La suspense a pris fin ce jeudi 10 juin à l’annonce de la démission du premier ministre Firmin Ngrebada, chef du gouvernement.

C’est ce jeudi que Firmin Ngrebada, premier ministre Centrafricain a déposé la lettre de sa démission et celle de son gouvernement au président Faustin Archange Touadera.

Nommé en avril 2019 à la suite des négociations de l’Accord politique pour la paix et la Réconciliation nationale, Firmin Ngrebada, ancien directeur de Cabinet du président Touadera a passé deux ans et deux mois à la tête du gouvernement Centrafricain. 

L’homme qui a conduit les pourparlers de Khartoum a mené des reformes au sein du gouvernement mais surtout la suite des discussions avec les groupes armés signataires de cet accord de paix, le dernier en lice.

Avec les groupes armés, le processus de paix a avancé à travers le désarmement de certains groupes rebelles du pays avant de se butter à la nouvelle rébellion dénommée Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) de François Bozizé, qui aujourd’hui est pourchassé par les Forces Armées Centrafricaines (FACA).

Pendant son temps à la Primature, Firmin Ngrebada s’est impliqué personnellement dans le combat de la reconquête du pays en cours, alors que les rebelles de la CPC étaient à la porte de Bangui en janvier 2021. La guerre en cours a connu la participation des forces spéciales rwandaises et russes aux côtés des FACA et a permis au gouvernement de reprendre en main plusieurs villes du pays jadis sous la coupe des rebelles depuis 2013.

Par ailleurs, son passage à la tête du gouvernement laisse plusieurs dossiers sombres, notamment les affaires de détournement dont certains ministres sont impliqués alors que la justice reste silencieuse sur ces affaires.

Firmin Ngrebada a été élu député de la Nation mais il n’a jamais pris service à l’Assemblée Nationale qui a déjà constitué son Bureau et les commissions parlementaires permanentes.

Depuis la prestation de Serment du Président Faustin Archange Touadera le 30 mars 2021 pour un nouveau mandat de cinq ans, l’opinion nationale et internationale attendait la démission du gouvernement. Mais interpellé plusieurs fois, Firmin Ngrebada n’a cessé de dire que sa démission ne dépendait pas de lui mais du président Faustin Archange Touadera, qui, seul détient l’agenda du remaniement ministériel.

Déjà dans le gouvernement Firmin Ngrebada, huit ministères sont restés vacants car, les ministres représentants les groupes armés au bénéfice de l’accord de paix ont été limogés du gouvernement après l’attaque des rebelles sur Bangui et plusieurs autres villes.

Vers sa confirmation ou son remplacement ?

La démission du gouvernement Ngrebada semble être un jeu politique qui conduit vers sa reconduction à ce poste. Au moment où nous mettons sous presse cette information, nombreux sont ceux qui croient à sa reconduction. Pour les proches, Firmin Ngrebada reste encore l’homme de confiance du président Touadera. Ils voient mal où le président pourra le placer pour continuer à servir auprès de lui, surtout dans ce contexte de la guerre de libération et au moment où le président de la République a lancé le processus du dialogue Républicain qui place en tête des sujets liés du développement.

Même si certains espèrent à sa reconduction, d’autres observateurs de la vie politique centrafricaine soulignent que Firmin Ngrebada n’est pas l’unique homme fort du président pour rester éternellement à ses côtés. Plusieurs noms dont celui du ministre des Finances et du Budget Henri-Marie Dondra circulent en coulisse au cas où le président déciderait de remplacer Firmin Ngrebada sans oublier Félix Moloua l’actuel ministre l’économie et du plan. Ces deux personnalités semblent faire l’unanimité auprès des institutions financières internationales, surtout que la caisse de l’Etat est confrontée aux difficultés de trésorerie.

Le jeu actuel pour Touadera sera de jouer avec ceux qui maitrisent les enjeux de l’heure notamment les enjeux diplomatiques, sécuritaires et surtout financiers.

Pour le moment, la situation politique reste fragile après l’élection du président Touadera pour un nouveau mandat de cinq ans. L’opposition ne reconnait pas la victoire de Touadera et la collaboration avec la classe politique de l’opposition reste tendue.

Fridolin Ngoulou