Le Ministère de la Jeunesse, des sports et de l’éducation civique a connu plus de turbulence en cette année 2022 avec les fédérations et entités qui sont sous son tutelle. L’année est marquée par des grands événements d’indignations vis-à-vis de son ministre mais aussi des coups durs pour le Conseil National de la Jeunesse et les  fédérations sportives qui restent toujours fragilisés.

Bras de fer entre le Ministère et les fédérations sportives

2022, une année marquée par le bras de fer entre le ministère de la jeunesse et certaines fédérations à titre d’exemple, le 4 avril 2022, le ministre de la jeunesse Aristide Briand Reboas a sorti une décision, portant destitution du bureau actuel de la fédération centrafricaine de basketball (FCB) pour les motifs qui sont entre autres, « l’incivisme et détournement des fonds alloués par le trésor public pour des sorties internationales de l’équipe nationale, la désorganisation de la fédération et l’absence d’un plan d’action cohérent ». Ce que le président de la fédération centrafricaine de basketball Aimé Serge Singha Bengba, a qualifié la décision d’illégale. Un bras de fer s’est installé. Ce dossier s’invite à l’Inspection Générale d’Etat et le Chef de l’Etat Faustin Archange Touadera a lui-même tranché. Ce qui a permis à l’équipe de cette fédération de poursuivre leur mandat.

Le ministère et le Comité National Olympique et Sportif Centrafricain (CNOSCA) était à couteau tiré suite au demande du report de l’assemblée générale élective du comité, mais ils ont organisé les élections et Gilles Gilbert Grézenguet était réélu. Après l’élection, le Ministère Reboas a dissous le bureau pour organiser une autre assemblée générale, et mettre un bureau de gestion de crise en place, en élisant Alfred Service à la tête de cette organisation sportive. Porté devant le Tribunal administratif, le jugement est rendu en faveur du CNOSCA. Le nouveau bureau jugé « illégitime » par le ministère est finalement rétabli dans ses droits et avant de prendre service. Mais au niveau du Comité International Olympique, c’est le bureau de Grézenguet qui a encore leur bénédiction.

Ce bras de fer s’est invité au niveau de la fédération des sports scolaires et au niveau du Conseil National de la Jeunesse centrafricaine (CNJ-CA).

En effet, c’est depuis deux ans que le stade 20.0000 places subit la sanction de la FIFA pour manque d’entretien des infrastructures. Les  fauves  ont dû jouer tous leurs matchs des éliminatoires de la CAN à l’extérieur sans leur public. L’on observe un manque de volonté politique pour la réhabilitation de ce Stade. En conséquence, les fauves de bas-Oubangui version football ont maqué leur qualification à la coupe d’Afrique des Nations  en Côte d’Ivoire en 2023.

Des multiples crises au sein du CNJCA

Au cours de cette même année, le ministère de la jeunesse et du sport a eu plusieurs contentieux avec le CNJ-CA qui est lui aussi sous son tutelle. Cela a d’abord commencé par une histoire de malversation financière des fonds alloués pour l’organisation de la journée nationale de la jeunesse le 18 janvier dernier.

Peu après ces faits, le CNJ commence à attirer des regards sur ses membres qui se lancent de plus en plus dans la politique, ce qui est contraire à ses statuts. Pour situer les faits,  la présidente Paméla Audrey Derom a sanctionné son vice-président pour appartenance à une entité politique, pour sa défense le vice-président a, à son tour destitué la présidente de ses fonctions pour marchandage politique et plus d’autres raisons. Un jeu de ping-pong s’est installé entre les deux camps.

Le ministre de la jeunesse Aristide Briand Reboas a du dissoudre le bureau exécutif du CNJ-CA avant de donner un nouveau son de cloche pour les élections dont le processus est en cours.

L’incendie d’une partie du stade omnisport a aussi créé un bras de fer entre le ministère et l’ONASPORT qui fait louer des espaces aux particuliers. Finalement, la décision du ministre de déguerpir tous les occupants n’a pas été suivi d’effet.

Toutefois des exploits enregistrés

Le ministère de la jeunesse, des sports et de l’éducation civique a pu organiser les états-généraux du sport en 2022. Ces états-généraux n’ont pas connu la participation de toutes les fédérations à cause des bras de fer qui se sont installés mais restent une base importante pour projeter des actions futures sur le sport.

Du 9 au 12 mars dernier, des états généraux des sports ont été organisés à Bangui. Mais jusqu’à ce jour, la mise en œuvre des recommandations restent moins visible. Pourtant, la réhabilitation du stade 20.000 places fait partie des recommandations phares de ces états généraux, sans oublier les autres infrastructures sportives.

Malgré les tiraillements cela n’a pas empêché les disciplines sportives de faire des exploits en cette année en commençant par le football d’abord: La deuxième édition du  play-off qui s’est joué à Bangui, la capitale centrafricaine regroupant quatre équipes championnes des préfectures à savoir la ligue Bangui, Bossangoa, Mbaïki et Bangassou. Bien que Bangassou n’a pas répondu présent, ce tournoi a été une belle initiative de la fédération Centrafricaine de football.

La qualification consécutive historique de l’équipe nationale de football à la Coupe d’Afrique des Nations de Football (Egypte 2023), des Fauves de U20 est un autre exploit à mettre à l’actif du ministère qui appuie les fédérations sportives.

En basket: Bangui Sporting  Club, l’équipe sacrée champion de la ligue de basketball de Bangui, a participé pour la première fois depuis 36 ans à la ligue de Basket Ball Africaine.

Selon le directeur de Cabinet de ce ministère Héritier Doneng, plus de vingt-six (26) médailles remportées par les athlètes en 2022 à l’extérieur dans les disciplines confondues ont été les premiers fruits des réformes engagées dans le secteur des sports centrafricains, auxquelles un accent particulier est mis sur la relance des compétitions du sport scolaire et la détection des talents sur l’ensemble du territoire national. A cela s’ajoute la formation continue des Professeurs d’Education Physique et Sportive, et le début de réhabilitation des infrastructures sportives.

En effet, à cause des mésententes entre le Ministère de la jeunesse et du sport, les fédérations sportives et le CNJCA, les participants au Dialogue Républicain avaient recommandé que ce ministère soit scindé en deux. Autrement dit, le ministère du sport doit être séparé du ministère de la jeunesse afin que chacun puisse exercer librement. Ce qui n’est pas encore le cas.

En perspective, l’organisation d’un symposium des partenaires et des investisseurs des secteurs de la jeunesse et des sports avec les partenaires au développement afin de mobiliser les ressources conséquentes et financer le Programme d’Appui au Renforcement des Capacités des secteurs de Jeunesse et des Sports (PARC-JS) à l’horizon 2023, pourrait permettre à la République Centrafricaine de redorer ses blasons dans le concert des Nations.

Milca Bissidi