La crise de carburant qui a commencé il y a huit mois va encore s’aggraver dans le pays d’ici une à deux semaines. Le ministre conseiller en communication du président de la République, porte-parole de la Présidence de la République Albert Yaloke-Mokpème s’est exprimé samedi 14 octobre dernier à la presse à ce sujet. Alors que Total Energies exprime une volonté de cesser l’approvisionnement en carburant dans le pays, demandant au gouvernement d’augmenter les prix à la pompe, toutes les stations-services du pays sont désormais à sec. Seul le marché noir alimente le pays avec tous les risques possibles. Albert Yaloke-Mokpème répond aux questions de l’Oubangui Médias.

Monsieur le ministre conseiller, l’approvisionnement en carburant est conditionné par la revalorisation de la subvention de l’Etat ou soit l’augmentation des prix à la pompe. Au niveau de la Présidence de la République et donc du gouvernement, quelle est votre position ?

Albert Yaloke-Mokpème : Le gouvernement discute les conditions de livraison. Le problème aujourd’hui c’est le transport, il nous faut des cargos aujourd’hui pour fournir le carburant et approvisionner les stations-services. Le problème de Total Energies est réel. L’Etat a toujours subventionné le carburant afin de le maintenir à un niveau acceptable par la population, c’est-à-dire que les prix ne doivent pas atteindre 1000 FCFA. Mais aujourd’hui, les marqueteurs considèrent que s’ils continuent à vendre aux prix actuels, ils feront des pertes parce que les autres, dans certains pays ont augmenté les prix mais pas eux, l’Etat leur impose de vendre aux prix actuels. Voilà c’est autour de cela que le gouvernement discute avec les fournisseurs, principalement Total Energies. Mais total veut carrément qu’on explose les prix à 60 ou 70%. Cela bloque à un certain niveau car le gouvernement n’a pas une marge nécessaire pour augmenter sa subvention.

Mais, il y a une solution à tout. Cela nous montre la fragilité de nos approvisionnements. Il va falloir effectivement diversifier les sources d’approvisionnement en carburant. Ce problème s’est posé dans beaucoup de pays et maintenant ils ont beaucoup de distributeurs. Nous devons aussi multiplier nos fournisseurs.

En attendant,  le pays connaitra une crise aigüe de carburant

Albert Yaloke-Mokpème : Sincèrement, on ne pourra pas tenir dans la durée d’autant plus que quand on regarde bien, c’est le marché noir qui fleurie en ce moment. Ce secteur représente un danger. D’ici une à deux semaines, il y aura beaucoup d’immobilisation dans le pays car il y aura plus de carburant. Il y a des gens qui sont prêts à faire venir du carburant alors qu’ils n’ont pas la licence d’importation officielle. C’est aussi un problème et un danger quand on assiste à des cas d’incendie des dépôts illégaux de carburant dans le pays. En période des crises, il y a toujours des commerces illicites qui se développent. Parfois, ce ne sont pas les produits de bonne qualité.

Mais sur la question de la crise du carburant en général, le problème est mondial. Il y a même une grève chez les raffineurs et l’approvisionnement pose problème. Nous voyons qu’en France, il y a des longues queues pour avoir du carburant, des bousculades, des bagarres sont quotidiennement observés. Donc, nous sommes victimes d’une situation qui vient de loin, en plus de la crise ukrainienne qui a bouleversé l’ordre d’approvisionnement en carburant. Il y a une crise qui est là et qui frappe tout le monde.

Avec cette situation, Total Energies affiche une volonté de cesser toutes ses activités. Cela vient juste après l’annonce du retrait de la Mission Logistique (MISLOG), une mission des militaires français stationnés au camp M’Poko à l’aéroport de Bangui. Comment le gouvernement aperçoit ces positions?

Albert Yaloke-Mokpème : Le problème avec Total, vous êtes des observateurs de la vie publique, la politique en place en ce moment ne plait pas à tout le monde. Il y a des partenaires principalement la France qui se désengagent partout, à tous les niveaux : SUCAF, base militaire M’Poko et maintenant Total Energies.

Le gouvernement prend acte de cette volonté de la France de retirer ses troupes de la dernière base de M’Poko à Bangui. Ceci, tout comme le gouvernement avait pris acte du retrait de la Sangaris en 2016. Aujourd’hui, la question que la population lambda se pose est celle de savoir quel est le rôle de cette mission dans le circuit de sa sécurité. Je sais que c’est une mission d’assistance logistique qui appuie des officiers français dans la Minusca et dans la mission européenne de formation des FACA (EUTEM) et qui assure aussi la protection de quelques intérêts français à Bangui. Aujourd’hui, cette mission part, le gouvernement français a peut-être sa raison. Notre devoir c’est de renforcer nos forces de défense et de sécurité pour nous éviter d’aller faire appel à d’autres personnes pour venir défendre notre pays. C’est une volonté affichée de la République centrafricaine.

Albert Yaloke-Mokpème , Merci

Albert Yaloke-Mokpème : Merci

Fridolin Ngoulou