La République centrafricaine a abrité le 16 mars 2024, la célébration du trentenaire qui marque la création de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) qui est couplée avec la quinzième édition de la journée de cette institution sous-régionale. Cette cérémonie a eu lieu en présence des imminents personnalités telles que le numéro centrafricain Faustin Archange Touadéra et Baltasar Engonga Edjo’o, respectivement président en exercice de la conférence des Chefs d’État de la CEMAC et la Commission de la CEMAC. Après trente ans de création quel bilan peut-on faire ?

Selon le Chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra, le bilan de la CEMAC est positif.  Trente ans après sa création, de nombreuses situations ont été améliorées au niveau de la sous-région en matière d’intégration. Le 16 mars 1994 après une décennie, la dévaluation du franc CFA, la sous-région avait décidé d’opérer un choix qui selon le président Touadéra est responsable et stratégique, en procédant à la transmutation de  l’Union Douanière et Economique de l’Afrique Centrale (UDEA) en CEMAC pour une vision plus claire : « La longue marche depuis l’UDEAC a marqué d’innombrables emprunts en matière d’intégration mais elle avait besoin d’être renforcé. Un regard rétrospectif sur le parcours de la CEMAC depuis sa création en 1994 nous conforte dans la pertinence du choix opéré par les pères fondateurs mais également sur l’impérieuse nécessité d’évoluer ensemble pour bâtir ce destin commun ».

Selon le président en exercice de la Conférence des chefs de la CEMAC, cette institution a considérablement amélioré le cadre conceptuel, institutionnel et la réglementation communautaire de la sous-région, ce qui a fort heureusement conduit à un début effectif de l’Union douanière avec la libre circulation des marchandises et la libération des échanges intracommunautaires, ensuite il y a toute la problématique liée à la surveillance multilatérale qui a permis aux Etats de l’Afrique Centrale d’avoir une stabilisation macroéconomique ouvrant la voie à des appuis et des partenaires financiers.

Les efforts fournis par la CEMAC ont permis la prévision de 2023 portant l’inflation dans la sous-région CEMAC à 3,3% avant de revenir en dessous du critère de convergence à 3% à partir de 2024. La croissance en moyen terme augmente progressivement à 3,5%, principalement en raison d’une reprise plus dynamique du secteur pétrolier : « Les réformes visant à améliorer la gouvernance, la transparence et l’environnement des affaires devraient commencer à porter leurs fruits cela prouve que la CEMAC présente dans son ensemble un bilan positif sur le plan macroéconomique avec une amélioration ces dernières années de ces principaux agrégats, preuve d’une reprise effective de l’activité économique après la période marquée par la pandémie du COVID 19 »,a évoqué le président Touadéra

Dans le souci de promouvoir et d’approfondir l’intégration sous régionale à travers la considération de la libre circulation des personnes et des biens, la promotion de l’économie numérique, deux de projets intégrateurs ont été soumis aux partenaires financiers lors de la table ronde organisée à Paris en octobre 2022 et novembre 2023.

Ces projets sont orientés pour la plupart sur la construction des infrastructures régionales donnant l’accès durable à l’énergie afin de renforcer les échanges intracommunautaires et davantage au profit des potentialités de la zone de libre-échange continental Africain.

Notons aussi qu’en 2016, les chefs d’État de la CEMAC ont adopté un programme de réforme pour conduire la communauté à une stratégie régionale d’import substitution, des produits de crus en vue de renforcer la production locale et accroître les échanges entre les pays de la CEMAC.

Les défis relevés pour les prochaines années

Certes, la CEMAC a fait des progrès au niveau de la sous-région mais des défis énormes restent à relever.  Baltasar Engonga Edjo’o président de la commission CEMAC dans son discours de circonstance a expliqué que la force de la CEMAC repose sur sa monnaie qui est un grand atout : « La CEMAC reste le comité le plus avancé de toutes les institutions de l’Afrique Centrale et constitue un symbole avec sa monnaie commune. La stabilité de sa monnaie représente un autre indice de son influence protectrice. Sa vision stratégique a été toujours associée étroitement à la quête de la prospérité et de la préservation de la paix, dans un espace de libre champ économique. Tous ces acquis, nous le devons à la lucidité de nos pères fondateurs. Cet anniversaire ne doit pas nous inciter à verser dans la complaisance mais nous exhorte à poursuivre des efforts car les défis auxquels la communauté devra en faire face dans l’avenir sont nombreux et exigeant.»

Comme les autres communautés économiques, la CEMAC devrait relever quelques défis majeurs, à savoir l’élaboration de mesure qui impose l’approfondissement de l’intégration économique continentale au regard du lancement de la zone de libre-échange et des perspectives de l’agenda 2063 de l’Union Africaine.

La régularisation des effets de la mondialisation dans toutes ses dimensions y compris les transformations de la finance mondiale. La formation et l’emploi des jeunes qui constituent l’avenir de la sous-région dans un monde qui s’annonce de plus en plus compétitif et impitoyable. La démarche du progrès technologiques très rapide et développement de l’intelligence artificielle sont autant des défis à relever. La commission de la CEMAC a  ses propres défis au-delà de la situation regrettable mise à jour par les récents audits qui a largement défrayé la chronique. Deux pour la commission CEMAC à savoir le suivi exigeant à l’évaluation rigoureuse de l’exécution de la politique commune sans lesquelles l’interaction sera illusoire. La poursuite de celui de la réforme décisive en vue d’instaurer une gouvernance qui sera plus exigeante et plus crédible.

Milca Bissidi