFI, nous avons été encouragés par Jean Saint Clair et d’autres confrères afin que notre média postule ainsi que deux journalistes. Après une sélection à l’international, Oubangui Médias a été retenue pour ce projet qui nous apporte un appui technique pour la production des articles de Fact-Cheching.En pleine formation (4e session), le deuxième jour, marqué par un climat décontracté, nous nous sommes séparés en se fixant un rendez-vous pour le dernier jour de formation avant d’entamer les visites dans les rédactions.

Alors qu’on se préparait à clore notre formation dans la gaieté et la convivialité après avoir profiter des connaissances de Fact-Cheching, la mauvaise nouvelle de ta disparition vient nous glacer. Nos rires ont cédé la place aux pleurs larmes de ta brusque disparition.

Mais comme nul ne peut sonder la décision de Dieu et prédire l’avenir avec certitude, nous te souhaitons bon voyage auprès du Père Céleste. Je n’oublierai jamais…Je n’oublierai jamais qu’un sujet d’intérêt commun peut mobiliser toutes les énergies. A l’exemple de la désinformation, fabriquer de gauche et de droite, et qui présente une mauvaise image de notre pays.

Je n’oublierai jamais les bons moments que nous avons passés à Oubangui Médias, au restaurant Fins Services pour préparer nos différentes interventions lors des formations.

Je n’oublierai jamais le jour où je t’ai conduit au Ministère de la santé pour ton pass-sanitaire avant ton voyage en France pour un autre projet de l’OIF. Ce jour-là, tu avais mal, mal et tu t’es confié à moi au retour.

Je n’oublierai jamais le jour de mon anniversaire, 10 jours aujourd’hui. Tu me conduis à Fober pour un cadeau et tu m’as dit : « Frido, si nos parents, nos anciens dans le métier limitent leur relation juste sur le plan professionnel, je souhaite à ce que nous jeunes, puissions aller au-delà pour consolider nos relations. Assistons ceux qui sont malades, ceux qui ont des soucis à tenir leurs journaux, restons souder, unis, protégeons nos familles ». Un gardien qui était autour de nous, nous regardait avec un grand étonnement. Mais je t’ai répondu : « Jean, prions beaucoup pour que Dieu nous garde. Honorons nos ainés dans le métier, restons soudés. Merci pour le cadeau, et merci pour la chemise que ta femme m’a offert ».Je n’oublierai jamais nos projets en commun.

Enfin, je n’oublierai jamais qu’il est possible de collaborer avec une personne, même si on ne partage pas forcement la même idéologie ou encore dans notre jargon la même ligne éditoriale.

Repos éternel, un héros intrépide de la lutte contre la désinformation. Nous nous évertuerons à perpétuer la lutte contre la désinformation qui est ton cheval de bataille jusqu’à ton dernier souffle.

Vas, vas en paix cher frère…

Fridolin Ngoulou