La ville d’Alindao, plusieurs fois touchée par des attaques rebelles enregistre à ce jour plus de 150 handicapés de conflits armés qui appellent le gouvernement et les partenaires humanitaires à l’aide.

Les violences en Centrafrique ont laissé des stigmates importants, sur le plan humain, matériel et immatériel. Les vies ont été bouleversées, à l’exemple de ces personnes qui vivent aujourd’hui avec le handicap. Elles sont nombreuses dans le pays. Les handicapés de guerre vivent dans des conditions déplorables. Déjà victimes, ils deviennent encore victimes s’ils sont abandonnés à leur triste sort. Une attention particulière devrait être aussi portée sur cette catégorie de personnes.

Dans la ville d’Alindao (Basse-Kotto), alors que Oubangui Médias réalisait un reportage dans le camp des déplacés, une voix retentie dans la foule : « pensez à nous handicapés de guerre ». Un appel qui a attiré notre attention.

Dans la foule, on aperçoit un homme d’une quarantaine. Avec un regard inquiet, il nous raconte sa mésaventure : «  Un 9 mai, les éléments de la Séléka ont fait une incursion dans la ville d’Alindao. J’ai reçu une balle au pied. J’ai dix enfants. L’un âgée de 8 ans a été brulée dans la maison. Je ne savais quoi faire. Les humanitaires m’ont pris en charge jusqu’à Bangui, à l’Hôpital Communautaire. J’ai passé deux ans avant de rentrer à Alindao. Une nouvelle fois, les rebelles ont attaqué le site de l’église catholique où nous avons trouvé refuge, tuant plusieurs personnes ainsi que les prêtes. Ils ont brulé ma hutte ainsi que tous les documents médicaux que l’hôpital communautaire m’avait donnés. Puisque je n’ai plus de papier, ma prise en charge sanitaire est devenue difficile à l’hôpital ici parce que les gens me demandent les papiers. Je ne sais quoi faire. Avec mon état, comment ferais-je pour reconstruire ma maison  et quitter le site? », s’interroge Patrice.

Cette plainte est partagée par le secrétaire général du Groupement Gbomelago qui réunit les personnes en situation de handicap d’Alindao. Nguenepa Anguran marche encore sur les deux béquilles. Le secrétaire général du groupement Gbomelago lance un appel au gouvernement sur la situation des personnes handicapées de guerre à Alindao. « Notre mobilité est réduite. Quand il y a l’attaque, les autres peuvent fuir mais nous (silence) non. Nous sommes en danger et sans moyens. Que le gouvernement, les ONG et les personnes de bonne volonté pensent aux handicapés de guerre en général et ceux d’Alindao en particulier. Nous sommes plus de 100 handicapés de guerre à Alindao ainsi que d’autres qui ont rejoint notre groupement. Nous n’avons plus de force pour reconstruire nos maisons, ni pour cultiver la terre », se plaint Nguenepa Anguran.

En octobre dernier, dans le cadre du projet « Aide Humanitaire Inclusive », L’ONG Handicap International (HI)  a procédé à la remise des kits AGR aux trois (3) Organisations des personnes Handicapées (OPH) d’Alindao  en présence des autorités locales, leaders communautaires  et les acteurs humanitaires au niveau de la mairie d’Alindao. Les trois (03) OPH identifiées  dont deux (02) pour la boulangerie et une (01) pour la savonnerie vont développer au sein de leurs organisations leurs AGR afin de renforcer leur caisse. Ce projet de dix (10) mois  a pu bénéficier d’un appui  de fonds humanitaire  avant de prendre fin le 30 novembre 2022.

Mais, cela reste insuffisant pour répondre aux besoins de ces handicapés de guerre qui sont particulièrement vulnérables.

Fridolin Ngoulou