Le journaliste haïtien Rodly Saintiné, correspondant RFI en Haïti à l’émission « Couleurs Tropicales », vit depuis quelques semaines dans la clandestinité pour raison d’insécurité. Menacé, il affirme vivre en cachette pour sauver sa vie.

L’assassinat, le 7 juillet dernier, du président haïtien Jovenel Moïse a plongé la capitale Port-au-Prince et tout le pays dans un chaos sécuritaire. Les journalistes et professionnels des médias font l’objet de menace et d’intimidation. Rodly Saintiné est l’un d’eux. Le présentateur d’une émission radiophonique sur AlterRadio, correspondant culturel pour RFI et enseignant en journalisme, vit caché depuis le 20 juin dernier, à la suite de menaces de mort.
« Depuis plus d’un mois maintenant, je suis pourchassé par des bandits armés qu’ils en veulent. Les malfrats me reprochent d’être à l’origine de la publication des informations sensibles concernant les exactions perpétrées quasi quotidiennement à la Cité Soleil. Vu que je suis journaliste et que j’habite le quartier, j’ai été pris pour cible », a-t-il témoigné à Oubangui Médias via Whatsapp avant de souligner que : « Maintenant je suis contraint de vivre caché et j’ai peur pour ma vie ainsi que celle de ma famille ».
Depuis le début des années 2000, Cité Soleil est considérée comme l’une des zones les plus dangereuses de la capitale haïtienne. Là, les chefs de gang se partagent son contrôle, à l’instar de Jean-Pierre Gabriel, alias “Ti Gabriel”.

L’assassinat d’un inspecteur de politique dans Cité Soleil a été un élément déclencheur pour le calvaire que vit aujourd’hui Rodly. Les gangs l’accusent de fournir les informations à la presse, puisqu’il habite cette même commune avec eux.

Rodly Saintiné est recherché par ces hommes armés dans le pays et se trouvent en grande difficulté dans un lieu tenu secret. « Malgré que j’ai sollicité l’aide des autorités locales, rien n’a été fait jusqu’ici. J’ai déposé plusieurs plaintes à la police. Mais toujours rien. Alors je n’ai pas d’autres choix que de m’adresser aux médias étrangers et aux instances internationales. Dans l’espoir que ma demande à l’aide puisse être entendue », a relevé avec regret Rodly Saintiné.

En juin dernier, deux journalistes Diego Charles de vision 2000 et Marie Antoinette Duclaire, ex animatrice à RSF convertie en militante politique, ont été assassinés par balles à Christ-roi. Rodly Saintiné vient malgré lui rajouter à la longue liste des journalistes haïtiens persécutés dans le cadre de leur fonction.

Fridolin Ngoulou