Après les écoles publiques de Bimbo et de Begoua, ce samedi 1er avril 2023 à l’école Yakité, était le tour des écoles fondamentales du 3ème Arrondissement de Bangui d’accueillir l’équipe de sensibilisation sur la collecte d’information sur les enfants scolarisés et qui ne disposent pas d’acte de naissance. En compagnie des autorités locales de leurs quartiers respectifs, les parents d’élèves des écoles publiques Yakité, Castor, Bayadombia et Koudoukou ont répondu massivement présents au rendez-vous du Ministère de l’Administration du Territoire, de l’Administration et du Développement Local qui organise cette campagne de sensibilisation avec l’appui technique de CIVIPOL. Il s’agit d’une activité organisée dans le cadre de l’action pilote du projet européen d’appui à la modernisation de l’état civil en RCA, financé par le 11e Fonds Européen de Développement (FED).
Les cadres du ministère de la santé publique et de la population, le représentant de l’Administration du Territoire, de la Décentralisation et du Développement local, les autorités locales ainsi que les responsables des écoles précités ont saisi cette occasion pour exprimer haut et fort la nécessité et l’urgence pour le pays de mettre fin aux irrégularités qui s’observent depuis quelques décennies déjà dans le secteur de l’état civil. Il s’agit d’une situation qui fait que des milliers d’enfants sont restés pendant des années sans actes de naissance et donc sans existence juridique.
Le Ministère de l’Administration du Territoire, de la Décentralisation et du Développement Local a lancé depuis le début de ce premier trimestre de l’année 2023, dans les écoles de Bangui, Bimbo et Bégoua, une compagne de collecte d’informations pour l’identification des enfants scolarisés et ne disposant pas d’actes de naissance. Cette grande tournée vise essentiellement à sensibiliser les parents et la communauté toute entière sur la nécessité de leur implication dans ce processus de recensement en cours. Il s’agit d’une phase importante dans le processus de reconnaissance des droits fondamentaux des enfants.
Cette campagne de sensibilisation à l’école Yakité a été marquée par les animations de la compagnie théâtrale « Les Perroquets de Bangui », du Réseau des Medias Communautaire de Centrafrique (RMCC) ainsi que des groupes de danse des filles venant de quatre écoles invitées. Il a été rappelé à l’occasion que l’enregistrement de l’enfant à l’état-civil est la clé qui ouvre la porte à tous les autres droits.
A chaque sensibilisation, depuis l’école Bimbo en passant par l’école Begoua, le chef de la compagnie « Les Perroquets de Bangui », le nommé Baba Kpion saisit l’opportunité pour montrer à l’assistance l’importance de l’acte de naissance pour l’enfant depuis sa naissance en passant par l’école et plus tard dans la vie. « Sans Certificat de naissance, un enfant ne peut pas pouvoir passer d’examen scolaire, recevoir d’immunisation ou des soins de santé gratuits ou revendiquer les droits héréditaires ou la protection juridique dans les tribunaux. Une attestation confirmant l’âge de l’enfant est indispensable pour poursuivre avec succès les auteurs de crime contre les mineurs tels que le trafic d’enfant, les infractions sexuelles, le recrutement prématuré dans les forces armés, le mariage forcé des enfants et le travail des enfants ».
A la suite de cette sensibilisation, Fitta-Marie Josèphe 1ere conseillère de la marie du 3e arrondissement de Bangui exprime sa satisfaction : « Vous savez, la crise que nous avons connue a eu un impact énorme sur l’administration publique. Le 3e arrondissement est devenu comme un arrondissement d’accueil. Quand ont fui les violences loin pour se cacher dans cet arrondissement à Bangui, on laisse tout derrière. C’est pourquoi les enfants n’ont plus d’acte de naissance et même nous les résidents du 3e arrondissement, nous avions pris fuite et perdu aussi nos documents administratifs. En plus des conflits armés, les inondations, par exemple de l’année dernière en juillet ont tout emporté. Le 3e arrondissement a été vraiment touché par ces inondations. Si aujourd’hui le gouvernement et son partenaire l’Union Européenne viennent dans le 3e arrondissement pour nous sensibiliser et procéder prochainement à la délivrance d’acte de naissance aux enfants scolarisés, en tout cas, nous avons une très grande satisfaction».
Rappel des biens fondés d’un certificat de naissance
En effet, un certificat de naissance permet à l’enfant d’être reconnu juridiquement comme une personne et lui permet d’être inscrit à l’école et suivre normalement son cursus scolaire du primaire à l’université. Un Certificat de naissance est la confirmation de la nationalité, du lieu de naissance, de l’origine et de l’âge d’une personne. Un Certificat de naissance est souvent nécessaire pour demander un document officiel, comme un passeport, un permis de conduire ou une carte d’identité nationale – quand l’enfant devient un adulte.
Par ailleurs, une personne adulte sans Certificat de naissance peut perdre son droit de se marier à l’état-civil, de voter, d’être employée dans le secteur formel (par exemple travailler légalement ou payer des impôts), d’accéder à des crédits ou des prêts octroyés par les banques, d’obtenir un passeport pour voyager en dehors de son pays de naissance, ou même d’enregistrer les naissances de ses propres enfants.
Le projet européen d’appui à la modernisation de l’état civil a commencé les 1ères activités de recensement dans les écoles ciblées par ce projet pilote. Mais, force est de constater qu’un nombre important d’enfants n’ont pas d’actes de naissance.
Selon les premières données ressorties lors ces recensements, plus de 20.000 élèves fréquentent dans une dizaine d’écoles primaires publiques, actuellement couvertes par l’opération. Mais près de la moitié d’entre eux n’ont pas d’actes de naissance. C’est ainsi que pour la réussite de cette campagne, l’implication des parents et des membres de la communauté notamment les chefs de quartier, les responsables des écoles, ceux des formations médicales, les médias ainsi que les responsables religieux doivent s’impliquer pour aider à recueillir les informations nécessaires permettant aux juges d’établir les jugements supplétifs pour ces enfants.
Dorcas Bangui Yabanga
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