Dans la galerie des forêts de l’Ombella Mpoko et la Lobaye vers le Sud de la ville de Bangui, les impacts des activités de coupe des bois, l’exploitation artisanale et anarchique de nos forêts sont la déforestation et la dégradation. Visiblement, la déforestation se fait à grande échelle par les sociétés forestières et aussi par les artisans. Oubangui Médias s’est rendu sur le terrain, a rencontré certains acteurs pour s’enquérir de l’exploitation artisanale et anarchique des coupes de bois.

La République Centrafricaine, dispose de plusieurs types d’exploitation dont l’exploitation industrielle sous forme de Permis Exploitation et d’aménagement (PEA). Le permis est attribué à un concessionnaire une société pour une durée déterminée par le code. Selon le même code forestier, d’autres types d’exploitation sont autorisées. Il s’agit de Permis Artisanaux et Forêts communautaires. Ces formes d’exploitation forestière prévues par la Loi obéissent à des normes.

Cependant, certains des coupeurs artisanaux font une demande d’une autorisation de coupe de bois tandis que d’autres non, le cas pour ceux qui ont une fois déposé le dossier, un technicien des eaux et forêts doit référencer la zone sur les cartes globales des permis. Si le lieu ne se trouve pas dans les lots de permis, ou hors de tous les permis, un avis technique permettra au Ministère de signer l’autorisation de coupe de bois en pleine forêt.

L’on constate des cas d’exploitation illégale qui ne respecte pas l’environnement, les droits des communautés et échappe au contrôle de l’État. Les gens utilisent les tronçonneuses et en plus de cela, ils ont des guides qu’on peut appeler aussi rails qui sont de fabrication artisanale chez les ferrailleurs qui font des constructions métalliques pour permettre la coupe des bois.

Pour un cadre du ministère des eaux et forêts, c’est impensable qu’aucune autorisation soit délivrée, le demandeur ne peut se permettre d’agir : « Quelqu’un vient de déposer un dossier qui est en cours de traitement subitement, il est dans la forêt en train de couper les arbres qu’il remplit dans des camions et quand les agents des eaux et forêts tombent dessus, cela pose problème. Et quand ils se donnent la volonté de le faire, les coups de fils tombent soit disant que ces bois-ci, sont pour le parent de tel, de ce député, de celui-ci qui est à la Présidence de la République et on va même pour dire que c’est pour le Président de la République. Imaginez. Il est arrivé un jour où les éléments de la Garde Présidentielle étaient descendus sur le terrain pour libérer un colis soit disant… mais je leur ai dit allons là où vous désirez. De tels comportements, amènent les agents à ne pas travailler avec une conscience professionnelle », regrette ce cadre des eaux et forêts.

Ces exploitants artisanaux font des planches de dimensions 3×30, des madriers 8×16 qui vont être coupés en chevrons 8×8, et fendillés des lattes 4×8. Ces bois coupés n’atteignent pas la maturité. Les fibres ne sont pas encore bien constitué, c’est à dire l’âge exploitable, d’un arbre adolescent est 80 ans. Maintenant l’exploitation d’un arbre au minimum devrait se faire 250 ans ou plus 400 et 500 ans.

Selon Jean Jacques Urbain Mathamalé, coordonnateur du Centre pour l’information environnementale et le développement durable (CIEDD),  « l’exploitation artisanale informelle et anarchique pratiquée par des individus avec des tronçonneuses et avec des outils rudimentaires (des machettes, marteaux, burins et haches) a pris une ampleur et les estimations en termes de volume avoisine l’exploitation industrielle ».

En traversant la rivière de Mpoko en pirogue soit en voiture sur le pont de PK9 à l’intérieur, des aires ouvertes qui s’étendent à des kilomètres dans l’Ombella Mpoko et la Lobaye, les artisans explorent les essences d’arbres pour abattre tels que les acacias, teck, sapelli et iroko etc.

Mais puisqu’elle n’est point réglementée, cela entraîne la destruction massive de l’écosystème car ce secteur d’activité n’obéit à aucune norme de coupe ni respecte l’environnement.

En poursuivant son commentaire le coordonnateur du CIEDD fait remarquer que : « Les impacts de cette exploitation est inquiétant et mérite une sensibilisation voire une répression afin de dissuader ceux qui se lancent dans ces mauvaises pratiques. Il serait mieux d’organiser la filière artisanale afin qu’il rentre dans le formel voire devenir des sous-traitants ».

Lorsqu’on fait une exploitation à l’intérieur et on fait le sciage, cela crée la main d’œuvre et le marché des, déchets. Le code forestier ne prévoit ce type d’exploitation. Donc, dans la révision du nouveau code forestier, certaines dispositions doivent être prises en compte concernant la sous-traitance et l’exploitation artisanale.

Pour l’artisan Francis Dimanda, il faut faire des petits métiers afin de faire subsister au besoin de la famille. « Les bois que nous coupons, nous les vendons aux femmes et aux briquetiers qui sont dans l’extrême besoin », note-t-il.

Il est difficile d’avoir des données fiables puisque l’État n’arrive pas à contrôler avec efficience, car on assiste à une corruption et la fraude dans le secteur des eaux et forêts depuis quelques années, avec les crises militaro-politiques et la pauvreté.

Il est a rappelé que la République Centrafricaine a accepté la directive communautaire portant sur l’interdiction d’exportation de bois en grumes au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) lors de la 38e session ordinaire du Conseil des ministres tenue le 28 octobre 2022 à Yaoundé au Cameroun. Cependant,  la RCA a optée pour une mise en œuvre progressive ou graduelle de ces directives qui sont entrées en vigueur depuis le 1er janvier 2023.

Zarambaud Mamadou