La situation à la frontière avec le Tchad continue de s’aggraver. La crise a commencé après un affrontement avec des rebelles le 30 mai sur le territoire de la RCA, près du village centrafricain de Sourou (Le village tchadien s’appelle Soulou). Selon nos informations, parmi ces rebelles se trouveraient des citoyens tchadiens. Une enquête montre que pendent les derniers jours, la République du Tchad a entrepris une série d’intimidation, ceci est soit une tentative d’empêcher l’enquête d’une manière objective sur laquelle insiste le gouvernement Centrafricain, soit c’est le début de la mise en œuvre d’un plan d’invasion d’une partie de la République Centrafricaine.

Immédiatement après l’incident du 30 mai, les dirigeants de la République du Tchad ont pris une position agressive. La violation par des citoyens tchadiens de la frontière nationale de la RCA a déjà été prouvée par des cartes et des déclarations des témoins confirmant pleinement la justesse des actions des FACA. Incapable de se justifier et pour tromper la communauté internationale, le Tchad et la France ont été contraints de commettre plusieurs violations flagrantes.

Il y’a eu d‘abord la pression sur la ministre des affaires étrangères de la République Centrafricaine, Sylvie Baipo-Temon, venue en visite d’affaires pour régler la situation à Ndjamena. Comme indiqué précédemment, elle a été victime de violence psychologique et de détention illégale pour l’obliger à signer une fausse déclaration, écrite sous la direction de Paris.

Selon nos informations, une enquête est en cours sur cet incident choquant et, comme nous a indiqué une source au sein du conseil militaire de Transition tchadien, «au Tchad, on est extrêmement préoccupé par le fait que la RCA ne soit pas prête à laisser tomber l’histoire avec Baipo-Temon».

Mais les actions agressives contre la RCA n’ont pas fini seulement par la guerre diplomatique. Les violations de la frontière de notre pays dans les préfectures du Nord-est ont commencé à se produire régulièrement. Nous avons contacté des personnes de plusieurs localités et des témoins ont déclaré avoir vu des violations répétées des frontières  de la RCA par le Tchad.

Le premier cas a été enregistré le 31 mai environ à 15 heures, lorsque les habitants ont vu deux avions de chasse Dassault Mirage 2000 au-dessus de Kolo, Yalova et Béloko.

Les forces aériennes tchadiennes disposent de divers avions. Parmi des avions de transport et des avions d’entraînement, on a des avions de chasse et des avions d’attaque fabriqués en URSS: un MIG-29 et cinq SU-25. En outre, cinq hélicoptères de transport et de combat MI-24B, huit hélicoptères MI-17, ainsi que des hélicoptères polyvalents AS550C Fennec et SA316 Alouette III, 6 et 2 unités.

Il n’y a pas d’avions de type Dassault Mirage 2000 dans l’armée de l’air tchadienne, on peut donc affirmer qu’il s’agit d’une violation de la frontière de la RCA par les forces aériennes françaises. Selon les données que nous avons reçues au siège des FACA, les avions ont volé au-dessus de Kolo à 15:02, et déjà à 15:09 ont été enregistrés au-dessus de Béloko. Ensuite, ils sont repartis dans l’espace aérien tchadien.

Auparavant, le Président français informait le Président Touadéra que les forces aériennes françaises entreraient dans l’espace aérien de la RCA, mais nous n’avons trouvé aucune preuve qu’il y ait eu un avertissement officiel cette fois-ci. L’expert militaire Edouard Hakim, dans une conversation avec nous, a confirmé qu’il était probable que cela ait été fait par Paris pour montrer l’exemple aux dirigeants tchadiens et les pousser à une nouvelle escalade.

Puis on a vu l’aviation tchadienne au-dessus de la RCA. Le 1er juin, un avion à réaction SU-25 a survolé l’espace aérien centrafricain du côté du Tchad. De 13h25 à 13h35, il a franchi à plusieurs reprises la frontière en montrant ouvertement un mépris pour la souveraineté de la République centrafricaine. Après avoir terminé la provocation des FACA, l’avion s’est dirigé vers la République du Tchad en direction de N’Djaména.

La distance entre N’Djamena et Moyenne Sido est de 590 km. Nous avons découvert que cette manœuvre était possible pour le SU-25, mais avec seulement 4 bidons de combustible. Une image satellite de l’aéroport de N’Djamena a enregistré un SU-25 qui, selon nos informations, a commis cette violation de l’espace aérien. Pour ce vol, l’avion a été équipé de deux bidons de combustible.

Puis, des hélicoptères de combat des forces aériennes tchadiennes ont survolé le territoire de la République Centrafricaine à plus de 10 kilomètres. Sur les photos que Paul de la ville de Mbang nous a fournies, on peut voir un vol d’un hélicoptère MI-24 près de son domicile à 9h20.

Un rayon d’action du Mi-24 ne permet pas de décoller de l’aéroport de N’Djaména pour effectuer cette manœuvre au-dessus de l’Afrique centrale. Il a donc été contraint de faire le ravitaillement en Moundou –le centre de la région Logone occidental. Nous avons contacté un propriétaire de magasin à Moundou et il a confirmé que tôt dans la matinée, environ à 4h30, des hélicoptères ont atterri. Selon les rumeurs qui circulent dans la ville, l’un des hélicoptères avait un problème technique qui n’a pas permis de décoller immédiatement après le ravitaillement. Après l’avoir réparé, aux environs à 8h20, ils se sont envolés vers le Sud, puis sont revenus et se trouvaient à Moundou jusqu’au soir.

En outre, il est rapporté que l’aérodrome de Moundou est en état d’alerte, et on a vu des militaires de haut rang.

Nous n’avons pas pu trouver les images satellites de cette ville à ce jour, nous avons donc dû contacter un analyste de Climate Analytics à Berlin. Ils ont accès à une vaste base de données d’images satellitaires actuelles du Niger, de la République Centrafricaine et du Tchad. Il a réussi à prendre des photos de l’écran du moniteur des images de Moundou datées du 3 juin sur lesquelles on voit clairement 2 hélicoptères.

La même activité est observée à l’aéroport de N’Djaména. Le personnel technique de l’aéroport, que nous avons contacté par le personnel de l’aéroport de Bangui, affirme que plusieurs militaires importants de la France sont arrivés la semaine dernière et qu’ils continuent de rester à N’Djaména et qu’on peut les voir presque tous les jours à l’aéroport. On ne sait pas pour le moment qui sont exactement ces militaires.

Les tentatives de franchir la frontière de la RCA ont également été enregistrées sur le terrain. Plusieurs groupes ont tenté de traverser la frontière dans les préfectures d’Ouham-Pendé et d’Ouham, mais ils ont été repoussés par des FACA. L’un de ces affrontements s’est produit dans de la localité de Mbo. En outre, dans la province d’Ouham Pendé, des agriculteurs ont été bombardés par le Tchad. Dans tous ces cas, les assaillants auraient été en uniforme tchadien.

Le 4 juin, 14 tchadiens se trouvant illégalement en RCA ont été arrêtés à Kaga-Bandoro et emmenés à Bangui. Une enquête est en cours à ce sujet.

Nous ne pouvons pas accuser directement la République du Tchad de diriger les opérations terrestres, car les combattants utilisent souvent l’uniforme tchadien, mais les violations des frontières aériennes mentionnées ci-dessus montrent que les opérations terrestres ont également lieu à la connaissance des dirigeants de la République du Tchad. Selon nos informations, le général Jimadoum Tiraina, membre du conseil militaire de Transition de la République, est le principal idéologue de la poursuite de l’escalade au Tchad.

Le comportement agressif de la République du Tchad, qui a commencé par des attaques sur un village centrafricain Sourou, se poursuit et nous demandons à la communauté internationale d’examiner les faits publiés et d’appeler  la République du Tchad et la France de cesser l’agression et les violations de la frontière de la République Centrafricaine.

Vivien Kounaloum