Une opération dénommée : « Nourris ta Ville en 90 jours » est en cours du lancement. C’est une initiative de l’association A9 que dirige Dr. Rodolphe Gozegba. Avec une approche de proximité, cette association est convaincue que l’autonomie alimentaire à Bangui est possible à partir de 90 jours. Dr Rodolphe Gozegba répond à Oubangui Médias.  

Oubangui Médias : Dr Rodolphe Gozegba bonjour.

Rodolphe Gozegba : Bonjour

OM : Dr Rodolphe Gozegba, vous êtes coordonnateur de l’Association A9 en référence aux 9 actions que vous envisagez de réaliser à Bangui et dans toute la Centrafrique pour améliorer la vie quotidienne de la population. C’est quoi votre domaine d’intervention ?

RG : L’association A9 a une visée éco-environnementale, c’est à dire qu’elle veut travailler à deux objectifs qu’elle estime indissociable :

D’une part, sensibiliser la population centrafricaine aux problèmes de l’environnement. Ce problème mobilise actuellement le monde entier. La population centrafricaine doit également se sentir concernés par la question et ce d’autant plus que s’intéresser à son environnement pourra lui permettre de bonifier sa vie au quotidien. Nous pensons là par exemple à la plantation d’arbres dans les villes pour offrir des coins d’ombre en cas de chaleur torride ou à l’introduction d’une agriculture citadine.

D’autre part, réinstaurer « un vivre-ensemble » entre tous dans la paix et la sérénité. Actuellement, on ne peut que constater que notre peuple devrait être uni, faire bloc, vivre ensemble dans la tolérance, est divisé selon les ethnies, les religions, le niveau social.

OM : Quelle est vraiment la vision de cette association ?

RG : A9 veut travailler simultanément à ces deux objectifs d’éco-environnement par 9 actions qui vont s’échelonner sur le court, le moyen et le long terme.

Nous allons commencer par les actions d’urgence, puis peu à peu, engager les autres actions.

Notre première action que nous qualifions d’urgente est de permettre à la Ville de Bangui, puis à toute la Centrafrique de conquérir son autonomie alimentaire.

Nous avons tous vécu récemment, et certains en souffrent encore, la peur de ne plus trouver à manger en raison de la coupure de la route d’approvisionnement venant du Tchad et du Cameroun.

Il ne faut pas que cela puisse se reproduire. Il nous appartient à nous tous d’agir en ce sens.

OM : Vous avez lancé le 23 avril 2021 un projet dans ce sens, le jour du lancement officiel de cette association.  Quelle est sa raison d’être ?

RG : Le 23 avril 2021 a été le jour de lancement officiel de notre association. Il s’est fait sous le parrainage de la Ville de Bangui et, je profite de la présente, pour adresser mes plus vifs remerciements à Monsieur le Maire Emile Gros Raymond Nakombo et à tout le Conseil municipal pour l’accueil, l’écoute et le soutien qu’ils nous manifestent.

Nous avons présenté lors de cette journée notre 1ère opération. Elle est intitulée « Nourris ta Ville en 90 jours » et sera lancée très prochainement avec l’appui indéfectible de la Ville de Bangui.

Elle est née des évènements récents qui ont mis en exergue la dépendance alimentaire de Bangui vis à vis de l’extérieur. Les routes d’approvisionnement depuis le Tchad et le Cameroun ayant été coupées, la Ville a dû affronter sinon une pénurie de produits alimentaires de première nécessité, du moins une augmentation inconsidérée de leurs prix.

Bangui a frôlé la catastrophe alimentaire.

Il est temps désormais de faire en sorte que cela ne puisse plus se reproduire, que chacun puisse manger sans être dépendant de l’extérieur !

OM : Et quel est le niveau actuel de cette opération?

Nous travaillons actuellement activement aux derniers préparatifs de cette opération dont le lancement est imminent.

Les Banguissois en entendront parler très prochainement et seront invités à y participer en plus grand nombre possible.

Il est essentiel qu’ils se sentent concernés par ce projet et se mobilisent pour gagner tous ensemble l’autonomie alimentaire de leur Ville.

Il est temps que nous nous donnions à manger !

Il est temps que nous reprenions possession de nos terres et que nous les valorisions …pour que chacun puisse manger… matin, midi et soir !

Je viens de rentrer d’un séjour de quelques années en France. J’y ai séjourné suffisamment longtemps pour comprendre la façon de vivre des Européens.

Et j’ai pu voir que pour eux, c’était une joie d’avoir un jardin, de pouvoir y cultiver leurs propres fruits et légumes, de savoir ce qu’ils mangeaient car c’était eux même qui avaient semé ou planté, de n’avoir pas besoin d’acheter ce qu’ils pouvaient ramasser dans leur jardin. Ils étaient fiers de me monter leur jardin, leur récolte, de partager avec moi ces fruits et légumes .

Notre Ville regorge de terres non exploitées. Presque chaque habitant dispose d’un lopin de terre plus ou moins grand autour ou à côté de son habitation.

S’il l’exploitait, même seulement pour sa propre famille, il éloignerait déjà le spectre de la dépendance alimentaire. S’il produisait un surplus par rapport aux besoins de sa famille, il pourrait le vendre et ainsi même se créer une source de revenu.

OM : Pensez-vous que cette approche va apporter une autosuffisance alimentaire à Bangui ?

RG : Nous en sommes convaincus ! Notre conviction est d’ailleurs basée sur des études effectuées par des professionnels avec lesquels nous travaillons : l’autonomie alimentaire peut être acquise en 90 jours !

Mais, il faut évidemment qu’il y ait un maximum de participants, que les Banguissois se sentent concernés et agissent avec nous.

A9 fait des propositions, mais si elle reste seule, son action ne pourra pas aboutir. Il faut au contraire une coopération nationale.  C’est ainsi que nous pourrons, tous ensemble, avec le soutien de la Ville de Bangui, aller vers une révolution verte, faire de Bangui un jardin merveilleux où il ne manque rien.

OM : Dr Rodolphe Gozegba, Oubangui Médias vous remercie.

RG : Merci infiniment de nous donner la parole.

Interview réalisée par Fridolin Ngoulou