Après dix ans d’exil au Cameroun, plus de 300 réfugiés centrafricains composés majoritairement des éleveurs peuls ont décidé de retourner au pays suite au retour progressif de la paix en RCA. Ils sont accueillis le jeudi 14 mars à Garoua Boulai par la ministre de l’Action Humanitaire Josiane Lina Bemaka Soui et le Représentant du HCR en République centrafricaine Fafa Olivier Attidzah.

Il est 12h 10, l’heure à laquelle le convoi de ces rapatriés est arrivé à la frontière centrafricano-camerounaise. L’émotion est visible sur les visages de ces centrafricains qui ont fui le pays entre 2013-2014. Après la cérémonie de leur accueil entre les autorités des deux pays, à savoir le Gouverneur de la région Est du Cameroun Grégoire Mvongo et la ministre de l’Action Humanitaire Josiane Lina Bemaka Soui, le convoi est conduit au site de transit de Béloko, avant que ceux-ci soient conduits dans leurs localités préférées.

Hamadou tout comme Aliou Hibrahim respectivement pères de 6 et 7 enfants dont 4 filles, se disent content de retourner au pays après avoir passé 10 ans au Cameroun : « J’ai trop souffert durant ces dix années au Cameroun. Trouver du travail est un parcours de combattant et grâce à Dieu les autorités centrafricaines et le HCR ont facilité notre retour. Je suis vraiment content de cet effort de nos autorités. Nous avons tout perdu lors de ces crises, et je demande juste un appui financier au HCR pour me lancer dans le commerce de divers articles», a plaidé Aliou Hibrahim, l’un des rapatriés.

Le rapatriement des réfugiés centrafricains a commencé depuis 2017 et pour la fin de 2023 et début 2024 c’est le 2e convoi du côté Cameroun. Il y a environ 622.000 réfugiés centrafricains à l’extérieur du pays et depuis 7 ans aujourd’hui, le gouvernement avec l’appui du HCR a pu rapatrier 36.000 personnes, mais le Représentant du HCR-RCA Fafa Olivier Attidzah a promis d’accélérer ce processus afin que ceux-ci regagnent le pays dans un délai très court : « Pour que ce retour soit durable, il est prévu un certain nombre d’activités de réintégration dans les zones de retour et ces activités de réintégration comportent les abris qui est l’un des besoins essentiels de toute famille et l’agrandissement des capacités d’absorption de ces localités c’est-à-dire construire plus des salles de classes, augmenter la capacité d’accueil des centres de santé existante, les systèmes d’eau et aussi la création d’emploi. »  

Parmi ces réfugiés centrafricains au moins 300.000 personnes sont originaires des préfectures du Sud-Ouest de la RCA.  Le HCR a planifié de les faire rentrer au pays sur cinq ans en raison de 5000, 20.000 et 80.000 jusqu’en 2028.

Un programme pour accompagner les rapatriés

La plupart des rapatriés sont des agriculteurs et des éleveurs. Pour leurs réintégrations, le HCR en commun accord avec certaines organisations et des bailleurs ont mis en place des programmes qui visent à appuyer les communautés d’accueils.

C’est le cas par exemple du centre de formation en informatique de Bouar qui accueille plus de 30 jeunes rapatriés qui désirent apprendre l’informatique, les groupements « Barka et Ga mon bâ » de Baoro qui se sont lancés dans l’élevage des poulets. Mariam Abdoulaye, l’une des bénéficiaires de ce programme a indiqué que la ville de Baoro ne dispose pas un poulailler en tant que tel, mais aujourd’hui ces groupements arrivent à produire plus de 400 volailles dans 6 mois. Ce qui leur a permis de s’occuper de leurs familles. Toutefois, elle plaide pour un autre financement qui pourra permettre à ces groupements d’accroitre cet élevage.  

Pour que ce programme puisse être mis en œuvre, la nécessité d’une mobilisation des ressources est importante. « Donc le HCR ne pourra pas résoudre tout seul », a lancé son Représentant Fafa Olivier Attidzah.  

Pour la ministre de l’Action Humanitaire et de la Réconciliation Nationale Josiane Lina Bémaka Soui, la RCA a connu des moments le plus sombre de son histoire occasionnant des mouvements de sa population dans les pays limitrophes. Mais le gouvernement centrafricain est engagé à pacifier les zones et c’est ce qui a motivé ces compatriotes et le HCR de programmer le transport par vague de ces rapatriés. Le gouvernement promet de mobiliser des moyens nécessaires pour assurer une bonne réintégration des rapatriés : « Je voudrais ici saluer le leadership du Chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra qui a validé et officialisé une plateforme d’appui aux solutions aux crises centrafricaines. Cette plateforme a pour objectif de mobiliser les ressources afin que le programme de réintégration de nos compatriotes soit suffisamment financé et que ça soit un programme durable», a salué la ministre.

Ce rapatriement de masse des réfugiés centrafricains précède celui d’autres, trouvant refuse au Congo. 

En plus de ce rapatriement coordonné, plusieurs milliers d’autres réfugiés retournement d’une manière spontanée, au bénéfice du retour progressif de la paix dans le pays.

Christian-Stève SINGA de retour de Béloko.