2022 a été une année du rayonnement des arts et de la culture. La Centrafrique a présenté une autre image de ce pays meurtrie par des années des conflits armés. Un tour sur les grands évènements qui ont marqué cette année.
Longtemps présentée comme une mauvaise destination pour les artistes internationaux, la Centrafrique tente petit à petit à donner une image positive, marquée par plusieurs activités artistiques et culturelles. Ce pays au cœur de l’Afrique, pleine d’histoire politique, cherche à sortir sa tête de l’eau grâce aux activités artistiques et culturelles.
Les cameras internationales ont été braquées sur ce pays à travers ces multiples activités et un dynamisme de leadership qui tente de tout coordonner, orienter et donner un nouveau souffle aux activités artistiques et culturelles sur le sol centrafricain, tout en encourageant et en accompagnant les artistes centrafricains à des grandes rencontres culturelles internationales, malgré les moyens financiers qui restent dominés par une tension de trésorerie. La ministre des arts, de la culture et du tourisme, Jennifer Saraiva et son équipe ont porté ces domaines pour tenter de les positionner à un niveau raisonnable.
L’on se souviendra qu’en 2022, les artistes comme Sonia Lady, coach du développement personnel ont accepté l’invitation afin de partager leurs expériences et connaissances aux peuples de Centrafrique. Dès le mois de mars, une partie de la population banguissoise a vécu un moment exceptionnel avec cette dame qui a motivé les femmes, surtout survivantes des viols sexuels à dépasser les épreuves pour voir l’avenir du bon côté.
Le grand concert de l’artiste musicien international Flavor, de nationalité nigériane très connu dans le monde entier le 28 mai 2022, jour de la fête des mères a été un grand succès de mobilisation féminine pour rendre un hommage mérité à toutes les mères.
Une série de festival a vibré Bangui
De nombreux festivals ont été soutenus par le département des arts, de la culture et du tourisme en Centrafrique en 2022.
Deux évènements majeurs ont été réalisés au centre des martyrs de Fatima : Le Festiphoto autour thème : « la cuisine centrafricaine » et le Festifilm sur le thème : « la Femme et la paix ». Lancée il y a trois ans par le Centre des Martyrs de Fatima, la troisième édition du festiphoto a eu lieu du 22 au 24 septembre 2022. Ce festival encourage les jeunes talents en photographie amateur. Pendant ces rencontres, plusieurs autres activités culturelles ont permis de valoriser la culture centrafricaine d’une part et de promouvoir la paix, le vivre ensemble et le dialogue entre les cultures d’autre part.
La deuxième édition du TI-I festival a rendu un hommage à l’artiste Veyzo. Pour la deuxième fois, Bangui a accueilli TI-Î Festival. Du 20 au 22 octobre 2022, la capitale Bangui a vibré au rythme du Festival porté par l’entrepreneure culturelle et Artiste Idylle Mamba. Ceci était une occasion de faire de la culture centrafricaine la vitrine de la société, un moment de monter une autre image de la Centrafrique. L’édition de cette année, en se basant sur le modèle de réussite de la première en 2017, s’est voulue tout de même adaptée à certaines réalités et besoins de chez nous.
Au nombre des activités a eu lieu des masters class à l’endroit des artistes, une conférence débat sur le thème de « l’importance de la culture dans la reconstruction du pays », des ateliers de dessin à l’endroit des tout petits. La sensibilisation des jeunes filles sur leur santé sexuelle, les contes de chez nous et de nombreuses autres activités ont été aussi réalisées.
L’autre grand rendez-vous fût celui de la troisième édition du Festival Bangui Son Cinéma autour du thème : « Un avenir en commun ». Du 19 au 26 novembre 2022 de nombreuses figures du cinéma mondial et africain ont fait le déplacement de Bangui dont Konnie Touré, Habi Touré, Nastou Traoré…
Ce festival est promu depuis trois ans par la cinéaste Sylvianne Gboulou. Durant 08 jours, la grande capitale Bangui, ville de pari a vibré au rythme du cinéma Africains et Afro-descendants avec des concerts et divers spectacles à l’ouverture, des rencontres professionnelles, des conférences débats autour de la thématique de cette édition « Un Avenir en Commun », des projections décentralisées des films et un diner de gala à la clôture.
L’avenir n’est pas un héritage, c’est une opportunité que nous devrions créer nous-mêmes aujourd’hui. Au travers de toutes les projections, les rencontres et les échanges, c’est la base du cinéma qui est posée afin qu’il soit hissé et compté dans la cinématographie mondiale. Cette activité a bénéficié d’un appui financier du gouvernement, inscrit pour la première fois dans le budget de l’Etat. Un succès après les plaidoyers faits par les organisateurs et le parrain de deux premières éditions Michel Gohou.
Le festival Bangui Rire, a été un rendez-vous des Humoristes du 24 au 27 novembre 2022. C’était la cinquième édition de ce festival qui a réuni les humoristes professionnels de Centrafrique et d’ailleurs, les humoristes en herbe pour faire vibrer les cœurs. « Rire et réfléchir » étaient un mot d’ordre de ce festival promu par l’humoriste reconnu sous le nom du Docteur Mandjeke.
« Bangui fashion week », est intervenu du 12 au 18 décembre 2022 pour clôturer une semaine de la mode, du rendez-vous de l’art et de la culture autour du thème : « La mode : un levier de l’autonomisation de la femme africaine ». Cette activité a été initiée par la styliste, modéliste Milca Ketura Kimoto, présidente directrice générale de entreprise « Art de la créativité » spécialisée dans la vente des tenues, chaussures et accessoires purement africain.
En effet, en plus de plusieurs artistes qui ont plongé leurs caméras sur la Centrafrique, des artistes nationaux ont été dans les grandes rencontres internationales du théâtre, du cinéma, de la mode, de la musique…
Signature de label, création de Label
Un artiste, pour avoir une notoriété sur le plan national et s’imposer sur la scène internationale a besoin d’un accompagnement par un sponsor, partenaire voire un label. Cependant en Centrafrique, il est rare que les artistes musiciens arrivent à décrocher des contrats avec des labels, ce qui freine malheureusement leur exploit. Dans ce lot des artistes, certains arrivent à se démarquer de par leur talent mais aussi leur sens de travail et le sérieux dans ce qu’ils font. Parmi ceux-là, on retrouve D First, un jeune artiste rappeur centrafricain qui, après plusieurs années de travail acharné, était arrivé à signer en février 2022 un contrat avec le label « US Agency » basé à Atlanta aux États-Unis.
De son côté, le 7 octobre 2022, l’artiste Cool Fawa, de son vrai nom Princia Plisson, a officiellement lancé à Bangui, les activités du label dénommé « Cool Fawa Music », (CFM). Cette association, a pour mission principale d’œuvrer dans le processus d’enregistrement, de commercialisation et du développement des carrières des artistes centrafricains à l’échelle nationale et internationale.
L’ensemble artistique national, une première !
Pour la première fois, la Centrafrique est parvenue à mettre en place un ensemble artistique national (EAN). Institutionnalisé par le décret présidentiel depuis le mois de juillet 2020, l’Ensemble Artistique National est une institution publique qui gère toutes les manifestations officielles de l’État. L’Ensemble Artistique National compte en son sein: la Direction d’un Orchestre National; la Direction d’une Troupe Nationale de Théâtre et la Direction du Ballet National. Le recrutement de 200 artistes confondus a eu lieu cette année après des moments de casting dans les trois disciplines artistiques à savoir la danse, la musique et le théâtre. Les artistes recrutés bénéficieront du soutien du gouvernement et pourront enfin espérer vivre de leurs arts.
Les principales missions de cet Ensemble Artistique National est de contribuer à la valorisation du patrimoine musicale, théâtrale et d’accompagner les vedettes de passage en Centrafrique, animer les soirées de Gala et les réceptions officielles des chefs d’État et soutenir les jeunes talents afin d’assurer la relève.
En effet, le président Faustin Archange Touadera avait instruit le Gouvernement de Félix Moloua de tout mettre en œuvre pour que ces hommes et femmes qui créent les œuvres d’esprit puissent bénéficier d’un traitement particulier en mettant en place l’Ensemble Artistique National.
Des efforts restent toutefois à faire !
Malgré plusieurs exploits enregistrés cette année en matière des arts et de la culture, le pays ne dispose toujours pas encore de salle de spectacle digne de son nom. Les productions se déroulent pour la plus part dans les salles de conférences privées avec un espace limité, soit au stade 20.000 places en ce qui concerne un concert grand public.
Aussi, très peu de concerts ont été organisés à l’intérieur du pays. Tout porte à croire que le pays se limite à Bangui. Organiser des concerts à l’intérieur du pays reste une tâche difficile pour les artistes à cause de la logistique mais aussi par crainte de l’insécurité. Même si certains ont bravé ces contraintes logistiques et sécuritaires, les concerts en l’intérieur du pays sont pour la plupart organisés dans les zones dites vertes, notamment dans une partie de la Nana-Mambéré, de la Mambéré Kadéi, de la Sangha Mbaéré et de la Lobaye.
Le volet touristique qui pose ses bases doit faire une avancée en 2023, en commençant par la valorisation du tourisme de proximité à Bangui, autour de Bangui et dans les villes totalement pacifiées.
Une attention particulière doit être portée sur l’école de Musique de Bouar, portée par un prêtre et qui fait un travail formidable pour la formation des jeunes talents.
L’année 2022 finie sur une bonne note et un début réel de rayonnement des arts et de la culture. La Centrafrique doit capitaliser ces efforts afin de fonder une base solide pour vendre les arts et la culture de ce pays au-delà de ses frontières.
Fridolin Ngoulou
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