La violence sexuelle basée sur le genre devient de plus en plus récurrente ce dernier temps en République Centrafricaine. Des jeunes filles mineures sont violées par des personnes âgées, en les mettant dans des situations difficiles. Sara (nom d’emprunt), l’une des victimes de la violence sexuelle s’est désespéramment livrée à Oubangui Medias.  

Sara, âgée de 16 ans a été violée dans la nuit du 24 octobre dernier au quartier Gbabili dans le 3e arrondissement de Bangui alors qu’elle vendait de chikwangue (mangbèrè) de sa tante au bord de la route. Aux environs de 20h, pendant que tout commence à devenir calme, trois garçons se sont approchés de la jeune fille comme s’ils étaient des clients. Ils ont commandé acheter les chikwangues et quand cette dernière apprêtait les baguettes, les trois jeunes jeunes hommes se sont jetés sur elle, ils ont fermé sa bouche pour qu’elle ne crie pas, l’ont amené dans la brousse pour la violer l’un après l’autre. Après leur forfait, ils se sont  enfuis, laissant la jeune fille toute agonisante au sol. N’ayant aucune force pour se relever, elle est restée clouer au sol à la même place jusqu’à 23h avant de reprendre conscience pour enfin rentrer à la maison.

Arrivée à la maison, elle a dû partager sa mésaventure à sa tante. Mais, la tante  ne l’a pas amené à l’hôpital pour des soins médicaux. La tante a plutôt accusé Sara d’avoir suivie les garçons volontairement. Elle a subi le choc durant toute la nuit sans aucun soin approprié.  La jeune fille a perdu tout espoir, elle est démotivée et découragée à tel point qu’elle s’est confiée à une mère de son église après deux semaines des faits.  Soucieuse de sa situation, c’est cette mère de bonne foi qui l’a emmené à l’hôpital pour une prise en charge psychologique et médicale ensuite l’héberge pour assurer son suivi médical et psychologique.

Dans un centre de prise en charge à Bangui, quelques médicaments ont été donnés à Sara ainsi des conseils avant de fixer un rendez-vous pour quelques semaines plus tard.

Sara se souvient de cette mésaventure et témoigne à Oubangui Médias, le visage froissé: « J’étais en train de vendre aux environs de 20h quand trois garçons sont venus et m’ont dit de leur apporter le chikwangue pour 300 FCFA. Quand je me suis levée, ils m’ont pris de force par la main pour m’amener dans un lieu obscur. C’est là-bas qu’ils se sont servis de moi à tour de rôle. Ils ont fermé ma bouche pour que ma voix ne soit pas entendue. A la fin, ils se sont enfuis en me laissant par terre. Je criais mais personne n’est venue pour m’aider parce qu’il faisait déjà tard. Je me suis évanouie, je me suis relevée et il avait personne à mes côtés ni sur la route. C’est après mon réveil que je suis rentrée à la maison pour  expliquer à ma tante. Mais elle ne m’a pas comprise et m’a seulement grondé. Ensuite, elle m’a juste fait asseoir dans l’eau chaude. Et c’est grâce à une maman de notre église que je suis arrivée à l’hôpital pour des soins après deux semaines.  Je ne sais pas si je serais complètement rétablie », explique-t-elle tristement.

Sara est une orpheline de père et de mère qui s’est faite hébergée par sa tante. Face au calvaire qu’elle vit chez cette dernière, elle se livre en ces termes: «  J’ai perdu mes parents dans un accident de circulation sur la route d’Alindao à l’âge de 4 ans. Deux ans après, ma tante est allée me chercher au village quand j’avais 6 ans pour me ramener chez elle à Bangui. Depuis que je suis ici, Je n’ai jamais été inscrite à l’école car ma tante me dit qu’elle n’a pas d’argent. Et je suis restée seulement là pour prendre soin de sa fille et vendre le chikwangue. C’est grâce aux chikwangues que nous trouvons de quoi à manger ».

Beaucoup de jeunes filles comme Sara souffrent en silence suite aux cas de violences ou d’agressions sexuelles et n’ont personne pour leur venir en aide. Bien que la prise en charge des cas de violence sexuelle soit gratuite dans les hôpitaux, beaucoup de victimes n’ont pas un accès facile soit par méconnaissance, soit par peur d’être stigmatisées ou tout simplement la honte les empêche à se rendre dans les services de prise en charge.

Le gouvernement et ses partenaires ont mis en place des dispositifs adéquats pour la prise en charge des cas de violences sexuelles faites aux femmes. Un arsenal juridique existe sanctionnant ces violences mais il s’avère alors très important de maximiser les sensibilisations sur la prise en charge des victimes en cas de VBG ainsi que sur les sanctions prévues par les lois dans le pays. Par exemple, l’Art. 22 de loi n°06. 032 du 27 décembre 2006 portant protection de la femme contre les violences en République Centrafricaine stipule que: « le viol sera puni de travaux forces à temps ».

Dorcas Bangui Yabanga