Située dans le nord-est de la République Centrafricaine, la préfecture de Bamingui-Bangoran était l’un des foyers du conflit armé déclenché en 2013. Aujourd’hui, avec le concours du gouvernement et des partenaires, ladite préfecture retrouve tout doucement la paix et se met en marche pour son développement. En mission de reportage dans la localité, Oubangui Médias a pu échanger avec le préfet Jean Gilbert Gbangoundou qui nous dessine le contexte sécuritaire et social de la région.

Oubangui Médias : Monsieur le préfet  de Bamingui-Bangoro bonjour

Jean Gilbert Gbangoundou : Bonjour monsieur le journaliste

Oubangui Médias : Depuis la crise qui a secoué votre localité, à ce jour, comment vous évaluez le contexte sécuritaire dans votre zone de juridiction ?

Jean Gilbert Gbangoundou : A l’heure actuelle, la situation sécuritaire est relativement calme, c’est vrai que la préfecture a traversé un moment difficile. Mais, lorsque le Chef de l’État Faustin Archange Touadera nous a nommé, mission nous a été donnée de réconcilier les deux communautés qui se regardaient en chiens de faïence. Etant donné que la population est hospitalière, automatiquement elle a répondu favorablement en signant le pacte de non-agression et ce qui a valu la circulation dans la localité. Donc, c’est pour vous dire que jusqu’au jour d’aujourd’hui, la situation sécuritaire est relativement calme.

Oubangui Médias : Cela sous-entend que la circulation des biens et des personnes est garantie ?

Jean Gilbert Gbangoundou : Nous pouvons répondre de manière affirmative du moment où les soldats de la Minusca, la force de défense et sécurité je veux parler de la gendarmerie et la police, les FACA  et nos alliés russes sont encore là avec nous.  Depuis le déploiement de ces forces, il n’y a pas de crépitement d’armes dans la préfecture de Bamingui- Bangoran. Cela sous-entend que la préfecture est relativement calme et qu’il y a la libre circulation.

Oubangui Médias : Qu’en-t-il du rétablissement de l’autorité de l’Etat à Ndele et dans tout le Bamingui-Bangoran ?

Jean Gilbert Gbangoundou : La restauration de l’autorité de l’État est effective dans la préfecture de Bamingui- Bangoran, sauf l’absence des certains fonctionnaires récalcitrants qui sont restés à Bangui au vue de tout le monde.

Oubangui Médias : Mais est-ce-que vous avez alerté Bangui pour les rappeler à l’ordre ? 

Jean Gilbert Gbangoundou : Nous ne cessons de crier haut et fort pour que le département central au niveau de Bangui puisse les talonner afin qu’ils regagnent leurs postes à Bamingui-Bangoran. A ces fonctionnaires nous leur demandons d’être nationalistes.

Oubangui Médias : Comment appréciez-vous la relation entre la population et les différentes forces de défenses et de sécurité basées dans le Bamingui-Bangoran ?

Jean Gilbert Gbangoundou : C’est une relation au beau fixe. La preuve en est que c’est le véhicule même de la police qui transporte la dépouille en sa dernière demeure. Et les patrouilles que font ces forces en  étroite collaboration avec les populations favorisent encore cette relation.

Oubangui Médias : Et qu’en est-il des forces étrangères aussi présentes ? Je veux parler des russes et les soldats de la Minusca ?

Jean Gilbert Gbangoundou : Les soldats de la Minusca et nos FDS font souvent des patrouilles ensemble. Ils s’entendent bien avec la population. Concernant les soldats russes,  certes au début cela n’a pas été facile. Il y avait une crainte de la part de population. Mais avec la sensibilisation et les multiples réunions, de part et d’autres, la peur se dissipe et la population commence à développer cette cohabitation.

Oubangui Médias : Quels sont les réels défis en ce qui concerne le développement socio-économique de la préfecture dont vous-avez la charge ? 

Jean Gilbert Gbangoundou : Le réel défi est d’ordre sécuritaire. La paix n’a pas de prix ; si nous avons la véritable paix, tout ira mieux. Il faut ajouter à cela la réhabilitation de la route qui est le vecteur du  développement économique. Nous sommes reconnaissant envers la Banque mondiale qui appui  le gouvernement dans ce travail avec le financement du projet de la reconstruction de la route numéro huit (08)  qui est déjà arrivée au niveau de Bamingui. Nous souhaitons à ce que cela se progresse très rapidement jusqu’à Ndele pour que la population puisse acheminer leurs produits surtout agricoles à Bangui.

Oubangui Médias : On note également le conflit entre éleveurs et agriculteurs dans votre région. Comment faites-vous pour les gérer ?

Jean Gilbert Gbangoundou : Ce conflit entre éleveurs et agriculteurs ne manquera jamais. Mais nous sommes obligés de faire une sensibilisation pour que la transhumance de cette année soit sécurisée.  Nous développons aussi l’idée de la cohésion sociale pour que les agriculteurs puissent recevoir les éleveurs comme leurs frères et vice versa.

Oubangui Médias : Dit-on souvent que ces éleveurs se déplacent avec des armes de guerre à leur portée?

Jean Gilbert Gbangoundou : Nous nous déplorons également de cette pratique par ce qu’auparavant, les peuls ont des bâtons. Malheureusement, à l’heure actuelle ils se promènent avec des armes lourdes parfois. Cela crée vraiment la tension entre les communautés. Nous sensibilisons toujours dans ce contexte avec l’équipe des éleveurs pour palier à ce problème. Si l’effectif des forces de défense sera augmenté dans la région, nous allons résoudre ce problème facilement.

Oubangui Médias : Est-ce que les cas des violences basées sur le genre sont enregistrés dans votre préfecture ?

Jean Gilbert Gbangoundou : Pendant la crise, ont avait enregistré plusieurs cas. Les mariages précoces aussi en fait partie c’est vrai sachant que nous sommes  dans le milieu musulman.  Mais grâce aux multiples sensibilisations de la direction des affaires civiles de la Minusca, le taux des VBG a largement baissé. On peut féliciter aussi le travail abattu par les humanitaires dans ce sens.

Oubangui Médias : Quels sont vos messages à l’intention des autorités nationales ?

Jean Gilbert Gbangoundou : Nous sollicitons auprès du gouvernement la dotation de l’hôpital de Ndele en ambulance et en personnel qualifié. Les patients sont souvent transportés à l’hôpital par moto. Cela augmente le taux de décès. Nous demandons également l’affectation des certains cadre notamment des affaires sociales, de l’urbanisme,  du commerce, des impôts, douanes, phytosanitaire. 

Oubangui Médias : Monsieur le préfet de Bamingui-Bangoran je vous remercie

Jean Gilbert Gbangoundou :  C’est à moi de vous remercier monsieur le journaliste.

Interview réalisée par Brice Ledoux Saramalet