Yvon Sana Bangui, désigné le 09février 2024 par les Chefs d’Etats de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) comme gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), est attendu aux pieds du mur afin d’apporter des reformes qui s’imposent à cette institution bancaire de la sous-région.

Des grands chantiers à la BEAC

Le Centrafricain devra développer des qualités de leader pour restaurer un climat serein à l’intérieur d’une équipe dirigeante en proie à une guerre d’égos ayant écorné l’image de l’institution, au même titre que le scandale du dernier concours de recrutement des agents d’encadrement supérieur.

La gestion des ressources humaines est une plaie de la maison. La compétence doit être l’unique boussole et dont le plan directeur reste à parachever. Des sources de la BEAC estiment que cela passe par la modernisation du recrutement en promouvant des compétences spécifiques et la promotion aux postes de responsabilité en interne par la généralisation des appels à manifestation d’intérêt et des concours exclusivement.

Agé de 49 ans  Yvon Sana Bangui est le 6e gouverneur de l’histoire de la BEAC et donc le 1er centrafricain à occuper ce poste. Après avoir gravi l’échelon en 19 ans, dès sa prise de fonction, il aura aussi sur sa table le brûlant dossier de l’orientation de la politique monétaire. Son prédécesseur s’était activé à la resserrer pour tenter de maitriser l’inflation, mais freinant par la même occasion les projections de croissance des pays de la région.

En effet, selon les spécialités, si la mission de la BEAC est de maintenir la stabilité des prix intérieurs, son rôle, au plan externe, est d’assurer la stabilité de la monnaie. Cette exigence est remplie lorsque le niveau des avoirs extérieurs bruts (devises) représente près de 60% des engagements à vue de la Banque centrale, équivalant à au moins trois mois d’importations des biens et services et du service de la dette extérieure.

Sur ce plan aussi, le nouveau gouverneur Yvon Sana Bangui devra poursuivre l’œuvre de son prédécesseur qui, en 7 ans a fait passer de 3.093,2 milliards de FCFA à 7.617,6 milliards les réserves de la région grâce à une application rigoureuse de la réglementation des changes.

Yvon Sana Bangui est appelé à parachever la mise en œuvre de la règlementation de change, notamment en convainquant les entreprises pétrolières et minières d’y adhérer. La réforme du franc CFA de l’Afrique centrale et de la coopération monétaire avec la France figureront parmi les principaux chantiers du prochain septennat, et ce, même s’il se sait attendu sur le brûlant dossier de la cryptomonnaie, que son pays essaie de promouvoir.

Yvon Sana Bangui, un parcours rassurant?

Née le 25 mai 1974 à Begoua en Centrafrique des parents centrafricains, Yvon Sana Bangui est marié et père de 4 enfants. Il a fait ses études primaires à l’école Leroy Ndolobo à 18 km Mbaïki dans la Lobaye. Il a décroché son baccalauréat série C au lycée Barthélémy Boganda de Bangui. Il a poursuivi ses études supérieures au Maroc où il a eu une licence de sciences en mathématiques appliquées et un DESA en informatique et télécommunications.

Yvon Sana Bangui est titulaire d’un master en économie de gestion publique et il est spécialisé en analyse des projets et développement durable de l’Université de Rennes en France.

Dès son retour du Maroc, il a commencé à travailler à Bangui en tant qu’ingénieur DATA pour l’opérateur de téléphonie Centrafrique Telecom Plus puis Moov autre fois appelé Axcell, mais il dispensait des enseignements à l’Institut Supérieur de Technologie (IST) de l’Université de Bangui et à l’Office Nationale d’Informatique (ONI), animé par le sens du service à la nation et le désir de partager ses connaissances et compétences avec la jeunesse centrafricaine.

C’est en 2005, qu’Yvon Sana Bangui va intégrer la BEAC en tant qu’Agent d’ Encadrement Supérieur. Il a ensuite occupé successivement les fonctions de Chef de Service et Responsable du Centre de Compétences Applicatives et Techniques au sein de la Direction de l’Informatique et des Télécommunications.

En 2017, il sera nommé Directeur Central. Il a ensuite occupé les fonctions de Directeur de l’Informatique et des Télécommunications, puis Directeur des Systèmes d’Information.

En 2021 Yvon Sana Bangui va être nommé Directeur Central de la Comptabilité, du Budget et du Contrôle de Gestion, en plus de ses fonctions précédentes. À ce titre, il est rapporteur de la Commission Budgétaire Générale (CBG) de la BEAC et principal interlocuteur de deux organes de contrôle, le Comité d’Audit et le Collège des Censeurs.

Yvon Sana Bangui est régulièrement appelé à assurer d’autres intérims de haut niveau, comme celui de la Direction de l’Émission Monétaire et de la Circulation Fiduciaire, de la Direction des Systèmes et Moyens de Paiement, et même du Directeur Général de l’Exploitation.

Ce qui témoigne de sa polyvalence, de sa capacité d’adaptation et de sa confiance auprès des hauts responsables de la BEAC.

Des projets à son actif

Yvon Sana Bangui a apporté plusieurs projets de réforme au sein de la BEAC en tant que responsable de premier rang, notamment la gestion des comptes uniques des trésors nationaux. La réforme de la programmation monétaire en zone CEMAC.

La refonte de la centrale des risques bancaires de la CEMAC ; l’élaboration d’une stratégie régionale d’inclusion financière et la mise en place d’un dispositif de suivi et de promotion de l’accès aux services financiers dans la CEMAC ; la modernisation du système d’information de la salle des marchés, gestionnaire des réserves de change de la BEAC ; la mise en place de la centrale des incidents de paiement en zone CEMAC (CIP-CEMAC) ; le Plan Directeur des Ressources Humaines de la BEAC ; le Schémas Directeur du système d’information ; la modernisation des systèmes et moyens de paiement de la zone CEAMC sont à mettre à son actif.

Malgré ses nombreuses occupations, son engagement ne s’arrête pas aux frontières de la BEAC. Il est également enseignant vacataire à l’Institut Sous Régional de Statistique et d’Economie Appliquée de Yaoundé, au Cameroun. Il partage ainsi ses connaissances et son expérience avec la jeune génération, contribuant à la formation des futurs cadres de la sous-région.

Selon les informations de l’Oubangui Médias, son prédécesseur Abbas Mahamat Tolli est choisi par les chefs d’État de la CEMAC pour candidater au nom de la sous-région au poste du président de la Banque Africaine de Développement (BAD).

Plusieurs autres personnalités ont été promues. Le Vice-Gouverneur de la BEAC est Michel Dzombala du Congo. Secrétaire Général COBAC, Marcel Ondele du Congo. Secrétaire Générale Adjointe COBAC, Patricia Manon du Gabon.                            Milca Bissidi