Dans le but de marquer le cinquantenaire de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale  (BEAC), le 22 novembre 2022, une journée porte-ouverte a été organisée lundi 21 novembre 2022. Des élèves, étudiants et enseignants chercheurs ont visité les services de la banque centrale et expriment une reconnaissance pour ce travail abattu au service des peuples de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC).

Des cadres de la BEAC Bangui

Alors que la thématique retenue pour marquer cette commémoration s’intitule « 50 ans au service de l’intégration des peuples de la CEMAC », plusieurs centaines d’élèves ont pris d’assaut le siège de la BEAC à Bangui, afin de chercher à comprendre ce qui se fait dans cette banque centrale.

Cathy Ouamballo, élève en terminal au lycée français Charles de Gaule de Bangui s’est exprimée à Oubangui Médias  en ces termes: « Ici ce n’est pas une banque où les clients ont leurs comptes personnelles. Mais la BEAC travaille avec les banques commerciales de la place. Je suis impressionnée par le stand qui parle des échanges commerciaux, surtout le plafonnement des fonds. A un niveau des transaction, les autorités doivent avoir des informations ».

Si Cathy est touchée par le service de la stabilité financière, Mlle Zagui, étudiante à l’Institut International de Management (IIM) est marquée par le service de l’émission monétaire et circulation fiduciaire. « J’ai visité les différents services au sein de la banque mère et j’ai vu comment cette banque centrale fonctionne. Et ce qui m’a plus intéressé, selon mon domaine, c’est le stand de l’émission des billets et de la monnaie. J’ai compris comment ce service met à notre disposition la monnaie métallique ainsi que les billets. J’ai compris aussi qu’il y a, en fait, la mauvaise gestion au niveau des marchés et de la population. Nous ne devons pas gaspiller ce qui est mis à notre disposition mais au contraire bien les utiliser car la banque aussi dépense beaucoup d’argent pour mettre à notre disposition les billets et pièces de monnaie métallique », a relevé cette dernière.

Médard est en classe de terminal B au lycée Barthélémy Boganda. En faisant un tour des stands, il réalise que la banque centrale gère avec l’Etat la politique monétaire et ce sont les autres banques commerciales qui doivent gérer la clientèle au quotidien. « C’est grâce à ce travail que les peuples de la CEMAC disposent des mêmes billets et cela facilite l’intégration sous-régionale. Je pense que rien ne se fait sans que nos dirigeants ne soient au courant. C’est important pour leur permettre d’orienter leur politique monétaire au profit de leur population», s’est exprimé Médard.

Une porte ouverte qui a sa raison d’être !

En lançant les festivités du cinquantenaire de la BEAC, il était question aussi de démystifier  beaucoup de mythes autours de la Banque centrale. Mme Nado Félicité Marie-Noëlle, 1ère Directrice Nationale Adjointe l’a souligné en disant que : « Nous avons cru bon d’ouvrir les portes de la Banque Centrale aux élèves, aux étudiants et enseignants chercheurs afin de les édifier sur les métiers de la Banque. Nous cherchons donc à vulgariser le métier de la Banque centrale parce que les gens ne connaissent pas ce que fait la banque centrale. C’est pourquoi, il y a de fois des discours qui ne cadrent pas avec les réalités ».

Les métiers de la banque centrale sont nombreux. Il y a l’émission monétaire. C’est la BEAC qui émet les billets qui ont court légal au sein de la CEMAC. En plus de cela, la banque centrale confectionne des statistiques monétaires pour mettre à la disposition des banques, des institutions financières et les statistiques monétaires permettent aux autorités de la banque d’orienter leur décision de politique monétaire.

Il y a aussi la confection des balances de paiement pour les Etats de la CEMAC. C’est un métier accessoire que fait la banque centrale, sauf le Cameroun qui confectionne lui-même sa balance de paiement. Par contre, le service crédit met en œuvre la politique monétaire. Cependant, la décision de la politique monétaire est gérée au niveau des services d’Etudes et de recherche et sa mise en œuvre au niveau de service crédit. Il y a ensuite le service qui gère les transactions internationales en s’assurant de la règlementation de change en vigueur dans la CEMAC. Et enfin, le service du comité économique et financier national qui travaille en collaboration avec l’Etat, les banques pour orienter et gérer le système financier de chaque pays.

« Les futures innovations, nous poursuivons les incidents de paiement, la politique monétaire, l’arrimage de notre politique aux standards internationaux. Nous continuions à rénover notre politique monétaire. Aussi, dans un proche avenir, la banque centrale va émettre des nouveaux billets et monnaies de type 2020 », a projeté Mme Nado Félicité Marie-Noëlle.

La BEAC, 50 ans d’actions et de reformes

En cinq décennies, la BEAC a tout à tour parachever l’africanisation de son personnel ; opéré d’importantes mutations au plan institutionnel et structurel grâce à des réformes monétaires audacieuses ; développé un important patrimoine immobilier et un effort exceptionnel en matière d’équipement et de formation du personnel ; mis en place un schéma directeur pour le développement de l’outil informatique au niveau de tous les services de la banque.

Aussi, elle a participé activement avec les pouvoirs publics, les Etats membres à la recherche des solutions à la grave crise économique, monétaire et bancaire qui a secoué la sous-région au milieu des années 80, ainsi que la crise financière qui a affecté l’économie mondiale pendant la seconde moitié des années 2000.

La banque a modernisé sa politique monétaire en l’alignant sur les standards internationaux ; bâti une Union bancaire à travers la mise en place d’une réglementation bancaire et l’adoption d’un dispositif prudentiel unique ; modernisé son système de paiement et de règlements ; mis en place un marché régional des titres publics à souscription libre ; modernisé ses systèmes d’information.

En 50 ans, cette banque centrale a mené à terme l’unification du marché boursier de l’Afrique Centrale par la fusion de la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) et la Douala Stock Exchange (DSX) ; reformé la réglementation des changes de la CEMAC en assurant une application harmonieuse avec la création en son sein de la Cellule d’Etudes des Transferts et de Suivi de la Règlementation des Changes.

Toujours sans les réformes à mettre à l’actif de la BEAC, elle a mené la réforme analytique et opérationnelle de la politique monétaire ; mis en place la centrale des incidents de paiement, dispositif de prévention et de gestion des incidents de paiement dans la zone CEMAC ; amélioré les conditions d’accès au crédit par l’instauration d’un taux effectif global et d’un taux d’usure dans la zone CEMAC ; arrimé son système comptable aux normes IFRS modernisé et renforcé sa gouvernance.

Cette journée a été une occasion exceptionnelle pour édifier le public ciblé sur les activités et métiers de la Banque ainsi que son rôle au service de l’intégration des peuples de la CEMAC.

Fridolin Ngoulou