Le Projet Pilote de Modernisation de l’État Civil en Centrafrique, financé par l’Union Européenne sur les 11ème Fonds Européens de Développement (FED) et mis en œuvre par CIVIPOL entame une phase cruciale. Clara PINAUD, responsable dudit projet au siège de CIVIPOL à Paris séjourne actuellement à Bangui pour constater la mise en œuvre du projet, notamment le recensement des enfants régulièrement inscrits dans les écoles de Bangui, Bégoua et Bimbo, dont bon nombre, n’a pas d’acte de naissance. Elle a profité de son séjour pour remettre des outils de travail et des moyens roulants aux services de l’état civil du Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et du Développement Local.

Le recensement des enfants scolarisés sans acte de naissance est une phase importante dans le processus de reconnaissance des droits fondamentaux des enfants. L’appui des partenaires est crucial pour aider le gouvernement à répondre à ces préoccupations. Pour sa part, le partenaire CIVIPOL est engagé au côté du gouvernement centrafricain dans le toilettage et modernisation des textes qui encadrent l’enregistrement et la délivrance des actes de naissance. Une politique nationale de l’état civil est également en cours d’élaboration, élément essentiel à une bonne gouvernance

Ce projet pilote est actuellement axé sur la préfecture de Bangui et plus particulièrement sur les trois écoles primaires publiques précédemment citées. Plus de 12.000 élèves fréquentent ces écoles. Selon les premières données, près de la moitié d’entre eux n’ont pas d’acte de naissance.

Le recensement met en évidence la réalité.

A l’école de Bégoua en passant par celles de Bimbo et du camp des Castors, une équipe de seize techniciens formés par CIVIPOL assure le recensement des enfants qui détiennent ou pas leurs actes de naissance. La finalité est de permettre l’obtention de jugements supplétifs qui est le passage obligé pour enregistrer les enfants à l’état civil et leur délivrer leurs actes de naissance.

WASSONGO Fabrice, assistant terrain CIVIPOL, œuvre pour cette démarche à l’école préfectorale de Bégoua. Il souligne que les informations collectées vont être intégrées dans une base de données qui permettra au projet et au ministère, de disposer d’informations permettant aux magistrats de délivrer les jugements supplétifs mais également les éléments statistiques.

Dans l’école préfectorale de Bimbo, comme partout ailleurs, plus de la moitié des élèves n’ont pas d’acte de naissance. BENGUÉ Jessica, assistante terrain CIVIPOL nous confie que pour l’instant sur 1.954 enfants déjà enregistrés, 1.500 n’ont pas d’acte de naissance « Là, nous ne sommes qu’à 80% du recensement », a-t-elle lâché.

« Ici à l’école publique du camp des Castors, les données qui nous manquent sont les adresses des parents. Dès que nous les aurons, les informations seront complètes. Ce qui est sûr, ici aussi la majorité des enfants n’a pas d’acte de naissance. Les parents disent « qu’ils n’ont pas d’argent ou qu’ils ont perdu leurs documents pendant les évènements dont a souffert le pays », souligne MOUSSA Zoulei, assistante terrain CIVIPOL à l’école du camp des Castors dans le 3ème arrondissement de Bangui.

En effet, avoir accès à un acte de naissance permet à un enfant d’exister et de jouir de ses droits civiques. Dans le cas d’espèce, il est d’abord primordial d’enregistrer les enfants avant d’entamer les phases de délivrance des actes de naissance. « Cela va permettre à ces enfants d’avoir une existence légale, de poursuivre la scolarité afin d’obtenir un diplôme en fin d’études et avoir accès à tous leurs droits et c’est une bonne chose pour se sentir citoyen à part entière dans ce pays. Nous testons sur ces trois écoles pilotes les outils de collecte des informations avant d’étendre les opérations à l’ensemble des écoles primaires, publiques et privées, de la préfecture de Bangui », a indiqué Clara PINAUD.

Le ministère renforcé pour assurer ses tâches

Le projet de l’état civil est dans la dynamique de renforcer les capacités du Ministère de l’Administration du Territoire, de la Décentralisation et du Développement Local à bien assurer ses tâches. C’est ainsi que des matériels bureautiques et des moyens roulants ont été remis vendredi 11 février 2023 au Directeur Général de la Décentralisation et de l’État Civil de ce ministère.

Ce don est composé de quatre ordinateurs du bureau de dernière génération, une imprimante multifonction, cinq motocyclettes tout-terrain en ordre de marche.

M. Jean Symphorien NGAMA-PIAULT, Directeur Général de la Décentralisation de l’État Civil au Ministère de l’Administration du Territoriale exprime sa satisfaction : « C’est une expression de satisfaction parce que ces outils qui viennent d’être remis au département donneront à nos agents la mobilité surtout dans le cadre de cette phase du recensement des enfants dans les écoles. Nous allons veiller sur la maintenance de ces outils », s’est-t-il exprimé.

En rappel, le projet de la modernisation de l’état civil centrafricain a commencé par la cartographie des centres d’état civil. Il s’agit d’un véritable inventaire des ressources humaines, des infrastructures et de la capacité du pays à produire les actes de naissance ainsi que le mécanisme de collecte et du traitement des données dans le but de produire des statistiques fiables de l’état civil en Centrafrique. Un plan de communication et de sensibilisation des populations et des acteurs de l’état civil est également en cours de finalisation avant son intégration dans le document de politique nationale de l’état civil tel que souhaité par le gouvernement.

Zarambaud Mamadou