Avec la pandémie du COVID-19, l’insécurité causée par la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), le taux élevé de la corruption et la suspension des aides financières par les bailleurs au profit de la RCA, son économie est bien fragilisée. Les quelques causes énumérées sont les raisons menaçant l’économie centrafricaine en 2022. Ceci contraint le gouvernement à revoir en baisse le budget de l’État de 2023 à plus de 10%.

Malgré que la RCA se soit dotée en 2016 d’une loi organique relative au code de transparence et de bonne gouvernance en vue d’assainir les finances publiques du pays, quelques failles se font toujours remarquer.  Une promesse de plus de 2 milliards de dollars américain a été au début de l’année 2017, ce qui a permis aux autorités nouvellement installées au pouvoir de gérer le pays. Tout  a été basculé en 2020 c’est à dire deux ans après la présence des troupes russes aux côtés des FACA. La France qui est le partenaire traditionnel de la RCA a décidé de suspendre son financement à la RCA à cause de la présence Russe en RCA.

Comme dit un dicton populaire, « le malheur ne vient pas seul ». C’est ainsi que d’autres partenaires ont décidé d’emboîter le pas à la France. Même si certaines conditions sont imposées aux autorités du pays, cette sanction est loin d’arriver au  bout du tunnel.

Ces multiples sanctions ont un impact direct sur l’économie du pays. Le PIB s’est stabilisé à 0,7 % en 2021, alors que les projections d’avant COVID-19 tablaient sur une croissance de 3,3 % selon la Banque mondiale.

Les secteurs de l’agriculture, de l’hôtellerie et du diamant ont été les plus touchés à cause de l’insécurité à l’intérieur du pays. Cette situation empêche l’état centrafricain à avoir le contrôle du territoire et une  maîtrise des menues-recettes. Tandis que le secteur des services (transport, commerce et finance) s’est maintenu à environ 42 % du PIB.

Soulignons que la situation sécuritaire a perturbé la chaîne d’approvisionnement et a poussé l’inflation à 4,4 % en 2021, contre 2,3 % en 2020.

Toujours selon la Banque mondiale, la dégradation de la situation économique a entraîné une baisse des recettes publiques alors même que la situation sanitaire a nécessité une augmentation des dépenses de protection sociale, creusant le déficit budgétaire en 2020 et 2021 à 3,5 % et 5,7 % du PIB.

Malgré tout, la dette publique a légèrement diminué, passant de 47 % du PIB en 2020 à 46 % en 2021. En novembre 2021, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a relevé son taux d’intérêt applicable aux appels d’offres de 3,25 % à 3,5 % et son taux de facilité de prêt marginal de 5 % à 5,25 % pour reconstituer les réserves de change de la région. Le déficit du compte courant a augmenté à 10,5 % du PIB en 2021, contre 8,7 % en 2020. Le secteur financier et bancaire est encore embryonnaire, et dominé par quelques banques commerciales et Institutions de micro-finance basées à Bangui. Déjà en 2019, le chômage avoisinait 34,5 % à 36 % en milieu urbain et 30 % en milieu rural, et 42,5 % chez les femmes et 28,5 % chez les hommes.

Cette Institution bancaire prévoit un rebond de la croissance du PIB à 3,8 % et 3,9 % en 2022 et 2023, grâce à l’achèvement de projets structurels dans les secteurs des transports et de l’énergie. L’agriculture, les mines et les travaux publics devraient également rebondir. L’inflation devrait augmenter à 4,3 % en 2022 et 3,8 % en 2023 du fait de la crise russo-ukrainienne. Les réformes fiscales, notamment la consolidation des fonds publics parallèlement à la maîtrise des dépenses courantes, devraient permettre de réduire le déficit budgétaire à 2,4 % en 2022 et à 2 % en 2023.

Le ratio de la dette publique devrait continuer à baisser, pour atteindre 44 % du PIB en 2022 et 42,3 % en 2023. La balance des comptes courants devrait rester déficitaire à 10,9 % du PIB en 2022 et à 8,4 % en 2023, ce qui représente une légère amélioration grâce à de meilleurs termes de l’échange. Cependant, la persistance de la pandémie, combinée à une chute des prix des matières premières et à une détérioration de la sécurité intérieure, conjugué à la crise ukrainienne pourrait toutefois affecter négativement la croissance. A cela s’ajoute l’inflation des prix du carburant sur le marché de la capitale.

Le gouvernement se voit obliger de réduire son budget de 2023 à 240,7 milliards de FCFA au lieu de 298,1 de FCFA en 2022.

Le gouvernement centrafricain a du pain sur la planche

Pour parvenir à renflouer la caisse de l’État, le gouvernement a aujourd’hui intérêt à lutter efficacement contre la corruption qui est un virus à combattre, afin de mobiliser les recettes internes. Aussi de connaître la traçabilité des ressources étatiques pour éviter les gaspillages de l’argent de l’État. La démarche de la mise en place d’une cellule de veille par le chef du gouvernement Félix Moloua, est un véritable remède pour réduire le taux de corruption en RCA. Cela viendra en appui avec la Haute Autorité Chargée de la Bonne Gouvernance qui fait aussi un travail remarquable dans ce sens.

L’initiative du contrôle des fonctionnaires de l’État qui a permis au ministère de la fonction publique d’identifier les fonctionnaires fantômes afin de permettre au gouvernement de faire d’économie sur son budget mensuel et d’apporter un soutien social aux malades et personnes vulnérables.

Bien qu’il soit un acte politique fort, l’adoption de la loi sur la crypto monnaie a marqué l’actualité économique du pays en 2022. Une opposition farouche au niveau de la sous-région, notamment des institutions financières n’a pas fait prospérer ce projet ambitieux qui avait reçu un coup de fouet de la part de la Cour Constitutionnelle de la Centrafrique.

Le miracle Centrafricain est que le gouvernement centrafricain continue à faire face aux besoins régaliens du paiement des salaires, des bourses et pensions ainsi que les dépenses de souveraineté liées à l’armée.

Christian Steve SINGA