La préfecture de la Ouaka est l’une des villes qui ont été secouées par les conflits armés en Centrafrique. C’est ainsi qu’en fin 2021 et février 2022, des violents affrontements ont opposé les FACA soutenues par leurs alliés russes avec les groupes armés. Ces affrontements ont obligé les populations de fuir les localités aux alentours de Bambari pour se réfugier à Ippy.

C’est à Ippy, située à environ 500 km de Bangui que le calvaire de ces paisibles citoyens va commencer en tant que déplacés. Ladite ville est devenue la terre d’asile des milliers de personnes qui voulaient sauver leurs âmes. Triste est de constater que, ces derniers, font face à des besoins humanitaires énormes qui nécessitent des assistances d’urgence.

« J’avais perdu mon époux dans les affrontements. Je me retrouve à ce jour sur le site avec mes six enfants. Nous avons essayé de fabriquer un abri de fortune comme les autres déplacés avec le risque que cela s’écroule à tout moment. Nous n’avons pas des ustensiles de cuisine et mes gamins n’ont pas de quoi à se couvrir le corps pendant la nuit », a témoigné Ambroisine, une déplacée de site Yétomane qui totalise 10 000 personnes à ce jour. 

Elle a continué en ces termes : « Nous dormons à même le sol. Nous sommes déjà en saison pluvieuse, alors j’imagine le calvaire qui nous attend. Pour, manger nous sommes obligés de travailler dans les champs des résidents pour gagner 500 à 1000 FCFA dans la journée car nous n’avons pas d’activité génératrice de revenu».

Sur le site de Bougoyo qui compte 4 060  déplacés, si les abris sont fabriqués au bout des efforts, on note le manque de latrine. Certes certaines ONG ont aidé à construire des latrines mais cela n’a pas été bien faite. Par conséquent, ces latrines sont écroulées. Les déplacés sont obligés de se débrouiller pour déféquer là où c’est possible.

Célestine, âgée de 39 ans, déplacée sur le site de Bougoyo donne des précisions. « Nos enfants marchent pieds nus. Ils ne vont plus à l’école. Nous déféquons partout. Cela augmente le risque que l’on attrape les maladies infectieuses et des parasites. De surcroît, y a pas un centre de secours sanitaire et nous n’avons pas d’argent pour nous rendre à l’hôpital». 

Pour les hommes, ils se disent humilier car dans leurs localités respectives, ils ont leurs champs et autres activités génératrices de revenu. Chose qui n’est plus la même aujourd’hui en étant dans une autre localité à cause des conflits.

« Aujourd’hui, nous sommes dépouillés de nos biens. Nous n’avons pas de terre pour cultiver. Nous sommes presque impuissants car nous sommes obligés de faire du n’importe quoi pour survivre », a expliqué Mathurin, père de cinq enfants.

Devant ces situations déplorables, tous comme un seul homme, ces déplacés lancent un appel d’urgence au gouvernement et les ONG de les secourir car ils sont au bout du souffle. Toutefois, nous consacrerons un article de témoignage dans notre prochaine parution pour mettre le projecteur sur le site de Foulbé qui compte 1 455 majorités peulhs.

La situation humanitaire reste toutefois plus préoccupante dans le pays

La crise humanitaire en République Centrafricaine (RCA) s’est intensifiée, plongeant des pans entiers de la population dans une précarité extrême. Selon le Plan de réponse humanitaire 2022, 3,1 millions de personnes, soit 62% de la population, ont besoin d’assistance humanitaire et de protection, un niveau inégalé en cinq ans. 45 % de la population se trouve en situation d’insécurité alimentaire sévère, ce qui place la RCA au troisième rang au monde en termes de prévalence après le Yémen et le Sud Soudan. Au 31 mars 2022, le nombre total de personnes déplacées internes (PDI) en RCA est estimé à 650 000 personnes. Alors que la Centrafrique peine à faire face aux séquelles profondes d’années de conflits, les premiers signes avant-coureurs de l’augmentation des prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité sont visibles et pèseront lourdement sur les capacités de survie des populations les plus vulnérable.

Brice Ledoux Saramalet, de retour d’une mission de reportage à Ippy