La crise militaro-politique qui a secoué la République centrafricaine et celle de la pandémie du Covid-19 dans le domaine sanitaire ont impacté négativement sur le bien être des centrafricains. Les commerces étaient paralysés, les agriculteurs et les éleveurs ne pouvaient pas exercer aussi leurs activités suite à l’insécurité. Cette situation  a alors porté un coup à la croissance économique et a provoqué l’entrée de la RCA en récession.

Selon un rapport rendu public par le Programme alimentaire mondiale, 2,6 millions de centrafricains soit 57% de la population est en situation d’insécurité alimentaire. L’état de la vulnérabilité a gagné plusieurs familles. Devant ce fait, le PAM en plus de son activité régulière qui est la distribution des produits alimentaires, a décidé de mettre en place une autre modalité qui est celle du Cash Based Transfer (CBT) qui se traduit par Transfer monétaire ou encore coupons alimentaire.

« Le PAM a compris qu’il n’est pas bien de continuer seulement à donner des produits alimentaires aux gens d’où la mise en place du CBT. Ceci a pour but de permettre aux cibles de choisir dans la dignité, les produits alimentaires de leurs choix. De manière limpide, le PAM donne des coupons alimentaires aux valeurs monétaires aux personnes vulnérables qui vont  avec dignité dans des boutiques prendre des produits proposés. Le PAM qui est appelé à régler les factures auprès des commerçants», a expliqué Eddy Jonas Koyacpo, coordonnateur des activités de distribution des coupons alimentaires au PAM.

Les critères pour pouvoir bénéficier de cette assistance sont : les ménages déplacés sur les sites, les retournés et les déplacés en famille d’accueil, les ménages vivants en zone rurales, les foyers dirigés par des personnes en situation de handicap, les femmes dans les zones rurales, les familles qui ont des cas de covid-19, les ménages dépendants des activités précaires telles que assistance/mendicité, travail journalier agricole/non-agricole, les familles dirigées par des personnes à faible niveau d’éducation, celles qui utilisent des puits non aménagés. L’identification des bénéficiaires s’est faite grâce à l’orientation des autorités locales à l’exemple des chefs des quartiers.

Cette assistance du PAM couvre le sous-bureau de Bambari, de Kaga-Bandoro et celui de Bouar qui a accueilli ce programme du 21 au 24 décembre 2021. Ceci,  sous le contrôle de Bibata Sankara, représente du PAM au niveau du sous-bureau de Bouar qui prend en compte les préfectures de la Nana Mambéré, de la Sangha Mbaéré, de la Mambéré Kadéi et Bozoum.

« Je suis très heureuse d’avoir bénéficié de cette assistance du PAM. Je suis une femme avec 6 enfants. Nous étions sur le site de déplacés et aujourd’hui nous sommes de retour. Cette aide m’a permis d’avoir de farines, du sucre, des huiles, des sardines. Cela va m’aider à faire du beignet pour m’occuper de ma famille »  a souligné Djamila, une habitante de quartier Haoussa à Bouar.

Aussi, à Baoro qui est dans la zone de couverture du sous-bureau de Bouar, nous avons rencontré Anne, âgée de plus de 60 ans. Elle est l’une des bénéficiaires. Au premier regard, on lit déjà les critères de la vulnérabilité sur son visage. Elle est en situation avancée de handicap faisant d’elle une bossue. Elle témoigne : « Mon mari est mort, je n’ai personne pour me secourir. Ma situation sanitaire ne me permet pas de bien pratiquer l’agriculture. Je témoigne ma reconnaissance au PAM et ses partenaires pour cette assistance qui m’a beaucoup aidé ».   Si ce programme a vocation d’assister les personnes vulnérables, il permet également à accroitre l’économie chez les commerçants : « Bien avant, j’avais mes clients traditionnels. Cependant, avec le partenariat avec le PAM, j’ai augmenté mon chiffre d’affaire. Je reconnais que le jour de la vente par coupon, j’ai évacué plusieurs marchandise », a indiqué Doko Sarapandé Lucien, commerçant au centre-ville de Bouar, avant de déplorer le retard dans le paiement de la facture. « Je déplore le fait que parfois le PAM traine à régler les factures qui sont représentées par les coupons », a regretté la même source.

Interrogé sur cet aspect, Eddy Jonas Koyacpo précise : «  Le PAM ne peut pas procéder à la distribution des coupons sans pour autant disposer de fonds nécessaires. Le PAM procède même au virement déjà au niveau des banques et c’est la transaction pour acheminer aux commerçants qui pose problème. Mais, le PAM fait toujours de son mieux pour résoudre ce problème au plus vite possible ».

Il faut préciser que cette assistance inconditionnelle aux ménages vulnérables compense les déficits continus d’accès à la nourriture et permet aux bénéficiaires d’avoir un accès à l’alimentation sans adopter de stratégies d’adaptation négative. En outre, on estime à environs 33 000 personnes en Centrafrique qui ont déjà reçu cette assistance et on note également d’autres bénéficiaires indirects comme les commerçants qui sont estimés à environ 15 000 personnes.

Ce projet est financé par le Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF). Et, sur le terrain, le PAM est appuyé par l’ONG World Vision en matière de la supervision du bon déroulement du projet.

Toutefois, ce travail est aussi réalisé grâce au gouvernement centrafricain par le biais du ministère de l’agriculture qui est l’un des partenaires du PAM. Cependant, le besoin de secours alimentaire est encore présent sur le terrain. Le PAM compte pérenniser cette activité en augmentant le nombre des bénéficiaires si et seulement s’il arrive à avoir d’autres partenaires qui accepteront de financer ce projet qui revêt d’une importance capitale. 

Brice Ledoux Saramalet