Après neuf mois de cours, les écoliers sont en grande vacance depuis fin juin. Pendant cette période, certains d’entre eux passent beaucoup de temps à la maison et dans des divers lieux de distraction pour récupérer. D’autres se lancent dans les activités génératrices de revenu afin d’aider leurs parents à bien préparer la nouvelle rentrée scolaire.

En Centrafrique, certains parents éprouvent d’énormes difficultés pour préparer la rentrée scolaires de leurs progénitures : paiement des frais de scolarité et achat des fournitures scolaires. Cela s’explique par le manque de moyens financiers conséquents pour couvrir ces besoins. Vendeurs à la sauvette, commerçant des chenilles, certains vacanciers exercent ces activités en vue d’aider leurs parents à faire face à ce manquement.

« Ma tante avec qui je vis actuellement est une commerçante. Elle vend des chenilles au marché de Bimbo. J’ai sillonné les débits de boissons avec une quantité que j’ai prise chez elle. Je fais parfois trois ou quatre tours dans ces lieux de diversement pour vendre les chenilles. C’est une occasion pour moi d’aider ma famille en ce période de grandes vacances », c’est le témoignage de Micho, élève en classe de CM1 à l’école Galabadja, dans le 8e arrondissement de Bangui, venu passer les vacances chez son grand père à Bimbo.

Sephora Doriane Kango, est une élève en classe de 1ère A au lycée de Miskine. Elle vend les chenilles au marché Miskine. C’est une occasion pour elle de s’occuper pendant ce temps de repos et générer de l’argent. «  Je vends les chenilles chaque année pendant les vacances. Je serais en terminal l’année prochaine. Je suis une fille. En plus de ce que les parents vont me fournir à la rentrée scolaire, je veux avoir d’autres articles et vêtements que je dois payer moi-même. Voilà la raison pour laquelle que je me suis lancée dans cette activité », a expliqué cette jeune fille. « Pour mieux se préparer pour la rentrée des classes, j’encourage mes condisciples à faire comme moi. Lorsque nous serons adultes, nos parents ne vont s’occuper de nous comme ils le font actuellement. Nous allons nous prendre en charge nous-même » ajoute-t-elle.

Julien (nom d’emprunt) prend sa bière à la paillote la Bamba, en face du marché Miskine. Il venait d’acheter les chenilles chez Christian, élève en classe de 5e au lycée des Martyrs, qui sillonne les paillotes pour vendre ses marchandises. « Je viens d’acheter les chenilles pour 1500 francs CFA chez cet enfant. Je lui ai donné 2000 francs CFA. Je l’ai dit de garder la monnaie. Pour moi, c’est une manière d’encourager ces enfants. L’école n’est pas la seule voie de réussite dans la vie. Il apprend déjà à devenir entrepreneur dans l’avenir. Ce sont des initiatives à encourager», a-t-il déclaré.

Jivella Malizevo, préfère consommer les chenilles que la viande de bœuf. Au moment  où le panier de la ménagère souffre avec la hausse des prix des denrées aliments sur les marchés. « Je vis avec ma mère et mes trois enfants. Ils sont tous à ma charge. L’augmentation des prix des produits de première nécessité, dont les denrées alimentaires, sur les marchés de Bangui, est un problème qui joue déjà négativement sur le panier de la ménagère. Je préfère les chenilles à la viande des bœufs en ce moment. La consommation des chenilles est devenue un plat préféré de chez nous », a justifié cette fille mère.

Le commerce des chenilles n’est pas seulement bénéfique pour les écoliers en vacances. Certaines commerçantes changent aussi de marchandises pendant cette période. A l’exemple d’Ornella Tanga, habitant le quartier Ngou-ciment dans le 5e arrondissement de Bangui. « Je suis vendeuse des feuilles de manioc et de champignons. Mais, pendant cette période, les gens aiment consommer les chenilles. C’est pourquoi j’ai changé de marchandises depuis début juillet. Actuellement, je vais à gbako de makongo « forêt des chenilles » à PK 55, route de Mbaïki pour m’en procurer. J’achète les cuvettes pour 50 000 ou 60 000 mille francs CFA. J’obtiens soit 10 000 à 15 000 mille francs de bénéfices après les avoir vendu ».

Cette activité génératrice de revenu se développe toujours pendant les grandes vacances. Mais cette année, la chaine d’approvisionnement est fortement perturbée à cause de la pénurie du carburant que le pays fait face. L’augmentation des tarifs de transport a une répercussion sur le prix de vente des chenilles. Mais malgré tout, cette période vient assouplir la crise alimentaire dans le  pays, née suite au conflit russo-ukrainien qui a fait flamber les prix des denrées alimentaires dans le monde.

Pétrus Namkoina