Le 17 mars 2023 à Yaoundé, le Président centrafricain, Faustin Archange Touadera est devenu le Président en exercice de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) par principe de rotation à la tête de l’institution.

Cette Présidence a été vue comme une victoire par une franche de ses compatriotes qui ont exprimé leur joie sur le retour du siège de la CEMAC à Bangui. Cela constitue donc pour les Centrafricains, « une prouesse diplomatique ».

Si la mandature de Touadera à la tête de la CEMAC est saluée par ses compatriotes, elle revêt plusieurs enjeux notamment sur l’intégration sous régionale qui marque le pas, la sécurité et enfin, la bonne gouvernance.

En déclarant dans son discours d’ouverture que « le monde change. La CEMAC ne saurait rester en marge du mouvement », le Président Paul Biya interpelle déjà son successeur sur les dossiers qui l’attendent. Dans sa future mission, il s’agira pour Touadera de manager et de « réussir la fusion des marchés de la sous-région ».

Puis, d’impulser l’économie de la sous-région qui pâtit depuis la crise russo-ukrainienne par l’adoption de mesures stratégiques et opérationnelles. Il s’agit pour la CEMAC et les pays qui la composent d’« assurer la sécurité alimentaire » de ses 66 millions d’habitants et de « mettre en place les conditions de reprise d’une croissance économique forte, inclusive et durable ». Il faudra relever que « les échanges économiques et commerciaux sont quasiment nuls, peinant à dépasser 2% ».

Enrichir la réflexion sur les questions monétaires (CFA et cryptomonnaie).

Autre dossier brûlant sur la table du Président en exercice de la CEMAC est celui du FCFA qui n’a pas fait de « grandes avancées et aucune conclusion n’a été tirée pour le moment sur la réforme de cette monnaie », reconnaissent des observateurs de la sous-région et le communiqué de la 15e conférence.

Ni la CEMAC et l’Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest n’ont réalisé aucune réforme du FCFA jusqu’à ce jour alors que l’opinion nationale des pays membres exigent à leurs Présidents une souveraineté monétaire. C’est donc sur la réforme du FCFA et celle de l’adoption de la crypto monnaie que Touadera devra déployer toute son influence pour qu’elle existe à côté du FCFA dont une réforme est très attendue. Mission difficile mais pas impossible.

La menace sécuritaire, un frein à l’économie :

On ne saura omettre d’évoquer la problématique de la sécurité dans la zone CEMAC avec la persistance des attaques de groupes armés en Centrafrique, de Boko Haram au Cameroun et dans la région des Grands Lacs sans oublier la menace dans le Golfe de Guinée.

Si des observateurs sont pessimistes sur la Présidence de Touadera à la tête de la CEMAC et font un lien avec sa gouvernance de la RCA qui demeure le maillon le plus faible de la sous-région, il y a lieu de comprendre que sur les dossiers sécuritaires en passant par les dossiers socio-économiques dont, le Programme Économique Régional de deuxième génération et la libre-circulation pour booster les échanges, ce ne sera pas avec un bâton magique que le Président centrafricain pourra redynamiser la CEMAC, mais devra compter aussi sur la volonté de ses pairs Chefs d’Etat.

« Ma mission pendant cette période, c’est la mise en œuvre de ces résolutions. Donc, je vais m’atteler pour que nous ayons des résultats à court terme pour certaines de résolutions », a déclaré Faustin Archange Touadera, au cours d’un point de presse à sa descente d’avion à l’aéroport de Bangui.

Il a par ailleurs rappelé que « nous sommes dans une communauté. S’il y a des urgences qui arrivent, il m’appartient de consulter les autres chefs d’Etats pour voir comment, nous pouvons régler les problèmes qui pourraient se poser. Comme vous le savez, au sein de la communauté, c’est le principe de la solidarité. Il y a des questions qui concernent donc l’ensemble de nos pays. Et ce sont ces questions que la communauté sera amenée à trouver des solutions », a-t-il martelé.

Le Président Touadera prend la tête de la CEMAC 13 ans après la dernière présidence tournante de la Centrafrique assurée par l’ancien président François Bozizé. Il est attendu au pied du mur pour impulser sa dynamique des réformes de cette institution sous régionale.

Junior Max Endjigbongo