Réunis lors de la 6è réunion de la plateforme du pastoralisme et de transhumance, tenue à Bangui, du 26 au 28 juillet 2022, les acteurs du couloir de transhumance de la Centrafrique, du Tchad et du Cameroun se sont engagés désormais à résoudre pacifiquement les conflits en cas de différends entre eux et les agriculteurs. A l’issu des travaux, ils ont formulé plusieurs recommandations en vue de faciliter la libre circulation et le contrôle du couloir de transhumance entre les trois pays.
Les transhumants font face souvent pendant leur déplacement au problème d’insécurité en toile de fond, la circulation des groupes armés dans les frontières. Pour se protéger, certains d’entre eux sont obligés de prendre les armes afin de ne pas perdre leur bétail. A cela s’ajoute, entre autres : le manque d’infrastructures pastorales, l’inexistence des outils de régulation et de gestion des conflits liés à la transhumance, l’impact négatif de la transhumance sur les activités des aires protégées. Les participants ont estimé que cette réunion est venue à point nommé, car, ont-ils déclaré, les thématiques abordées touchent les réalités de la transhumance transfrontalière.
Prisca Ndakara, membre de l’Association des éleveurs pour la production alimentaire en Centrafrique (AEPAC), une des participants, présente quelques recommandations formulées lors des travaux. « Cette rencontre nous a permis d’identifier certaines sources de conflits entre acteurs du couloir de transhumance et de proposer quelques pistes de gestion et résolution de ces différends. A nos pays, nous avons recommandé la redynamisation des cadre nationaux de concertation entre les parties prenantes impliquées dans la gestion de la transhumance ; l’élaboration des plans de sécurisation durable des activités pastorales, travailler à la libre circulation et au contrôle de la transhumance entre nos Etats. Pour aider nos pays, nous avons recommandé aux organisations de producteurs de : sensibiliser les transhumants sur la transhumance apaisée sans arme ; d’appuyer les Etats dans l’élaboration des outils adaptés pour la gestion du pastoralisme et la construction des infrastructures pastorales ».
Ahmed Mohamed Nadif, secrétaire exécutif de la plateforme pastorale du Tchad estime que les recommandations issues de cette rencontre pourraient aider pour une transhumance apaisée entre les trois pays. « C’est une question qui ne doit pas être débattue dans un seul pays. Cela concerne les trois pays. Nous avons bien travaillé pendant les trois jours. Nous avons formulé des recommandations à nos pays. Pour la sécurisation du couloir de transhumance, on doit prendre en compte les éleveurs et leurs bétails. On ne peut leur dire de déposer les armes alors qu’en face les groupes armés en détiennent en brousse. On peut désarmer les éleveurs en rentrant à la frontière. S’il y a personne pour les protéger en cours du chemin, ils vont tomber dans des pièges et perdre leurs troupeaux. Nos Etats doivent prendre leur responsabilité. Nous pensons que les recommandations issues de cette réunion vont nous aider à pallier à ce problème. Nous allons mettre les comités locaux de surveillance du couloir de transhumance. Des mécanismes d’informations vont être créés pour faciliter les échanges. Si les éleveurs quittent le Tchad pour venir ici, la Centrafrique doit savoir par où ils vont venir, comment ils vont venir et combien de temps ils vont mettre pour arriver. Cette brèche nous permettra de gérer cette question de transhumance à court terme », a déclaré Ahmed Mohamed Natif.
Docteur Olivier Bassanganam, manager de projets à la FAO, a annoncé la disponibilité de son organisation à accompagner les gouvernements des trois pays ainsi que les acteurs impliqués dans la gestion de transhumance au suivi de recommandations. « La FAO, riche de son expertise est disposée à accompagner tous les acteurs impliqués dans la gestion de la transhumance, globalement les acteurs du monde rural afin de contribuer à la réduction de la pauvreté et de contribuer au développement durable des différentes communautés concernées.
La 6e réunion de la Plateforme nationale de pastoralisme et de transhumance a été organisée par le gouvernement de la Centrafrique à travers le ministère de l’élevage et de la santé animale grâce à l’appui technique et financier de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation (FAO).
Pétrus Namkoina
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