Ce phénomène de rareté des pièces de monnaies en Centrafrique ne touche pas uniquement la capitale Bangui. Dans l’arrière-pays, la préfecture de Lobaye précisément à Mbaïki et Boda, il est difficile aux populations d’acheter même d’obtenir simplement des divers produits sur les marchés locaux, par manque parfois des pièces de monnaies.

Dadi Evariste Bolet, qui exerce le métier de boucher à Mbaïki centre, se plaint : « Le problème de la monnaie est arrivé au moment où les chinois ont importé leurs jeux d’hasard en pièce d’argent (casino) ce qui a fait qu’il n y a plus de monnaies. A cela s’ajoute le problème des pièces de monnaies abimées. Dans cette ville, tu peux payer un article mais pour rendre la monnaie, c’est souvent difficile. J’ai eu beaucoup de difficulté, mais je ne comprends pas pourquoi cette situation persiste dans le pays depuis plusieurs années », se lamente-t-il.

« C’est difficile, il n y a pas d’argent dans cette ville, l’argent ne rentre pas, les gens viennent prendre notre argent et partir avec dans leurs pays. Nous avons des marchandises et autres produits à vendre mais les centrafricains préfèrent acheter à l’étranger, à l’exemple des motos, des tôles, du carburant et autres » a fait observer Dadi.

Ce manquement a permis à certains commerçants de mettre en place un système de commercialisation de monnaies. Les pièces de monnaies de 900 FCFA s’échange avec le billet de 1000 FCFA.

Dès qu’un client se présente devant un étalage des marchandises, la première question qu’on lui demande c’est : As-tu les pièces d’argent ? Si quelqu’un n’en a pas, c’est la désolation.

Aujourd’hui dans plusieurs provinces de la RCA,  les pièces d’argent monométallique de 5 à 10 Francs CFA sont systématiquement rejetées par les populations qui ne veulent pas de ce type de pièce, tout simplement que c’est très petites et difficiles à manipuler. Et pourtant cette monnaie est valable et autorisés par la Banque centrale.

Un peu plus loin dans la sous-préfecture de Boda, au marché central situé en face de la Mairie, on continue de pratiquer ce jeu d’hasard avec les machines à sous, qui servent à collecter les pièces de 50 et 100 Francs CFA. « Ce ne sont plus les chinois qui gèrent les jeux d’hasard en pièce d’argent, mais plutôt des compatriotes centrafricains », a regretté un habitant de Boda.

Malgré la décision de suspension des jeux de hasard par le gouvernement le 14 Septembre 2018 à travers l’Arrêté N°027, suspendant ainsi les activités des Sociétés chinoises TV Game-FEIYOU-MEI-MEI et BODEM sur toute l’étendue du territoire, ces jeux se pratiquent encore et sont la cause principale de la rareté des pièces de monnaies en Centrafrique. Pourtant dans cet arrêté, le gouvernement avait conscience que les jeux du hasard contribuent à la carence de pièces de monnaie dans le pays depuis un certain temps. Cet arrêté n’est pas observé à Boda, même à Bangui et dans plusieurs autres villes du pays.

La pratique des jeux d’hasards est  un véritable réseau de trafic de pièces d’argent mais jusque-là, l’Etat n’a pas déployé les moyens coercitifs pour endiguer ce problème qui a des conséquences économiques et sociales. Alors que beaucoup de pièces d’argent sont déjà évaporées dans la nature, l’effet se fait sentir dans la communauté et dans la sous-région.

Le Centrafrique n’est pas en marge des pays d’Afrique francophone, notamment le Cameroun, Niger, Côte d’Ivoire et autres pays qui connaissent cette rareté des pièces de monnaie.

Zarambaud Mamadou