L’actuelle crise centrafricaine a pris sa naissance le 10 décembre 2012, le jour du lancement de la rébellion de la Séléka à Ndele. Plusieurs pays et/ou organisations ont été accusés d’alimenter la crise en Centrafrique. Le dernier en lice est le groupe français Castel, accusé de soutenir les rebelles de l’UPC de Ali Darass.

Des Forces Africaines (FOMAC) aux casques bleus de l’ONU, en passant par les forces françaises Sangaris, récemment les forces russes, sans oublier les pays limitrophes notamment le Tchad et le Soudan, chacun a été accusé à tort ou à raison de contribuer à alimenter la crise dans le pays. Des allégations qui ne tardent pas à être balayées d’un revers de main par les accusés.

Aujourd’hui, un groupe français est visé dans un rapport pour son soutien à la rébellion de l’UPC de Ali Darass dans la région de Ngakobo dans la Ouaka. Ce rapport soutient que la Sucrerie Centrafricaine (SUCAF) a tacitement conclu un accord avec les rebelles qui assurent la sécurisation de ses installations ainsi que la garantie de la libre circulation de ses produits.

Même si le groupe assure avoir ouvert une enquête interne pour enfin mettre la lumière sur cette affaire révélée par l’ONG américaine The Senty, trop d’accusions ont été portées par des médias locaux sur des multinationaux français en ce qui concerne un possible soutien aux rebelles, y compris ceuxdes pays étrangers ou organisations à la crise qui s’enlise en Centrafrique depuis 2013.

Cette ONG, a en juin dernier publié un rapport dans lequel les paramilitaires russes ont été accusés de grave violation des droits de l’Homme dans le pays, alors qu’ils soutiennent les Forces Armées Centrafricaines (FACA) dans la reconquête du territoire occupé par les rebelles depuis 8 ans. Depuis janvier 2021 les rebelles réunis au sein de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), dirigé par l »’ancien président François Bozizé a lancé des offensives pour prendre plusieurs villes du pays, protestant contre la tenue des élections groupées dans le pays.

Le gouvernement avait rejeté en bloc le rapport de juin 2021. Cette même ONG, comme pour équilibrer son enquête cible un multinational français de son financement à ce groupe rebelle de l’UPC, le plus nuisible du pays. Ce groupe composé à majorité par des peuls centrafricains et étrangers est dirigé par Ali Darass de nationalité nigérienne, en maquis dans le pays depuis 2008, avant d’intégrer la coalition Séléka de Michel Djotodia qui a pris le pouvoir en avril 2014.

A qui le prochain tour ? Difficile d’alléguer. Mais ce qui est sûr,  la Centrafrique a servi comme une vache au lait pour plusieurs intérêts.

Que doit faire le gouvernement ?

La triste expérience avec l’opération Sangaris, dont quelques soldats ont été accusés de viol sur les mineurs alors que le dossier a été classé sans suite ne doit plus se reproduire avec tous ceux qui sont accusés de violation des droits de l’Homme ou de tentative de déstabilisation du pays.

Des enquêtes sérieuses doivent être diligentées par le gouvernement pour situer les responsabilités dans toutes les violations, y compris celles imputables aux forces loyalistes.  La Centrafrique devra cesser d’être la victime d’un complot international pour servir les intérêts des tiers.  Son peuple a besoin de vivre en paix et de ne pas toujours subir le mutisme de ces propres autorités.

La communauté internationale doit jouer un franc jeu pour dénoncer la mafia de certaines puissances en Centrafrique, alors que son peuple attend le bout de tunnel depuis plusieurs années.

Un bloc doit être constitué pour barrer la route à toutes les tentatives de déstabilisation du pays, aujourd’hui fragile et dépendant toujours de l’aide internationale.

Jean Ngbandi