En ce début de saison sèche, l’on note plusieurs attaques menées par des hommes en arme notamment à l’intérieur du pays contre les positions des Forces Armées Centrafricaines (FACA). On dénombre plusieurs cas de perte de vie des soldats. Comment expliquer ces recrudescences de violences, pourtant le nombre des FACA ne cesse d’augmenter ? Cette situation interpelle certains analystes qui s’interrogent sur la performance, de l’efficacité de ces FACA et pensent qu’un accent doit être mis sur les différentes formations de celles-ci.

De 2013 à ce jour, l’effectif des FACA passe de 4 à 12 bataillons grâce aux appuis multiformes des partenaires, à savoir l’EUTM-RCA et les alliés russes qui ont tenté de redonner la confiance à la population. Dans un passé récent, l’armée a été déstructurée. Puisqu’en 2013, les FACA n’existaient que de nom après la dissolution par le chef de l’Etat de transition Michel Djotodia.

Le 13 janvier 2021, les rebelles de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) de l’ancien président François Bozizé ont attaqué plusieurs villes avant d’occuper au moins 80% du territoire national.

Une contre-offensive est organisée par l’armée et ses alliés russes et rwandais pour reprendre des rebelles toutes les grandes villes du pays.

L’armée continue de suivre des formations, recyclages dans le pays et à l’extérieur. Ces multiples formations et les offensives sur le terrain ont permis aux FACA de reprendre contrôle de 90% du territoire selon les autorités centrafricaines. Le pays est libéré par les FACA depuis plus d’un an. Les rebelles se sont retranchés dans des zones reculées et opèrent désormais en mode coupeurs de route. La présence des FACA a contraint en fin 2022 plus d’une vingtaine d’éléments de l’UPC de Ali Darassa de déserter. Ils complètent une longue autre liste des rebelles qui ne cessent de déserter. Ces rebelles n’arrivaient plus à faire face aux puissances de feu des FACA qui sont déployées à Alindao.  Ils ont décidé de se faire désarmer et d’intégrer le processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion pour les centrafricains et Rapatriement pour les mercenaires étrangers recrutés dans les rangs des rebelles. 

Mais certains centrafricains pensent pour leurs parts que beaucoup reste à faire dans le domaine de sécurité. Au regard des récentes attaques et embuscades contre les FACA, selon les informations Oubangui Médias, près d’une dizaine de militaires sont décédés dont 4 depuis décembre 2022.

Pas plus tard que la fin du mois de décembre dernier, un convoi des FACA a été pris d’assaut par des éléments du mouvement 3R à plus de 40 Km de la ville de Bouar dans la Nana-Mambéré.

Au début de cette année 2023, un véhicule autre des FACA qui revenait de Bogangolo est tombé dans une embuscade des hommes en arme assimilés aux éléments de la CPC.

Toujours dans la Nana-Mambéré, la position des FACA a été attaquée près de Baboua le dimanche dernier.

Au total 4 éléments des FACA étaient morts dans ces deux  dernières attaques simultanées.

La mort de ces militaires suscite des inquiétudes sur la capacité et l’efficacité de ces derniers. D’aucuns pensent que c’est un manque d’équipements adéquats qui serait à l’origine de ces multiples pertes en vies humaines et demandent par ailleurs au gouvernement et aux autorités militaires d’éviter les erreurs du passé qui consistaient à déployer des FACA sans les gilets pare-balle avec des chargeurs insignifiants.

Même si ces FACA se sont engagées pour défendre dans la loyauté le territoire centrafricain, il est nécessaire que celles-ci puissent être dans des conditions requises, à l’exemple de leur prime général d’alimentation (PGA) qui selon de nombreux éléments n’arrivent pas convenablement à la destination, ou soit arrive à compte goute en plus de la modicité de la somme.

Ajoutons aussi à cela le salaire dérisoire d’un soldat des FACA contrairement aux autres porteurs de tenue.

Pour garantir l’intégrité du territoire centrafricain, ces FACA doivent être dotées des équipements nécessaires et mieux traitées sur le terrain. Ils doivent suivre régulièrement des recyclages de haut niveau même sur le droit humanitaire et éviter parfois la distraction et le triomphalisme.

En rappel, lors du dialogue républicain de mars 2022, les participants à ces assises ont formulé des fortes recommandations dans le sens de renforcer les capacités techniques et logistique des FACA afin de le encourager les à bien mener les missions régaliennes qui est la défense et la protection du territoire, des civils ainsi que de leurs biens.

Malgré le manque des moyens décrié par de nombreux centrafricains, cette nouvelle génération de l’armée nationale suscite espoir. Constitués à majorité des jeunes, les éléments des FACA  restent déterminer à faire face à toutes les éventualités pour défendre l’intégrité du territoire national face aux menaces constantes des groupes armés qui tentent d’utiliser des moyens dans leurs opérations.

Christian-Stève SINGA