Cette initiative découle d’un constat, selon lequel, les familles des soldats des Forces Armées Centrafricaines (FACA) qui sont tombés sur les fronts ne bénéficient pas d’appui de l’Etat centrafricain après leurs décès, une situation qui serait à l’origine des multiples cas de désertion des FACA sur le terrain. Les délégués du dialogue Républicain de mars 2022 avaient à l’unanimité recommandé la mise en place de ce fonds. Mais un an plus tard, cette ligne ne bouge pas encore.

Au sortir du dialogue républicain tenu du 21 au 27 mars 22 à l’hémicycle de l’Assemblée Nationale à Bangui, qui a vu la participation de plus de quatre cent personnes et des diplomates accrédités en RCA, les participants avaient à l’unanimité adopté plus de six cent recommandations compilées par le comité d’organisation pour disposer de plus d’une centaine des recommandations.

Parmi ces recommandations, il était question de créer un fonds spécial d’appui aux éléments des FACA qui sont touchés dans l’exercice de leurs missions, et ceux qui sont décédés en laissant derrière eux des veuves et orphelins et des familles. Ce fonds devrait aussi couvrir formellement les dépenses des militaires blessés de guerre et le processus de leur réhabilitation. Une manière de les encourager à donner le meilleur d’eux-mêmes sur le terrain pour garantir la sécurité.

Mais, plus d’un an aujourd’hui, aucune nouvelle ne filtre autour de cette question pourtant capitale pour la motivation des soldats sur le terrain. Lors des assises du dialogue républicain, les participants à cette rencontre ont déploré le comportement de certains FACA qui prennent la tangente face aux ennemis, des rebelles qui sévissent à l’intérieur du pays.

Pour pallier à ce que nous évoquons, la commission chargée de la question de la défense et de la sécurité a formulé une recommandation qui a été adoptée par l’ensemble des participants à ce dialogue, laquelle recommandation concerne la mise en place d’un fonds spécial d’appui aux FACA qui se battent sur le terrain pour rétablir la sécurité. Dans ce fonds, un appui spécial devrait être donné aux FACA, en plus de Prime Global d’Alimentation (PGA).

Silence autour de la création de ce fonds!

Attendue comme une solution de sauvetage, la mise en œuvre de cette recommandation ne semble pas être à l’ordre du jour.

Pour assurer le suivi de cette recommandation, le journal Oubangui Médias s’est rapproché du comité de suivi des recommandations du dialogue républicain. Ce comité n’a pas encore enregistré une quelconque mise en œuvre de cette recommandation.

Rappelons que la mission de ce comité est d’assurer le suivi de la mise en œuvre des recommandations et non de mettre en œuvre les recommandations issues de ce dialogue. Toutefois, selon les degrés des recommandations, il a la charge de rappeler les entités concernées à accélérer l’application des recommandations du dialogue.

Au niveau de l’Etat-Major des Armées, le porte-parole rencontré n’a pu mettre à notre disposition des informations concernant cette recommandation, plusieurs rendez-vous manqués ont été pris. Même tentative sans suite au département de la Défense Nationale qui est censé mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière de la défense nationale et de la reconstruction des Armés.

Cependant, certains hauts gradés de l’Armée et hommes de rang des FACA qui n’ont pas souhaité donné leurs identités, ont indiqué que jusque-là, ils ne disposent d’aucune information par rapport à cette recommandation.

Certains ont aussi souligné que la situation est de plus en plus déplorable sur le terrain. Des FACA combattent sans équipements nécessaires, se sacrifient pour assurer leurs missions régaliennes, parfois sans les PGA. Une situation qui ne favorise pas à ces soldats de bien mener leurs missions.

Certains hauts responsables ont émis même l’idée de l’organisation des Etats-généraux des Armées.

Les derniers travaux des états généraux de la Défense nationale avaient suivi la grave crise militaro-politique dont le paroxysme a été la mutinerie de 1996. C’était du 19 août au 9 septembre 1996 que les acteurs de ce secteur ont fait une introspection dans les domaines de la politique extérieure de défense économique, civile, militaire et des perspectives d’avenir.

En effet, l’armée centrafricain opère de nos jours des miracles pour faire face aux menaces constantes des groupes armés dont leurs rangs sont remplis d’anciens militaires déserteurs, maitrisant le terrain et les tactiques de combat des FACA.

Dans l’objectif de réussir la politique de l’armée de garnison prônée par le Chef de l’Etat Faustin Archange Touadera, une mobilisation nationale doit être faite en faveur de ceux qui sacrifient leur jeunesse pour la défense de la Patrie.

Ce fonds sera le bienvenu pour remonter le moral des troupes qui pacifient le pays après dix ans d’occupation par des rebelles constitués à majorité des mercenaires et dont plusieurs tentatives d’accord de paix n’ont pas sifflé la fin des groupes armés.

Christian-Stève SINGA