Monsieur le Président du présidium,

Mesdames et Messieurs les membres du présidium,

Distinguées personnalités, en vos rangs, grades et qualités,

Mesdames et Messieurs les participants, chers compatriotes,

J’ai l’insigne honneur de prendre la parole au nom des organisations de la société civile dans ce dialogue républicain pour faire entendre la voix de la population à la base portée par les organisations non gouvernementales composées également des victimes, de groupes minoritaires et autochtones, de personnes vivant avec des handicaps, des femmes, de jeunes, des acteurs religieux, des artistes, disons de toutes les forces vives de la nation qui ne relèvent pas du gouvernement, des partis politiques, de l’armée et du secteur marchand.

Nous prenons part à ce dialogue pour :

– exposer librement les maux réels qui entretiennent les conflits et l’insécurité dans notre pays dont les conséquences maintiennent la population dans la pauvreté,

– proposer des solutions pour y remédier.

Ainsi, nous espérons sortir de ce dialogue avec une nouvelle dynamique de gouvernance exempte d’exclusion c’est à dire basée sur la valorisation des compétences des hommes et des femmes sans exception. En effet, les centrafricains des deux sexes ont le droit de participer au développement de leur pays. Pour une nation si meurtrie par des décennies de conflits, la moisson est grande pour la reconstruction. L’exclusion des ouvriers compétents ne peut que constituer un frein à la réconciliation nationale, à la cohésion sociale et au développement de notre pays.

Le concept de rupture prôné par notre Président Faustin Archange Touadera de son accession au pouvoir en 2016 n’a pas prospéré et n’a rien apporté de nouveau en Centrafrique. Nous continuons d’assister à l’exclusion de certaines entités de la nation au profit de ses proches. La médiocrité gouverne les institutions nationales tandis que des compétences de haut niveau moisissent chez elles parce que ces dernières sont tout simplement rejetées par le régime. Comme conséquences, les services sociaux de base offerts à la population sont de très mauvaise qualité ou inexistants et la qualité des services publics laisse à désirer.

La population est fatiguée des conflits et continue de vivre dans une misère profonde qui a entamé sa dignité humaine, notamment dans les provinces. Sans assistance humanitaire pour la plupart, femmes, enfants, vieillards vivent comme au moyen âge, dépourvus de tout. Oui, plusieurs familles dont les habitations ont été incendiées vivent encore dans la brousse, exposées aux intempéries, aux bêtes sauvages et à toutes sortes de danger, ce qui a considérablement réduit leur niveau d’espérance de vie. Ajoutée à cela, la non scolarisation des enfants dans plusieurs régions du pays. Le capital humain et ainsi en danger. Si rien n’est fait aujourd’hui pour sécuriser la population et l’aider à retrouver une vie décente, l’avenir de la RCA sera bien évidemment totalement compromis.

Le faible niveau des recettes de l’Etat a souvent constitué l’argument principal pour justifier l’inaction du gouvernement. Mais quand on regarde l’allure d’enrichissement des dirigeants de notre pays et la course à la construction de somptueuses et luxueuses villas, on se demande d’où proviennent les fonds. Le salaire d’un fonctionnaire de l’Etat peut-il permettre d’élever des édifices en très peu de temps ?

Nous croyons qu’il suffit d’une bonne volonté politique et de peu de ressources financières pour sortir la population de la misère profonde, lui donner de l’eau à boire, lui fournir de l’électricité et j’en passe. Le message de la société civile sur les thématiques du dialogue sont les suivants :

Pour la paix et la sécurité : Nous demandons que la république soit mise en avant de toutes les démarches de restauration de la paix afin de nous permettre d’accéder à la paix et à la sécurité car si chacun reste sur ses intérêts, nous ne pourrions jamais avoir le courage d’avouer nos fautes et la forces de pardonner.

Hors pour accéder à une paix durable, nous devons chacun reconnaitre nos erreurs et accepter de pardonner toutes les pires choses que nous avons vécu durant les crises pour tourner la page des violences et éviter le développement d’un cycle infernal où les victimes d’hier deviennent des bourreaux d’aujourd’hui et ainsi de suite. Le peuple centrafricain dans son ensemble aspire à la paix. Certaines parties de cette population sont prises en otage par des organisations politiques qui les utilisent comme des chairs à canon et les obligent à soutenir leur entreprise anti républicaine.

Ses populations sont malheureusement prises à partie par les forces de défense et de sécurité et les forces alliées qui les assimilent à leurs bourreaux et les traitent de la même manière. Nous invitons très respectueusement le Président de la République à desserrer l’étau sur ces populations innocentes et de mettre en place un mécanisme sécuritaire qui prenne en compte le respect des libertés fondamentales du peuple.

Que des moyens conséquents soient mis à la disposition du Conseil National de Médiation afin de mettre en place une démarche décrisper la situation globale dans le pays et distinguer la population civile de ceux qui ont suivi des voix anti républicaines.

– En ce qui concerne la gouvernance : nous appelons le Chef de l’Etat au respect de la Constitution afin d’épargner le pays de nouvelles crises politiques : il doit respecter la parole qu’il avait donné de respecter la Constitution afin qu’il entre dans la caste des grands hommes politiques centrafricains et du continent.

D’ailleurs nous rassurons nos compatriotes qui se plaignent dans nos villes, villages et quartier, ainsi que sur les réseaux sociaux que nous ne sommes pas venus au dialogue pour valider la modification de la constitution qui justement n’est pas inscrit à l’ordre du jour de ce dialogue.

Par ailleurs, pour la paix et la réconciliation nationale, nous demandons que les nominations au sein des institutions soient revues afin d’appliquer la loi sur la parité, d’impliquer ceux qui ont été exclus sur une base ethnique, politique ou religieuse.

– Pour le développement économique et social : nous proposons qu’un dispositif soit mis en place pour une préférence nationale dans les activités économiques et commerciales afin de favoriser l’émergence de la bourgeoisie nationale et la centrafricanisation des initiatives de développement.

Que le gouvernement trouve impérativement un palliatif concret à l’interdiction faite aux établissements publics d’employer des Enseignants vacataires afin de fournir des Enseignants aux établissements publics des provinces surtout qui manquent cruellement de personnel enseignant qualifié. Que soit mis en place un texte règlementant le commerce général en Centrafrique afin que les étrangers n’exercent que comme grossistes.

Que soit mises en place des structures bancaires et de garanties pour favoriser l’accès aux fonds des porteurs de projets centrafricains. Un plan directeur de développement du pays doit être mise en place avec des déclinaisons régionales pour le développement global du pays.

– Pour la politique étrangère et la coopération internationale : nous Recommandons au gouvernement et à l’Assemblée Nationale d’initier la révision des accords de coopération qui ne sont plus bénéfiques à la République Centrafricaine.

Au gouvernement de nouer un accord officiel avec la Russie. Lequel accord doit garantir clairement les intérêts du pays et le respect des droits et libertés fondamentales du peuple centrafricain.

Au gouvernement d’aller vers des coopérations concrètes et gagnant-gagnant. Au gouvernement d’activer les commissions mixtes avec tous les pays voisins en y impliquant la société civile pour garantir une bonne coopération et cohabitation avec nos voisins.

Pour une décrispation générale dans le pays et la sérénité du Dialogue Républicain, formulons des recommandations préalables suites :

– La levée immédiate du couvre-feu sur toute l’étendue du territoire centrafricain ; – La levée effective des barrières illégales et la cessation sur tout le territoire de la pratique dites formalité sur les populations centrafricaines ;

– Nous invitions les formations politiques à privilégier l’intérêt national dans leur prise de position au dialogue. Demandons à cet effet que les préoccupations par l’opposition soient traités afin de permettre leur retour dans le dialogue qui pour nous, est une meilleure démarche pour résoudre nos différents.

– Le réaménagement du présidium du Dialogue Républicain pour faire plus de place aux femmes et prendre en compte la dimension communautaire de cet organe.

Fait à Bangui, le 21 mars 2022

Les Organisations de la Société Civile