Le Dialogue Républicain, annoncé pour être organisé avant la fin de l’année, n’aura peut-être pas lieu comme prévu. Deux obstacles majeurs bloquent son organisation.

 A la suite d’une élection perturbée par les rebelles de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) de l’ancien président François Bozizé dès décembre 2020 et un climat politique tendu, le président Faustin Archange Touadera avait annoncé un dialogue Républicain, afin de tenter d’apaiser les cœurs et décrisper les tensions dans le pays.

Mais, ce dialogue entre dans une phase de turbulence. D’ailleurs, la composition du comité d’organisation a été rejetée par l’opposition, qui finalement a fait un rétropédalage pour revenir dans ce comité d’organisation, jugé un peu équilibré.

Hélas, une autre crise vient faire monter la tension. Le président de l’assemblée nationale ressuscite le dossier de la levée d’immunité parlementaire de trois députés d’opposition dont Anicet Georges Dologuele, Martin Ziguele et Aurélien Simplice Nzingas afin de permettre à la justice de les entendre. Ceci a provoqué le retrait des représentants d’opposition politique dans le comité d’organisation. Un obstacle majeur qui risque de rendre élastique le calendrier de la tenue de ce dialogue.

En effet, l’opposition a juste sauté sur cette occasion qui n’est pas selon plusieurs sources politiques la principale raison. La véritable raison est que l’opposition réclame la participation dans ce dialogue des chefs rebelles, surtout de François Bozizé, en exil officiellement au Tchad. Pourtant, le gouvernement n’admet pas la participation des bourreaux du peuple à la table des discussions. Une position partagée par les chefs d’Etats de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) dans une feuille de route qui définit un cadre différent pour les pourparlers avec les rebelles.

 Les rebelles, une partie de l’opposition et de la société civile continuent à demander au gouvernement d’ouvrir une porte aux chefs rebelles afin que les participants puissent leur dire en face des vérités. Des vérités ? Oui mais les groupes armés n’ont pas le langage du dialogue. Depuis 2015 au forum National de Bangui, en passant par plusieurs initiatives et l’accord politique pour la paix et la réconciliation, ils n’ont jamais été sincères.

L’opposition et même certains membres de la communauté internationale demandent la participation des rebelles, dont les principaux leaders ont signé leur exil, conformément à la feuille de route de Luanda, sauf les groupes UPC de Ali Darass et une partie du FPRC sous contrôle de Noureddine Adam qui affiche une fin de non-recevoir à la main tendue et à la déclaration de cessez-le-feu par le président, en commettant des exactions et des violations des droits humains.

Un obstacle économique non négligeable

Le deuxième problème majeur est la mobilisation des ressources financières. Nous savons que le pays traverse une tension de trésorerie à cause des restrictions budgétaires mais des conjonctures économiques mondiales post-Covid 19.

Plus de 355 millions de francs CFA sont à mobiliser afin de boucler le budget prévisionnel de cette rencontre d’au moins 450 participants qui vont prendre part à ce grand rendez-vous avec les forces vives de la Nation. Le défi est là et le gouvernement semble être fatigué devant ce grand challenge : Réussir le dialogue avec tous les acteurs, par tous les moyens.

Le gouvernement tiendra-t-il sa promesse ?

A la lumière de ces obstacles, la population observe si le président Touadera va tenir sa promesse d’organiser le dialogue républicain avant la fin de l’année 2021. Déjà pour les maigres ressources que le gouvernement dispose, tout semble partir dans les festivités du 1er décembre, marquant le 62ème anniversaire de la proclamation de la République Centrafricaine.

Dans la fièvre de ces festivités, le dialogue doit encore patienter. Du moins c’est le message que le gouvernement transmet à la population, qui d’ailleurs observe une position mitigée quant à la tenue d’un unième dialogue avec pratiquement les mêmes acteurs depuis plus de 10 ans.

Le gouvernent surmontera-t-il ces deux obstacles afin de faciliter la tenue de ce dialogue ? Rien ne dit encore que les choses se précisent. Les tractations sont en cours pour d’abord faire revenir l’opposition dans le bateau et ensemble mobiliser les fonds pour son organisation. En réalité, nous sommes partis pour janvier ou février 2022 et le gouvernement devrait avoir le courage de revenir vers la population pour la situer sur les blocus actuels du processus du dialogue républicain.

Fridolin Ngoulou