Le Maire de Bangui, Emile Gros Raymond Nakombo a accepté de répondre à nos préoccupations afin de balayer les sujets de l’heure relevant de la responsabilité de la municipalité.  Le Maire s’est exprimé sur la gestion de la Mairie centrale de Bangui, sans oublier de porter un rejet total des allégations sur la vente illicite des propriétés de la Ville, lesquelles allégations qui sont parues dans certains médias de la place.

Oubangui Médias : Monsieur le Maire de la Ville de Bangui Bonjour. Dites-nous comment se porte aujourd’hui la mairie de Bangui dont vous dirigez depuis presque 6 ans aujourd’hui ?

Emile Gros Raymond Nakombo : La santé de la Maire de Bangui est connue. Je suis arrivé à la tête de la Mairie en mai 2016, elle n’avait pratiquement rien. Aucun véhicule. Il y avait que le véhicule de fonction et deux véhicules de liaison. La Mairie de Bangui accumulait des décennies d’arriérées des pensions des retraités. Elle n’était pas connue.

Quand je suis arrivé, je me suis attaqué au plus pressé qui était le traitement des ordures avec les maigres moyens que nous avions. Les chancelleries et les bailleurs de fonds qui savaient que dans mon passé, j’ai dû gérer des fonds de l’Agence Française de Développement (AFD), de l’Union Européenne et de la Banque Mondiale, ont commencé à mettre toute la confiance qui étaient perdue à un moment donné. C’est ainsi que vous avez vu des véhicules à un moment donné qui sont arrivés notamment des camions pour la collecte des ordures.

Entre autres, j’ai voulu régler un autre problème qui était celui des retraités de la municipalité. Depuis 1972, les retraités de la Mairie de Bangui n’ont pas été pris en compte. J’ai tout fait pour qu’ils soient pris en compte.

La Mairie de Bangui naviguait à vue, nous avions stimulé tous les services afin de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

Nous avons fait de telles sortes que cette Marie ait sa place au sein du réseau des Maires d’Afrique centrale et d’Afrique. Aujourd’hui, la Centrafrique occupe des postes importants et pour la première fois, la ville de Bangui est citée en exemple. Nous sommes toujours plébiscités dans nos réunions. Récemment à Libreville, il y avait un focus des Maires d’Afrique centrale dont je suis le président, la seule municipalité qui était à jour des attentes c’est celle de Bangui. Nous sommes à jour sur les questions de la santé. Nous avions pu faire bénéficier à cinq ville du pays notamment, Bangui, Bimbo, Bégoua, Bambari et Obo 500 milles dollars pour soutenir la cause des porteurs du VIH. Nous avons été les premiers à signer la Convention des villes qui portent la cause du VIH/Sida.

Du point de vue hygiène et assainissement, nous avons fait de telles sortes que Bangui abrite deux centres d’épuration des eaux usées dont un à l’hôpital général et un autre au laboratoire Lavoisier de l’Université de Bangui. Nous avons aussi fait de sorte que Bangui soit lotie et qu’elle soit à l’apogée des affaires modernes.

Nous avons fait de telles sortes que nous soyons la première ville à établir son plan énergétique évalué à un milliard de dollar. Les trois axes sont : Assainissement, foresterie, agroforesterie ;  péri-urbaine ; l’axe assainissement-eau potable. A cela, il faut ajouter le financement que nous avons obtenu d’un million d’euros pour les études de faisabilité de ces projets.

Oubangui Médias : Monsieur le Maire, concrètement, l’une des tâches régaliennes de la municipalité de Bangui est de maintenir la ville de Bangui propre, mais la ville ne reflète plus son nom de Bangui la Coquète. Qu’est ce qui justifie aujourd’hui la situation d’insalubrité dont se trouve la ville de Bangui ?

Emile Gros Raymond Nakombo : Je voudrais vous dire que la ville de Bangui se porte mieux, mieux que d’habitude. Nous nous battons, mais aucune Mairie du monde ne peut se suffire à elle si ce ne sont pas ses concitoyens qui paient les taxes. Dans tous les pays du monde, aucune ville ne traite les déchets avec ses propres moyens. Les déchets sont traités par les biais des taxes de collecte d’ordures qu’on paie comme si on payait de l’eau, de l’électricité toutes les fins du mois. Vous journalistes devez nous aider à sensibiliser la population dans ce sens car cette question concerne tout le monde.

Est-ce que les gens ne paient pas ?

Emile Gros Raymond Nakombo : Non, nos concitoyens de paient rien. C’est pour cela que les taxes que nous utilisons pour investir partent dans les collectes des ordures. Pour traiter les ordures dans toute la ville de Bangui, il nous faut au moins 500 millions de FCFA par mois. Toutes nos recettes n’arrivent même pas là. L’Etat, à un moment donné nous a appuyés mais avec tous les problèmes qu’il connait, cela n’est plus possible. Malgré cela, nous faisons le mieux possible pour répondre au problème d’insalubrité. Il faut que nos concitoyens paient les taxes d’enlèvement d’ordures.

Oubangui Médias : La Mairie de Bangui a lancé l’opération « toumba nzéndé », en commun accord avec le contingent rwandais de la Minusca. Nous constatons une faible adhésion de la population à cette initiative. En conséquence, certains médias et compatriotes attribuent cette initiative au contingent rwandais. Comment avez-vous fait pour ne pas avoir une adhésion mas

sive des citoyens de Bangui ?

Emile Gros Raymond Nakombo  C’est une responsabilité collective. Nous avons fait des sensibilisations à travers nos émissions à la radio et à la télévision. Le problème est que les gens s’associent difficilement à des initiatives des collectivités. Notre population est habituée à la main tendue. Non, il faut arrêter cela et mettre tout le monde au travail. Nous ne travaillons pas seulement aujourd’hui avec le contingent rwandais qui est très avancé dans ce genre des travaux communautaires. C’est depuis que ce contingent travaille main dans la main avec la Mairie.

Oubangui Médias : Une autre opération est celle de déguerpissement des kiosques qui sont installés d’une manière anarchique au bord des routes. Des boutiques qui ont été détruites sont encore réinstallées. Pourquoi ne pas mettre en place un mécanisme de suivi pour empêcher ces kiosques à retourner sur leurs pas ?

Emile Gros Raymond Nakombo : La municipalité de Bangui traite de tous les problèmes qui concernent les aspects de la vie du concitoyen. Aujourd’hui, le déguerpissement a emballé tout le monde sans savoir pourquoi ces gens étaient là. Ils étaient aux abords de la route parce qu’ils pensent que quand ils vendent là, ils sont accessibles alors qu’ils salissent la ville. Nous sommes l’une des villes qui a une police municipale. Les autres villes sont accompagnées par des forces de l’ordre armées. Ma police n’a pas d’armes. On déguerpi, les gens reviennent. C’est un problème de conscience de la population.

Oubangui Médias : Monsieur le Maire, des informations circulent ces derniers temps, selon lesquelles le personnel de la mairie de Bangui menace d‘entrer en grève pour réclamer plus de trois mois d’arriérer de salaires. C’est quoi exactement les faits ?

Emile Gros Raymond Nakombo : Il n y a pas de problème de salaire à la Mairie de Bangui. Tous les salaires sont payés. Quand j’avais pris mes fonctions le 12 mai 2016, j’ai déploré le fait qu’une Maire comme celle de Bangui depuis sa naissance, c’est l’Etat qui paie les salaires. Je continue à me battre pour que cette Maire se prenne en charge. Je constate que la Mairie de Bangui est devenue un garage. Quand quelqu’un veut placer son enfant, on l’envoie à la Mairie de Bangui. Cela doit s’arrêter. La Mairie est un prestataire de service. Donc, nous devons être capables d’aller vers ce nos populations attendent de nous.

Pour vous dire qu’Il n y a pas eu de problème de salaire, seulement un retard dû à la lenteur administrative. Cette lenteur, c’est aussi un autre problème. Nous sommes pratiquement à 600 employés et je pense que même avec 30 personnes, on peut faire tourner cette Mairie.

Oubangui Médias : Vous faites aussi l’objet de plusieurs attaques ces derniers temps dans les médias, vous accusant d’être à l’origine des cas de bradages de certains lieux publics aux libanais. Qu’en dites-vous ?

Emile Gros Raymond Nakombo  On parle de bradage, de vol, de détournement…moi je pense que cela fait partie de décor du journalisme centrafricain : Le mensonge, les contre-vérités, la désinformation, les rumeurs, les discours de haine. Je pense aussi que les journalistes devaient être ceux qui équilibrent les informations. J’ai dit et je dis toujours haut aux plus hautes autorités de l’Etat de prendre un texte pour mettre fin à la vente des biens de l’Etat. J’ai dit que sous le régime de Touadera dont je fais partie, nous n’avons pas cette pratique. S’il y a des gens qui continuent dans cette pratique, ils le font d’une manière individuelle et isolée. La Mairie n’a plus de terrain, plus d’immeubles, elle n’a rien, rien pour brader. Elle reconstruit tout. Même s’il y a des biens, on ne brade pas comme ça. La Mairie est organisée. Il y a un conseil municipal qui est l’instance suprême et sur ce conseil, il y a le département ministériel, le chef du gouvernement et le chef de l’Etat. Les gens pensent que les chosent peuvent se faire comme du jeu ?

Oubangui Médias : Monsieur le Maire, quelles sont réellement vos difficultés à la tête de cette municipalité ?

Emile Gros Raymond Nakombo  Ma principale difficulté est que les gens ne travaillent pas, le personnel de la Mairie de travaille pas. A mon niveau seul, je ne peux pas les virer.

Pourquoi pas ?

Emile Gros Raymond Nakombo : Pour que je les vire, il faut que je trouve de l’argent pour les dédommager. C’est cela le problème. Les centrafricains ne travaillent pas. C’est le problème que le gouvernement rencontre, c’est le problème que le Président de la République rencontre. Vous savez que les gens viennent en retard au travail et quittent les bureaux avant l’heure de la fin du travail. Au niveau de la Mairie de Bangui, si tout le monde travaillait, la Mairie se porterait bien. Nous ne devrions pas attendre que ça soit l’Etat qui paie nos salaires. Notre problème, c’est le problème d’homme. Le subjectivisme, le problème de personne, de famille prennent le dessus de l’objectivité.

Oubangui Médias : Pour finir, d’ici 2022, le pays renouera avec les élections municipales qu’il n’a plus organisées depuis 1987. Quelle est votre position ?

Emile Gros Raymond Nakombo : Ma position est celle que tout le monde connait. Quand je rencontrais les bailleurs de fonds, je les encourageais à soutenir l’organisation des élections municipales pour que nous ayons plus de voix dans nos areines, dans nos réseaux où il y a plus d’élus que nous qui sommes nommés. Alors, votre question appelle d’autres questions. Nous allons élire les conseillers qui vont en leur sein élire les maires. Mais quand le conseil va élire à la fin un Maire, c’est quel budget qu’il va gérer ? Le budget viendra d’où pour soutenir les projets et investir ? Ce sont ces questions que nous devons poser. C’est un couteau à double tranchant. Pour les municipalités, chaque équipe doit se battre pour établir son budget et rechercher le financement. Il faut que ceux qui se préparent comme candidats sachent ce qui les attend.

Et serez-vous aussi candidat ?

Emile Gros Raymond Nakombo : C’est très tôt cette question. Pour le moment, j’assure la mission qui m’a été confiée en tant que président de la délégation spéciale de la ville de Bangui. Le reste viendra. Vous reviendrez certainement me poser cette question et je vous répondrais sans ambages.

Oubangui Médias : Monsieur le pays, nous vous remercions

Emile Gros Raymond Nakombo : C’est à moi de vous remerciez

Interview réalisée par Fridolin Ngoulou