Par Clément DE-BOUTET M’BAMBA
A mes Sœurs et Frères du Parti.
Militantes, Militants du RDC
Sœurs et Frères,
Le 25 avril 2021, le Frère Désiré Nzanga Bilal KOLINGBA, Président du Rassemblement Démocratique Centrafricain depuis 2015, était rappelé à Dieu. Trois mois après son décès, une profonde crise s’est installée et a fait entrer le Parti dans la période la plus difficile de son histoire. Les stigmatisations et la chasse aux sorcières post 22 octobre 1993, la liquidation ordonnée du Parti après le coup d’état manqué du 28 mai 2001, les années de braise qui ont suivi le coup d’état du 13 mars 2003, et la période Séleka ne sont pas parvenues à mettre en berne le drapeau du parti.
Aujourd’hui, c’est une crise interne qui renvoie les militants devant les tribunaux malgré l’existence d’instruments pour la solutionner en conformité avec les Statuts et le Règlement intérieur. Conséquence directe, la fermeture provisoire du siège à quelques mois des élections municipales qui risque de mettre en hibernation, la mise en perspective des ambitions locales du Parti, 1ère étape indispensable à la reconquête du pouvoir.
Trente cinq années après sa création, l’après Désiré Nzanga Bilal KOLINGBA est une période qui inaugure l’arrivée à la direction du Rassemblement Démocratique Centrafricain de la 5ème génération de ses responsables.
Parti historique et légalement constitué, les fondements du Rassemblement Démocratique Centrafricain résident d’une part dans la stricte observation des textes dont il s’est librement doté et d’autre part dans sa grande et riche histoire adossée à l’histoire politique de la République Centrafricaine dont nous, Militantes et Militants du RDC n’avons pas à rougir. En effet, les faiblesses de nos actions gouvernementales ont été identifiées, commentées et servies de locomotive au changement d’octobre 1993. Ceux qui nous ont succédés, étaient censés faire mieux que nous. Ceux qui ont succédés à ceux qui nous ont succédés devraient aussi faire mieux qu’eux ainsi de suite. Mais ce qui nous a suivi doit nous rendre fier et nous motiver à œuvrer davantage pour le rayonnement du RDC et par delà lui, de la République Centrafricaine. C’est pour avoir abandonné la conduite avec ces repères fondamentaux que nous connaissons aujourd’hui cette difficile période.
Sœurs et Frères,
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un triple défi dont le solutionnement est l’unique porte de sortie qui démontrera la solidité de notre formation politique et aussi un indicateur de la vitalité de la démocratie centrafricaine :
La guerre de succession
Les textes qui président aux destinées du Rassemblement Démocratique Centrafricain, malgré leurs insuffisances, ont prévu depuis novembre 2010, tous les mécanismes de remplacement d’un membre du Bureau Politique en cas d’empêchement définitif. C’est l’absence manifeste de l’application de ces dispositions qui a ouvert la voie à la période actuelle où un bicéphalisme est volontairement entretenu afin de servir à la réalisation de certains agendas. Pour ne pas être parvenus à faire la paix des braves en enterrant des considérations périphériques, nous sommes devenus aujourd’hui objet d’incompréhension, de railleries et d’indifférence à la limite du mépris.
Le renouvellement et l’élargissement de la base
Le 2ème défi auquel est confrontée la 5ème génération des leaders du Rassemblement Démocratique Centrafricain est celui du renouvellement et de l’élargissement de sa base. La difficile période connue par le frère Président Fondateur du Parti et ses cadres, entre novembre 1993 et juillet 2001, a eu pour conséquence de fédérer autour de ce dernier, une base qui constitue le terreau militant et électoral du RDC. Depuis lors, nous nous sommes contentés de cette cartographie malgré son rétrécissement sans aller à la conquête d’autres territoires, d’autres nouveaux militants. Nous avons abandonnés des pans entiers du vaste champ politique national. Le RDC post 2022, devra être un Parti ambitieux et audacieux, sinon, il risque de disparaître. L’élargissement de la base est le traitement qu’il nous faut pour éviter une fin qui signifierait aussi la mort de l’espérance pour de nombreux Centrafricains qui croient qu’un autre Centrafrique est encore possible avec le RDC.
Le positionnement idéologique du Parti et son ancrage politique dans le contexte national actuel.
Pour pouvoir exister et jouer un rôle majeur sur l’échiquier politique national, le Rassemblement Démocratique Centrafricain d’aujourd’hui et des jours à venir devra répondre clairement à trois préoccupations politiques :
Le positionnement idéologique
Ce débat qui traverse le parti depuis un peu plus d’une décennie et qui n’a pas encore une réponse définitive devra, à la faveur du prochain Congrès extraordinaire, trouver une issue. En effet, le contexte de la création du Parti, les années au pouvoir, les saisons d’opposition et l’état actuel du monde dans lequel notre pays doit trouver sa place sont autant d’éléments qui doivent aujourd’hui motiver une mue afin de nous permettre de mieux structurer les réponses à apporter aux besoins fondamentaux des Centrafricains. La question à laquelle nous avons l’obligation de répondre cette fois-ci est : le RDC de 2022, et des années à venir est-il un Parti Libéral ou Socio-démocrate ?
Quelle est la place du RDC dans le contexte politique national du moment
Face à la recrudescence de l’insécurité, les appels à la modification de la constitution ou au referendum constitutionnel, la cryptomonnaie et d’autres sujets qui convoquent le destin national, le Rassemblement Démocratique Centrafricain doit se positionner clairement, faire entendre et prendre part activement à l’œuvre de consolidation de la démocratie et des libertés.
La vision du RDC
Dans un contexte tel que décrit précédemment, le Rassemblement Démocratique Centrafricain doit Redefinir sa vision du Centrafrique d’aujourd’hui et de demain. Une vision audacieuse, la sienne, qui redonne confiance à toutes les filles et fils de Centrafrique pour que vive l’espérance par l’audace d’espérer en faisant entrer la RCA dans une nouvelle ère où le rêve des Centrafricaines et des Centrafricains ne sera plus qu’un rêve.
Militantes et Militants du RDC
Sœurs et Frères,
Ce qui nous divise aujourd’hui est tout sauf politique. En effet, nos fractures trouvent d’une part leurs origines dans la gestion du Parti à partir de décembre 2019, et d’autre part dans l’adhésion du Rassemblement Démocratique Centrafricain à la majorité présidentielle que certains ont voulu considérer comme leur « gbanda »(1). Nous pouvons aujourd’hui ergoter, nous accuser mutuellement, médire et prêter aux uns et aux autres, tous les noms d’oiseaux imaginables, mais dans le fond, nous sommes tous, à des degrés différents, responsables du déclin de notre Parti. Il est venu le temps pour redresser le RDC et le reconstruire afin de le relancer à la rencontre du Centrafrique et des Centrafricains.
Aujourd’hui s’offre à nous une fenêtre d’opportunités où tous les astres et constellations se sont alignés pour permettre la renaissance du Rassemblement Démocratique Centrafricain et la mise en route de ses ambitions futures.
Le Congrès qui s’annonce n’aura donc pas seulement pour objet de doter le Parti d’une nouvelle direction. Il aura aussi et surtout pour mission, de refonder le Rassemblement Démocratique Centrafricain, de moderniser ses méthodes, d’insuffler une âme nouvelle aux militants, de partir à la conquête de nouveaux territoires via les prochaines échéances locales, de devenir les acteurs de notre histoire et de prendre le train positif de l’histoire politique de notre pays en opérant un changement de paradigme.
Frères et Sœurs,
Il n y a pas un RDC pour les Musulmans, un RDC pour les Yakomas, un RDC pour les Banda, un RDC pour les Gbaya, etc. il n y a qu’un SEUL RASSEMBLEMENT DEMOCRATIQUE CENTRAFRICAIN. Alors, Ensemble, osons pour écrire les prochaines pages de notre histoire.
Vive le Congrès,
Vive le RDC
Clément DE-BOUTET M’BAMBA
1 : Gbanda(Filet) : outil de pêche passif permettant de capturer des poissons
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