La commune de Begoua, située à 12Km de la capitale à la sortie nord du pays ne dispose pas de marché. Après avoir été expulsées deux fois de suite, les commerçants occupent les abords des routes et pointent du doigt accusateur la municipalité de Begoua.

Cette commune dense et à la porte de Bangui avait un grand marché à proximité du marché à Bétail. Mais, ces marchés ont été installés sur les domaines privés avant d’être fermés.

Une vendeuse d’arachide au marché Begoua, explique à l’Oubangui Médias la raison qui les pousse à vendre sur le goudron : « Nous n’avons pas le marché parce que les gens ont vendu le marché depuis un certain moment. C’est depuis 2003 que j’ai commencé à vendre dans ce marché. A la construction du pont bascule, nous avions été délogés. Dès que la construction a pris fin, les gens de la mairie nous ont chassés et ils ont commencé à vendre le terrain du marché. Nous sommes obligés de venir vendre dans un domaine privé. Voilà aujourd’hui, les propriétaires du domaine nous ont chassés à leur tour. L’ancien député Mme Bea pensait que le marché à bétail était un domaine de l’Etat. Elle nous a construit un marché alors que c’est un domaine privé. Elle a investi pour rien. Aujourd’hui, le marché à bétail n’existe plus voilà pourquoi nous sommes obligés de venir vendre au bord de la route ici au Pk12. Le marché de Begoua et l’Hôpital ont été créé au temps de Bokassa mais aujourd’hui, les gens de la mairie ont tout vendu », regrette-elle.

Une autre vendeuse connue sous le nom de Marthe au marché Begoua se livre à Oubangui Médias : « Ici, je vends les chenilles et c’est grâce à cette activité que nous vivons. Malheureusement, nous n’avons pas le marché digne aujourd’hui et les gens de la municipalité viennent souvent confisquer nos marchandises. Ils disent que nous ne devons pas vendre sur le goudron et qu’on doit payer une amende de 1000 à 1500 FCFA afin qu’ils libérèrent nos marchandises. Alors que le marché n’existe pas depuis, les gens ne trouvent pas de solution» regrette-t-elle. 

Un autre vendeur évoque la faiblesse de la mairie: « Nous avons réellement un problème de marché ici à Begoua et moi je vois le côté faible de la mairie parce que ce sont eux qui ont accepté que la population de Begoua entière ait ce problème. Comment se fait-il qu’une grande institution comme la mairie de Begoua est incapable de trouver un marché à sa paisible population ? Même si la famille Kossi détient le titre foncier, normalement la mairie devrait s’entendre avec cette famille pour nous trouver de solution», a-t-il souhaité.

« Le marché de Begoua n’existe pas aujourd’hui parce que c’est un domaine de la famille Kossi et la municipalité nous dit de regagner le marché à bétail. Là-bas aussi c’est un domaine privé. Nous sommes obligés de retourner ici au Pk12 pour vendre nos marchandises. Parfois la municipalité nous chasse donc nous demandons au gouvernement de nous trouver de solution », a pour sa part lancé Solodi Herman Vivien, vendeur de l’huile d’arachide au marché Begoua.

Le Maire de Begoua tente de se défendre 

Jean Emmanuel Gazanguinza, Maire de la Commune de Begoua explique sa version des faits et affirme que la municipalité n’a pas vendu un terrain destiné au marché: « La commune de Begoua pour votre gouverne a été créée par la Loi du 08 Juin 1959 et le Décret d’application de 12 Novembre 1959. Nous sommes arrivés ici au courant de l’année 2015. Décomptez à partir de 1959 jusqu’à 2015, pourquoi la commune de Begoua n’a pas un marché ? Auparavant, il y avait  le marché à bétail au quartier Zacko, c’est dans ce marché que les gens vendaient leurs marchandises. Alors dire que c’est l’irresponsabilité de la mairie je dis non ! ».

Que s’est-t-il passé ? Le maire explique en ces termes : « Notre défunte député avait réfectionné ce marché, mais une famille s’est réclamée propriétaire de ce marché or c’est le domaine de la municipalité dont nous détenons aussi le titre foncier. Voilà que la justice a fait une politique de deux poids deux mesures. Au lieu de bien investiguer, elle a rendu justice en faveur de cette famille. En conséquence, les gens ont été expulsés. Allez à Gbaloko, nous avons négocié avec l’ONG WHH pour avoir un marché. Cela fait trois kilomètres du Pk12 mais les gens ne veulent pas occuper ce marché et préfèrent rester au carrefour ».

Pour le maire, la municipalité est dans l’impossibilité d’arracher les terrains et d’en faire un marché. « Si c’est un titre foncier d’une personne, un titre foncier inattaquable comment la municipalité peut arracher ce titre foncier ? Les propriétaires sont dans leur plein droit c’est pour cela qu’ils ont vendu leurs terrains. Ce n’est pas la Mairie qui a vendu ces parcelles. Pour le moment, nous n’avons pas de miracle à opérer c’est pourquoi on se tourne vers le gouvernement qui dispose de pouvoir pour trouver un espace servant du marché ».

Le cas de Begoua est une illustration dans tout Bangui. Il n’existe pratiquement plus d’espace publique pour les marchés, les terrains de football et autres lieux de loisirs.

Dieu Béni  Kabou