Alors que la République Centrafricaine vient de commémorer la 8e journée nationale en mémoire des victimes des crises dans le pays, l’association des Victimes de la LRA et de Joseph Kony regrette la situation actuelle de ses membres. Son président national Aubin Kotto Kpenze s’est livré à l’Oubangui Médias pour parler des vécus actuels des victimes de la LRA ainsi que leurs attentent vis-à-vis du gouvernement, des partenaires et de la Cour Pénale Internationale (CPI).

Oubangui Médias : Bonjour  Monsieur Aubin Kotto Kpenze. Vous êtes président national de l’Association des Victimes de la LRA et Joseph Kony. Parlez-nous un peu de la création de votre association.

Aubin Kotto Kpenze : Bonjour monsieur le journaliste. Notre association a été créée en 2010. Je suis moi-même victime de Joseph Kony et de la LRA qui a commencé ses exactions en Centrafrique depuis 2008. Les objectifs de notre association sont la défense des intérêts de nos membres victimes de la LRA devant la justice internationale et leur résilience ainsi que la réparation des préjudices.

Oubangui Médias : Quel est le sort des victimes de Joseph Kony en Centrafrique ?

Aubin Kotto Kpenze : Les victimes centrafricaines de la LRA sont abandonnées à leur triste sort. Il y a des filles mères enceintées par les hommes de la LRA ; il y a des enfants soldats sortis de la brousse qui ont perdu leur famille et ne sont plus scolarisés. La situation des victimes de la LRA est catastrophique.

Les victimes se trouvent à Obo, Zemio, Rafai, Mboki, Bangassou et Bria. Une partie se trouve aussi dans la Vakaga. Nous avons d’ores et déjà recensé et identifié 1.470 victimes grâce au concours de la division des droits de l’homme de la Minusca. Les victimes vivent dans un dénuement total sans aucune prise en charge médicale et psychologique.

Oubangui Médias : Quels sont les crimes commis par la LRA et Joseph Kony en Centrafrique ?

Aubin Kotto Kpenze : Les crimes commis par la LRA en Centrafrique sont des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité tels que l’esclavage sexuel, l’incendie, l’assassinat, l’enlèvement et l’enrôlement forcé des enfants, le travail forcé, la déportation, le traitements inhumains et tortures.

Oubangui Médias : Mais avez-vous saisi la CPI puisqu’un mandat d’arrêt a été délivré contre Joseph Kony depuis 2005 ?

Aubin Kotto Kpenze : Oui nous avons saisi par une plainte, le Procureur de la CPI via notre Conseil Maître Kessel. Aussi, nous collaborons avec le ministère de la justice centrafricaine avec qui nous échangeons des informations sur le sort des victimes de la LRA.

Oubangui Médias : Et quelles sont vos exigences à la CPI à l’heure actuelle ?

Aubin Kotto Kpenze : Nous demandons juste à la CPI de prendre en compte les victimes centrafricaines de la LRA aux côtés des victimes ougandaises pour qu’elles puissent participer au procès Kony qui risque de se tenir en l’absence de Joseph Kony car le Procureur de la CPI avait demandé la procédure par contumace de Joseph Kony. Nous avons bon espoir que nos membres vont obtenir justice car nous avons trop souffert.

Oubangui Médias : Que demandez-vous concrètement aux autorités centrafricaines et aux partenaires de la Centrafrique?

Aubin Kotto Kpenze : Nous demandons aux autorités centrafricaines de nous appuyer sur le volet alimentaire, médical et prise en charge psychologique de nos membres qui souffrent jusqu’à présent. Nous demandons au gouvernement centrafricain de saisir la CPI pour appuyer notre plainte auprès du Procureur de la CPI puisque l’affaire Kony est en cours.

Notre association demande aux partenaires techniques et financiers de la RCA d’appuyer nos victimes, les enfants à être à nouveau scolarisés et à retrouver leurs familles ; la mise en place d’activités génératrices de revenu en faveur des victimes ainsi que la protection des enfants.

Oubangui Médias : Aubin Kotto Kpenze, merci à vous

Aubin Kotto Kpenze : C’est à moi de vous remercier

Interview réalisée par Fridolin Ngoulou