DISCOURS

DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT

A LA CLÔTURE DES ASSISES DU DIALOGUE REPUBLICAIN

BANGUI, 27 MARS 2022

• Mesdames et Messieurs ;

Au terme de vos travaux, je voudrais tout d’abord rendre grâce à Dieu pour la bénédiction qu’il ne cesse de répandre sur notre pays et vous exprimer ma satisfaction face au déroulement remarquable des assises du Dialogue Républicain.

Je tiens à exprimer, au nom du Peuple centrafricain, mes sincères remerciements aux Représentants des Chefs d’Etat ainsi que les Responsables des organisations qui prennent part à la cérémonie de clôture des assises du Dialogue Républicain.

Je vous prie d’assurer mes Frères, les Chefs d’Etat et les organisations que vous représentez dignement ici, que nous avons été profondément touchés par ces gestes de sympathie et de solidarité manifestés envers mon peuple.

Cette présence, hautement remarquée et saluée par le Peuple centrafricain, est aussi le signe indiscutable de l’intérêt particulier que vos pays accordent à tout ce qui contribue au retour définitif de la paix, de la sécurité et au renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit en République Centrafricaine.

Au nom du Peuple centrafricain et en mon nom personnel, je voudrais vous saluer et vous remercier chaleureusement pour cette présence qui honore la République Centrafricaine.

Je voudrais vous assurer de la constante détermination et disponibilité de la République Centrafricaine à poursuivre avec vos pays et organisations respectifs de franches relations de coopération et de fraternité.

Je saisis cette occasion pour adresser mes profonds remerciements à la communauté internationale et plus particulièrement aux Nations-Unies, à l’Union Africaine, à l’Union Européenne, à la CEEAC, à la CIRGL, au PNUD, au Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés, au Centre de Dialogue Humanitaire et à la Communauté de Sant’ Egidio, pour leurs appuis constants à nos efforts en faveur du retour de la paix et de la sécurité dans notre pays et à l’organisation du Dialogue Républicain.

Je tiens à remercier et féliciter le Comité d’Organisation du Dialogue Républicain qui a fait preuve de rigueur, de patriotisme et de courage dans le choix des thématiques et l’organisation réussie de ces assises.

Je félicite également le Présidium et les éminents Experts qui ont apporté de précieuses contributions au succès de nos assises.

Permettez-moi de saluer nos concitoyens venus de très loin, à savoir les Ambassadeurs, les Chargés d’Affaires, les représentants de notre diaspora venus de l’Afrique, de l’Europe, des Etats-Unis d’Amérique, du Canada, de l’Asie ainsi que les réfugiés.

Je ne saurais oublier les Compatriotes représentant nos Préfectures, les chefs traditionnels, gardiens de nos valeurs spirituelles et morales et tous les Délégués de Bangui ainsi que les représentants des partenaires de la République Centrafricaine.

Je voudrais saluer la participation très active des représentants de l’opposition démocratique qui, en dépit des pressions de tous ordres exercées par ceux qui ont pour profession d’alimenter les flammes de l’hostilité en prônant la division et la haine, ont plutôt choisi de s’aligner derrière le peuple, épris de paix et soucieux du progrès.

– Distingués invités ;

– Mes Chers Compatriotes ;

Comme vous le savez, la République Centrafricaine, notre pays, subit depuis plusieurs années une crise profonde qui frappe durement nos concitoyens et menace gravement les fondements de notre société.

En effet, depuis 2012, des milliers de nos concitoyens ont perdu leur vie et plusieurs milliers d’autres ont trouvé refuge dans les pays voisins, tandis que d’autres se trouvaient dans des camps de fortune ou dans la forêt ou savane, dans une précarité indescriptible.

Les efforts déployés par le Gouvernement avec l’appui de la communauté internationale, dès le retour à l’ordre constitutionnel en 2016, et qui ont permis le retour progressif de la paix, de la sécurité et du relèvement économique, ont été soumis à rude épreuve par la guerre déclenchée en décembre 2020, par une nébuleuse association des malfaiteurs dénommée « Coalition des Patriotes pour le Changement » (CPC).

Comme si cela ne suffisait pas, certains concitoyens dont les esprits sont hantés par les démons de la trahison, de la méchanceté, de la haine, de l’animosité, ont entrepris de souffler le feu dans le pays, d’entretenir un climat politique délétère artificiel afin de satisfaire d’autres intérêts que ceux de leurs compatriotes.

Ils se sont révélés porteurs, de manière plus ou moins ouverte, d’autres projets que ceux de l’unité nationale, de la paix et de développement de la République Centrafricaine.

Toutefois, mon premier devoir, dans le cadre de ma responsabilité de Père de la Nation, est d’épuiser tous les moyens pacifiques possibles pour épargner à mon peuple les conséquences d’une guerre fratricide.

C’est pourquoi, j’ai privilégié le dialogue comme seule voie idéale de retour définitif de la paix, de la sécurité, du vivre ensemble et de la réconciliation nationale.

Depuis 2016, en effet, je n’ai ménagé aucun effort pour rechercher la paix avec tous, avec les groupes armés à Khartoum au Soudan, avec la CPC, à Luanda, en Angola et avec toutes les forces vives de la Nation, à travers le Dialogue Républicain.

Oui, aucune œuvre humaine n’est parfaite. Personne ne peut être parfait dans ce qu’elle dit ou fait.

Mais mon devoir, dans le cadre de ma responsabilité, est de tenir ferme dans la voie du dialogue et d’encourager mes concitoyens à être des pionniers intrépides, des ambassadeurs, des combattants et des aumôniers de la paix.

Distingués invités ;

Mes Chers Compatriotes ;

Nous sortons de sept (7) jours de débats nourris, denses et fructueux grâce à un meilleur travail de préparation entamé depuis plusieurs mois par le Comité d’Organisation du Dialogue Républicain, à la maîtrise des débats par le Présidium, aux brillantes interventions des Experts et de chacun et chacune des Délégués.

Au cours de ces 7 jours de débats, nous avons pu apprécier l’élan très positif dans la marche vers la paix définitive, la sécurité, la réconciliation nationale et le développement socioéconomique de notre pays.

Pendant une semaine, vous fondant sur les vertus du dialogue, vous vous êtes investis à identifier des solutions solides et pragmatiques pour consolider les acquis démocratiques, le progrès socioéconomique durable et dissiper le doute qui assaille nos concitoyens sur l’avenir de notre pays en partage.

Pendant une semaine, dans un élan de solidarité sans précédent, vous avez résisté aux manipulations et aux gesticulations diaboliques des éternels contestataires pour rechercher ensemble le bien de vos concitoyens, la paix.

Selon les échos qui me sont parvenus, le climat qui a régné lors des débats aussi bien en Commission qu’en plénière s’est caractérisé par la franchise, la courtoisie, la tolérance, parfois un peu d’animation somme toute naturelle.

Vous avez percé l’abcès ; aucun sujet n’a été tabou. Vous n’avez rien occulté des heures sombres ou glorieuses de notre histoire commune.

La pertinence de vos recommandations traduit la sincérité et la richesse de vos échanges.

Le Dialogue Républicain a atteint ses objectifs. Les sceptiques et les fatalistes en tireront beaucoup de leçons.

Ils retiendront entre autres qu’aucun défi n’est plus grand pour un peuple uni, solidaire, audacieux et ouvert.

Cette réussite, nous la devons à la réelle détermination du Comité d’Organisation, au Présidium, aux représentants éclairés de l’opposition démocratique, aux Experts, bref, à tous les participants.

Le peuple centrafricain se souviendra de ces assises républicaines qui sont les premières du genre dans l’histoire de notre pays.

Ces assises ont, en effet, permis de former un front républicain contre les auteurs de l’usurpation de la souveraineté populaire, les ennemis de la Nation, les auteurs, coauteurs, complices et commanditaires des crimes, qui ont toujours semé la désolation dans nos foyers.

Elles ont également permis, et à juste titre, de réaffirmer la primauté du droit par un engagement commun à lutter contre l’impunité sous toutes ses formes, à repenser la gouvernance de notre pays, à réformer en profondeur nos institutions pour les rendre plus aptes à résister aux nouveaux défis.

Vous le savez, les familles des nombreuses victimes des dernières crises sanglantes et destructrices continuent de vivre les tragédies du veuvage et des deuils provoqués par l’assassinat des pères et mères, des époux, des enfants et des frères et sœurs.

Les auteurs de ces crimes imprescriptibles seront recherchés, poursuivis et condamnés conformément aux textes répressifs en vigueur.

Oui, on ne doit pas chercher le pouvoir en versant le sang de ses concitoyens, en toute impunité.

On ne doit pas chercher le pouvoir en trahissant le peuple souverain.

On ne doit pas chercher le pouvoir en jouant le rôle de supplétifs dans une guerre géopolitique, géostratégique dont la finalité serait de maintenir le peuple dans la pauvreté et l’humiliation permanente.

Nous devons franchir une étape nouvelle, briser la barrière de la haine quasi congénitale pour éviter que soit versée une seule goutte de sang d’un seul Centrafricain ou étranger vivant sur notre territoire.

C’est pourquoi, j’invite à nouveau, les leaders politiques qui n’ont pas encore brisé la tyrannie, à rattraper le train de la paix et de la réconciliation nationale, à s’unir derrière le peuple, pour construire ensemble, avec détermination, confiance et sincérité, l’unité nationale, une paix durable et un meilleur avenir pour la jeunesse.

Il est irresponsable de se calfeutrer derrière des arguments fallacieux pour refuser le dialogue, abandonner le peuple qu’on prétend servir, à la veille d’un grand rendez-vous de la paix, de la sécurité, de la réconciliation nationale et de la prospérité.

La porte du dialogue vous reste grandement ouverte.

Comme je l’avais rappelé à l’ouverture des travaux, nous avons organisé plusieurs foras sur la paix et la sécurité en République Centrafricaine, qui n’ont jamais procuré la paix à nos concitoyens.

Les raisons des échecs, avais-je indiqué, ne sont pas seulement politiques, économiques, sociales, mais résident également dans nos cœurs pleins de malices, de ruse, de méchanceté, d’amertume, de violences et de la crise fondamentale de confiance entre les acteurs politiques.

Ces mauvais desseins nous poussent à privilégier nos considérations personnelles, nous placent dans une position défensive et de victimisation permanente et à ne rechercher que des failles pouvant justifier nos actions pour la conquête violente du pouvoir.

J’invite toutes les forces vives de la Nation à s’approprier les recommandations de ce Dialogue Républicain et à soutenir leur mise en œuvre holistique.

Mes Chers Compatriotes ;

Notre pays est compté parmi les pays les plus pauvres au monde, à cause de nos interminables guerres fratricides, souvent motivées par la recherche et la défense des intérêts égoïstes.

Pourtant, nous avons tous les atouts nécessaires pour réussir le pari du développement.

Il nous faut donc nous débarrasser, dès aujourd’hui, des mauvaises habitudes et fixer comme objectif ultime de notre lutte politique, la paix et la prospérité de notre pays, si nous voulons servir de source d’inspiration pour notre jeunesse.

Je voudrais terminer en vous réitérant, Mesdames et Messieurs, mes remerciements pour votre participation active aux assises du Dialogue Républicain.

Pendant ces assises, vous avez sacrifié vos précieux temps à la recherche des solutions pour la paix, la sécurité, la réconciliation nationale, la bonne gouvernance et le progrès socioéconomique de notre pays.

Nous partageons tous l’urgence de mettre en œuvre les recommandations pertinentes issues de vos travaux pour donner une meilleure chance à la paix.

Nous nous réjouissons de la disponibilité constante de nos partenaires et de nos organisations à nous accompagner dans la réalisation de ces objectifs.

En les déclarant closes, je vous remercie d’avoir contribué à ces assises et vous souhaite à tous un bon retour dans vos foyers.

Vive le Dialogue Républicain !

Vive la République Centrafricaine !

Que Dieu bénisse la République Centrafricaine et son Peuple !

Je vous remercie.