C’est depuis quelques semaines que l’opinion nationale voire internationale est suspendue sur la décision prochaine de la Cour Constitutionnelle, au sujet des réformes constitutionnelles engagées par le gouvernement centrafricain.
Les choses vont très vite du côté du gouvernement mais l’opposition principalement et toute l’opinion est encore dans l’attente de la Cour Constitutionnelle qui doit dire si ce projet est constitutionnel ou non, ou soit approuver l’idée du référendum pour départager les camps opposés.
Depuis le lancement officiel en aout dernier du processus des réformes constitutionnelles en Centrafrique, une partie de l’opposition a saisi la Cour Constitutionnelle pour l’annulation du décret créant le comité de rédaction de la nouvelle constitution. Ce qui veut dire que la requête du Bloc Républicain pour la défense de la Constitution (BRDC) vise l’annulation pure et simple de ce projet. Mais les membres de ce comité étant déjà installés avancent pour tenir le délai de trois mois qui leur a été confié.
L’opposition voit en ce projet d’une nouvelle constitution la levée du verrou qui permettra au président Touadera de rester au pouvoir après les deux mandats fixés par la constitution actuelle.
Cependant du comité du gouvernement et du parlement, les choses s’accélèrent pour doter la République Centrafricaine d’une nouvelle constitution en lieu et place de celle actuelle, jugée caduque et comportant plusieurs irrégularités. La Constitution du 30 mars 2016 a été rédigée pendant la transition par le conseil national de la transition et selon le gouvernement actuel, cette constitution a été faite dans la précipitation en laissant passer des énormités.
Plusieurs centaines de milliers de la population avaient manifesté le 6 aout dernier demandant une nouvelle constitution. Les manifestant estiment que la Constitution actuelle a été une copie collée et empêchant par exemple les jeunes de moins de 35 ans de postuler comme candidats à la Présidentielle. Les femmes sont aussi pour la plus part empêchées à cause des conditions liées aux propriétés bâties par exemple.
La Cour Constitutionnelle qui se trouve entre le four et le moulin devra prendre une décision courageuse en tenant compte bien-sûr des réalités actuelles du pays.
Que sa décision soit en faveur du gouvernement ou de l’opposition, elle s’annonce sous tension. Une crise politique voire sécuritaire est inévitable. Mais cette décision, si elle est prise en faveur de la population, les centrafricains ont de plus en plus une forte capacité de s’opposer aux conflits.
Un référendum pourrait être la voie pour départager les deux camps et éviter le trouble dans le pays ? Comme la présidente de la Cour Constitutionnelle Danielle Darlan l’avait bien dit lors de l’investiture du président Touadera le 30 mars 2021, si une décision est difficile à prendre par le président de la République, la solution est de consulter le peuple qui est souverain et détenteur de tous les pouvoirs.
La Cour Constitutionnelle est véritablement sous pression de deux camps et pourrait se ranger du côté de la population qui est souveraine afin que celle-ci se prononce sur ce dossier brulant mais déterminant pour l’avenir politique du pays.
Fridolin Ngoulou
Commentaires récents