La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en République centrafricaine (RCA) et Cheffe de la MINUSCA, Valentine Rugwabiza a lors de sa première conférence de presse, un mois après sa prise de fonction, dévoilé le nouveau concept de la Minusca en RCA : Devenir une force proactive et préventive.

Certains contingents des Forces de la Minusca font souvent l’objet de passivité face aux attaques des groupes armés. Toutefois, ces forces de 12.000 hommes engagés en RCA n’arrivent pas à maintenir la paix et à protéger convenablement la population civile, au cœur de son mandat. Un mois après son entrée en fonction et après avoir rencontrée les autorités et les autres couches de la société, Valentine Rugwabiza opte pour une posture robuste proactive et préventive des forces de la Minusca, à travers des opérations conjointes avec les forces nationales.

Le nouveau concept d’opérations de la Mission a été lancé le 10 mai 2022 avec le déploiement conjoint Force et Police de la Mission – Forces de défense et de sécurité centrafricaines pour protéger la localité de Mingala et ses environs.  Par ce concept, la cheffe de la Minusca souligne que la mission onusienne « veut être désormais proactive et préventive que réactive. Il n’est pas besoin d’intervenir en sapeur-pompier », a-t-elle déclaré lors de la conférence de presse.

La Minusca sollicite l’appui de la population

« Outre les Forces de défense et de sécurité avec lesquelles nous travaillons, nous comptons sur la collaboration de l’administration locale et des populations dans cette nouvelle approche qui vise à créer des conditions propices à la paix et la réconciliation sur l’entièreté du territoire centrafricain », a indiqué la Représentante spéciale, rappelant que la robustesse sera de mise pour prévenir ou neutraliser toute menace contre les populations civiles sur la base des informations vérifiées reçues.  

Pour la cheffe de la Minusca, les partenaires de sécurité ne sont pas uniquement les forces, mais c’est aussi l’administration locale et ce sont les populations. « Nous n’attendons pas des populations qu’elles soient acteurs, qu’elles s’engagent dans les parties de confrontation ou de combat. Mais les populations peuvent transmettre de l’information. Quand les populations sont convaincues d’être partenaires de la sécurité, elles peuvent nous transmettre des informations utiles à temps », a affirmé la Représentante spéciale.

S’exprimant sur la situation globale en RCA un mois après la prise officielle de ses fonctions, la Représentante spéciale a reconnu une certaine complexité mais dit « avoir trouvée chez ses interlocuteurs une volonté très claire de sortie de la crise. Même si la situation est complexe, les volontés politiques de sortie de la crise sont aussi très claires ». « Il y a des défis importants, mais je concentrerai mes efforts sur les opportunités qui existent en travaillant avec tous les acteurs centrafricains, pour appuyer et accompagner le pays à jeter les fondations pour la paix », a-t-elle renchéri. 

La Représentante spéciale reste convaincue que l’issue de la crise en RCA sera politique, mais surtout que « le conflit ne sera pas résolu par une simple question de force, ou de déploiement de forces additionnelles. Il y a un besoin de redynamisation du processus politique et bien sûr la Force. Ce sont les deux éléments ensembles, et l’appui à la présence au niveau décentralisé, au niveau local, à la présence de l’Etat et nous allons augmenter notre appui sur ces composantes ».  

La Représentante Spéciale a également abordé la question de l’embargo sur les armes à destination de la RCA et qui vaut à la MINUSCA des critiques régulières. « Quand il s’agit de la question de l’embargo, les prérogatives appartiennent exclusivement aux 15 membres du Conseil de sécurité. La MINUSCA n’a pas le pouvoir d’influencer un régime de sanction », a-t-elle clarifié, soulignant qu’il y a énormément de confusion. Toutefois, elle a précisé que la MINUSCA peut aider le Gouvernement centrafricain dans la mise en œuvre des objectifs de référence définis à cet effet par le Conseil. 

En ce qui concerne le Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), la Représentante spéciale a rassuré qu’elle va consacrer des efforts politiques, mais aussi mobiliser les ressources nécessaires à la réussite du processus. « Le DDR est véritablement un secteur sur lequel pendant la durée de mon mandat vous me verrez revenir très régulièrement dessus. Les personnes qui sont allées prendre les armes ont été mobilisées. Donc il faut les démobiliser pour qu’elles acceptent d’abandonner les armes, mais ensuite il faut leur donner un choix, une alternative de choix de vie », a-t-elle souligné. 

La Cheffe de la MINUSCA a également abordé la question des actes d’exploitation et d’abus sexuels, réaffirmant épouser la politique de Tolérance zéro du Secrétaire général des Nations Unies. « Nous sommes là pour protéger les populations civiles et cela ne souffre d’aucune possibilité d’exactions ou d’abus. Je n’aurai absolument aucun problème à prendre des décisions qui pourraient être assez extrêmes », a-t-elle mis en garde. Parmi les premières actions prises à son arrivée, la Représentante Spéciale a cité la mise en place d’une stratégie exhaustive en matière de prévention et de réponse aux situations d’exploitation et d’abus sexuels, qui sera évaluée sur une base trimestrielle.    

Fridolin Ngoulou