La Jeunesse centrafricaine des dix (10) arrondissements de Bangui ont répondu comme un seul homme le vendredi 08 octobre 2021, à l’appel du Conseil National de la Jeunesse Centrafricaine (CNJCA) pour manifester et dénoncer le massacre des trente (30) personnes par les groupes armés, le mardi 05 octobre  à 3 kilomètre du village Matchika, localité située à 17 kilomètres de Bambari sur l’axe de Alindao.

Au premier regard, on peut lire la colère, l’angoisse et le malheur sur le visage et dans le cœur des manifestants. Ils ne pouvaient pas se retenir devant cette tragédie. C’est ainsi que plus de 500 jeunes répondant à ce grand appel ont marché depuis le siège du CNJCA au complexe sportif Barthélemy Boganda jusqu’à la Primature. 

Lors de cette marche, on peut entendre des échos remplis de désarrois : « Trop c’est trop », « La jeunesse centrafricaine veut la paix », « Arrêtez de tuer les jeunes ». Ces jeunes ont souhaité par cette manifestation de mécontentement, envoyer un message fort au gouvernement centrafricain, à la Minusca, aux groupes armés et la communauté internationale.

Sous un soleil de plomb, c’était au début de l’après-midi de ce jour, mouillés de sueur comme dans une boulangerie, ces jeunes les mains nues mais armés de courage étaient arrivés à la Primature. L’objectif est de remettre au Premier ministre Henri-Marie  Dondra, un mémorandum dans lequel ces jeunes ont exprimé leur colère à cœur ouvert.

Cependant, le chef du gouvernement étant appelé par d’autres exigences, les manifestants ont été reçus par le ministre conseiller spécial à la primature Alexandre Goumba qui a salué l’engament patriotique de la jeunesse centrafricaine et qui le qualifie de noble et légitime.

Après avoir rappelé le préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui grandit « la liberté individuelle, le droit universel à l’éducation et consacre à la sacralité de la vie humaine », le bureau du CNJ a mentionné aussi plusieurs textes nationaux à l’exemple de la Constitution. Ceci est aussi une manière de se soucier de l’impérieuse nécessité de préserver la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble comme gage du développement durable.

Prenant la parole, Pamela Audrey Derom, présidente du CNJCA martèle : « Nous dénonçons avec la dernière énergie les exactions commises sur les jeunes gens à 3km du village Matchika, localité située à 17 km de Bambari sur l’axe de Alindao. Nous condamnons avec fermeté ses actes de barbarie perpétrés à l’endroit de la population et plus particulièrement de la jeunesse centrafricaine, quelques soient leurs appartenances politiques, religieuses ou ethniques, tout en exigeant que cela ne se répète pas ».

Devant ces faits, elle exige du gouvernement et de la communauté internationale une prise de conscience de leur responsabilité : «Nous demandons au gouvernement centrafricain d’une part et à la communauté internationale (la Minusca, l’Union européenne et l’union africaine) d’autre part, de tout mettre en œuvre pour que les auteurs, les co-auteurs et complices des faits ayant conduit à la mort de plus de 30 personnes dont la majorité sont les jeunes soient traqués et traduits devant la justice ; à faciliter la libre circulation de nos pairs jeunes qui se battent jours et nuits pour gagner leur pain quotidien et de veiller à la stricte application des dispositions de l’article 35 de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA, relatifs aux sanctions éventuelles ». 

Un peu plus loin, la présidente du CNJCA Pamela Audrey Derom rappelle combien de fois la jeunesse joue un rôle important dans ce pays. A cet effet, les jeunes ne sont pas des cibles à abattre, ni des martyrs constants et moins encore des appâts dans ce conflit d’intérêts égoïstes et personnels.

Par ce conséquent, elle demande au gouvernement centrafricain et la communauté internationale de rétablir dans un bref délai de la sécurité sur toute l’entendue du territoire. Le CNJCA prend également à témoin l’opinion nationale et internationale pour toute éventualité, car nul n’a le monopole de la violence et nul n’est au-dessus de la loi.

Brice Ledoux Saramalet