La  crise militaro-politique que traverse la République centrafricaine a provoqué des milliers des victimes. Cependant, l’histoire des crises en Centrafrique ne date pas d’aujourd’hui. Si l’on veut remonter les faits, nous dirons sans doute que la disparition tragique de Barthélemy Boganda, figure de proue en matière de lutte politique en RCA a été le point de ces malheureux événements.

Pour ce faire, il s’avère important que la justice soit rendue dans l’idée d’honorer les victimes et servir de leçon pour les probables futurs auteurs. C’est dans cette lancée que la Commission Vérité Justice Réparation Réconciliation (CVJRR) a été mise en place. Il est question pour ladite commission de faire la lumière sur toutes les crises qu’a connu la Centrafrique depuis l’époque de Boganda jusqu’à ce jour.

Cette mission se montre difficile mais pas impossible. Alors, devant cette lourde tâche, certains partenaires décident d’apporter des apports à la CVJR. C’est dans ce contexte que l’Institut Francophone pour la Justice et la Démocratie (l’IFJD) a proposé, avec le soutien de l’Ambassade de France à Bangui, un cycle de conférences destiné à ce que l’ensemble des personnes intéressées qui sont autres : le grand public, les associations, les organisations internationales et des acteurs divers, puissent s’informer sur la justice transitionnelle en générale, et sur la CVJRR en particulier.

« Nous voulons à travers cet atelier renforcer la capacité des commissaires sur les différentes notions de la justice transitionnelle. L’occasion nous a été donnée pour  parler sur l’identité même de la CVJRR, ses rapports avec la société civile, sur leur manière de communiquer car nous avons initié une cellule dans ce contexte et nous avons un cycle de sensibilisation et de présentation de ce que  peut être la CVJRR », a indiqué Jean-Pierre Massias, professeur de droit public en France et président de l’IFJD.

« Je pense que les commissaires sont conscients de la mission qui les attend et surtout de ce que les centrafricains attendent d’eux. A cet effet, je vois qu’ils sont très motivés car ils sont très impliqués dans cette préparation et j’espère qu’ils ne se laisseront pas arrêtés par les difficultés. C’est une commission qui peut faire et peut apporter beaucoup de chose à la Centrafrique car elle est composée des gens qui ont la conscience des attentes et des difficultés auxquelles ils vont être confrontées », a ajouté la même source

En effet, en Centrafrique, le processus de Justice transitionnelle, destiné à procéder au traitement des violations graves et massives des droits de l’Homme commises en RCA a commencé à se déployer au travers de plusieurs mécanisme judiciaire comme la Cour Pénal Internationale, la Cour Pénal Spéciale, les juridictions pénales nationales et extra-judiciaire.

Cependant, triste est de constater que depuis la mise en place de la CVJRR le 30 décembre 2020 et la prestation du serment de ses 11 membres il y’a quelques mois, cette commission fonctionne sans moyen de base. Une information confirmée par Maître Marie Edith Douzima, présidente de la CVJRR en ces termes : « Nous savons combien de fois notre mission est difficile et surtout risquée car nous sommes appelés à faire la lumière sur les violations qui remontent à l’époque coloniale. Mais vous n’allez pas croire du fait que depuis la mise en place de notre bureau le 16 juillet 2021, nous n’avons même pas un siège. Imaginez déjà la suite des choses. Il est dans l’intérêt du gouvernement de mettre à notre disposition tous les moyens possible et les partenaires pourront alors nous appuyer ».

En effet, ce cycle comprend quatre conférences, dont deux premières rencontres qui s’étaient déroulées le 13 novembre 2021 et plusieurs thématiques ont été abordées lors de cette session telles que :

Pourquoi une commission vérité et réconciliation ? Pourquoi la Commission Vérité Justice Réparation Réconciliation ?

La société civile et la justice transitionnelle

L’expérience des chambres africaines extraordinaires.

La CVJRR, quelles relations avec la société civile ?

Rappelons que la CVJRR a vraiment du chemin à faire du moment où chaque jour, le pays continue d’enregistrer des cas des violations des droits de l’Homme. Des malheureux faits qui augmentent nuit et jour le nombre des victimes. Ces victimes qui parfois se disent dépasser du fait que leur bourreaux sont toujours aisés, vivent dans des villas, roulent dans les grandes voitures et frappent encore les poitrines, se montrant des intouchables. Loin d’être une partie de plaisir, la CVJR qui selon sa présidente Me Marie Edith Douzima « est appelée à travailler avec tous les fils et toutes les filles du pays » est au pied du mûr car elle porte la destinée des victimes et l’espoir d’une future RCA basant sur le respect des droits humains.

                                 Brice Ledoux Saramalet