Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA), accueille, du 26 au 29 avril, un Forum régional de sensibilisation, de partage d’expériences et de renforcement des capacités des médias numériques sur la prévention des conflits liés aux discours de haine et la lutte contre ce phénomène en Afrique centrale.

Des responsables des journaux en ligne et des acteurs des réseaux sociaux venant des onze pays de la sous-région y prendront part ainsi que toutes les autres parties prenantes dans la recherche des solutions durables à cette menace. Toutes les questions essentielles seront abordées, avec pour principal objectif de poursuivre et d’approfondir la réflexion sur le développement d’une stratégie régionale de prévention et de lutte contre les discours de haine en Afrique centrale.

Cette réflexion avait commencé lors du premier forum organisé du 26 au 29 octobre 2021 à Douala (Cameroun) à l’intention des représentants des médias classiques (presse écrite, radio, télévision). La « Plateforme des organisations des professionnels des médias pour la paix et le développement durable en Afrique centrale » (PROMEDAC) a été créée à l’issue de cette rencontre. Parmi ses missions, elle a inscrit en bonne place « les actions visant à éviter, à freiner et à combattre vigoureusement la montée des discours de la haine dans les médias et sur les réseaux sociaux ». L’étape de Bangui permettra de consolider cet engagement et de convenir des approches pour des synergies entre différents acteurs déterminés à faire face de manière concertée à ce défi commun.

Dans ce contexte, plusieurs principes fondamentaux en matière de liberté de la presse et de déontologie seront rappelés. Dans son discours lors du forum de Douala, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale et Chef de l’UNOCA, M. Francois Lounceny Fall, avait insisté sur ces points. Il avait notamment souligné que pour prévenir et lutter contre les discours de haine, les médias doivent « tout simplement faire leur travail dans les règles de leur noble art : c’est-à-dire chercher, recouper et vérifier l’information avant de la rendre publique ». Car, ajoutait-il, « la haine se nourrit souvent d’informations erronées, parfois même falsifiées ».

Cette situation est particulièrement préoccupante dans « les Etats en proie aux conflits armés, à d’autres crises violentes ou à des processus électoraux tendus » où « les discours de haine sont utilisés comme arme par de nombreux protagonistes ».

Le Forum de Bangui sera l’occasion de prendre davantage conscient de ces enjeux. Il est organisé par le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), avec l’appui et la collaboration du gouvernement centrafricain, de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RCA (MINUSCA), du Centre des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale, du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en RDC, de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), du Bureau de l’UNESCO pour l’Afrique centrale et du Bureau de la Conseillère spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger (OSAPG).

En réponse à l’alarmante montée de la xénophobie, du racisme et de l’intolérance, de la misogynie violente, de l’antisémitisme et de l’islamophobie dans le monde, le Secrétaire général, António Guterres, a lancé, le 18 juin 2019, la stratégie et le plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine.

Les objectifs sont doubles : il s’agit premièrement de renforcer les efforts déployés par les entités des Nations Unies pour s’attaquer aux causes profondes et aux éléments moteurs des discours de haine, et deuxièmement, d’aider le Système des Nations Unies à répondre efficacement aux conséquences sociétales des discours de haine.

Le Forum de Bangui s’inscrit dans cette dynamique, tout comme celui de Douala. Il sera suivi, dans les prochaines semaines, par une rencontre similaire dédiée aux responsables des organes de régulation de la communication et des médias d’Afrique centrale – avant celle de Kinshasa devant regrouper toutes les parties prenantes pour la finalisation et l’adoption du projet de stratégie régionale. Les Etats membres de la CEEAC y accordent une grande importance. Ils l’ont réitéré lors de la 52e réunion ministérielle du Comité consultatif permanent des Nations Unies charge des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC) tenue à Libreville en novembre 2021.

UNOCA