Le marché de la villa Kolongo situé dans le 6° arrondissement de Bangui accueille chaque semaine notamment tous les mercredis et vendredis, des produits vivriers importés de la République Démocratique du Congo vers Bangui.

100% des produits consommables comme le manioc en cossette, le manioc sec, des bananes plantain, des arachides, de l’huile de palme et bien d’autres viennent de la RDC par le fleuve Oubangui.

Les prix de ces produits varient selon les périodes et les circonstances. A titre d’exemple, en cette période des pluies, le prix du sac d’arachide est en hausse. Une situation déplorée par Jeanne l’une des commerçantes : « Nous partons à Zongo et à Dongo pour acheter des sacs d’arachides.  Là-bas, on nous vend un sac à 60 000 FCFA , et de retour, nous revendons à 85.000 FCFA.  La cuvette quant à elle se revend à 12 000 FCFA. Je tiens à vous préciser que les taxes douanières sur les marchandises sont également élevées, ce qui justifie parfois la hausse des prix ».

Mais, les bidons d’huile sont importés de Botombeke, Libengue, et Gbolô toujours du côté de la RDC. Le prix d’un bidon d’huile coûte 8 000 FCFA et le litre se vend à 400 FCFA. Ces prix sont souvent invariables à condition que la pénurie ne se fasse sentir.

Cependant, le manioc est l’un des produits dont les prix sont variables selon les circonstances a témoigné  Olivier: « Le manioc en cossette et le manioc sec, nous les achetons vers Libengue. Nous payons également des taxes au niveau du poste de contrôle de Kolongo. Pour ce faire, nous sommes obligés de revendre le sac de manioc en cossette à 5 000 FCFA voire 4 000 FCFA si nous n’arrivons pas à trouver assez des clients.  Mais, pendant cette saison pluvieuse, nous revendons un sac de manioc sec à 16 000 FCFA ».

Au niveau du poste de contrôle nous avons le service de l’immigration, de phytosanitaire, de la douane, et celui du ministère de commerce. Tous ces services fonctionnent selon les textes qui émanent de leur ministère .

Pour Liliane Tambala cheffe de poste de contrôle de Kolongo, parfois, ces commerçants refusent de payer les taxes fixées par les textes.  « Ceci nous met en difficulté et en position de conflit. Mais nous trouvons des moyens pour résoudre ces problèmes. C’est l’incompréhension qui est souvent à l’origine de ces choses » a-t-elle ajouté sans dévoiler les recettes mensuelles que ce poste de contrôle encaisse et fait parvenir au niveau du trésor public.

La Centrafrique dispose de plus de 15 millions de terre arables mais dépend toujours de ses voisins en produit alimentaire, même si beaucoup de centrafricains se donnent à l’agriculture. Plusieurs villages du pays, manquent d’infrastructures routières pour évacuer les produits de l’agriculture et d’élevage. A cela, il faut ajouter les opérations des groupes armés qui ne facilitent pas les travaux champêtres.

A chaque crise dans le pays, Bangui bascule facilement dans une crise alimentaire.

Le rapport annuel d’Oxfam a relevé qu’au Sahel et en République Centrafrique, 17,4 millions de personnes vivent dans une situation d’insécurité alimentaire ou le pire. Alors que le PAM et l’Unicef ont alerté sur le fait qu’une personne sur huit est confrontée à une crise alimentaire alarmante en Centrafrique.

Wilfried Bouba