Inondations et crises humanitaires liées à l’insécurité sont les quelques défis que le département de Virginie Baikoua, fait face quotidiennement. Ces situations n’ont pas empêché le ministère d’œuvrer au profit de la population centrafricaine. C’est le cas des inondations du mois de juillet qui ont affecté des milliers de ménages où une assistance a été apportée aux victimes par le ministère de l’action humanitaire avec l’appui des traditionnels partenaires humanitaires de la République Centrafricaine en cette année 2022.   

Comme tout autre département ministériel, le ministère de l’Action Humanitaire et de la réconciliation nationale a fait des progrès mais s’est aussi confronté à d’énormes problèmes l’année dernière. Il s’agit entre autres du manque des équipements à grande quantité pour être au chevet des personnes en détresse en temps réel et l’insécurité qui empêche le déploiement de l’aide humanitaire sans oublier l’épineux problème de carburant.

Lors de son interpellation, les élus de la Nation ont déploré la lenteur dans le processus de l’acheminement de l’aide humanitaire. Surtout pour les victimes des inondations à l’intérieur du pays. Certains élus ont même pointé du doigt la ministre de l’Action Humanitaire, Virginie Baikoua de détournement de ces kits qui sont destinés aux personnes vulnérables. Une accusation balayée de revers de main par la ministre qui parle plus tôt d’un manque de communication entre son département et les élus de la nation. Elle a par ailleurs précisé que c’est par rapport à la transparence et sa rigueur dans la gestion de ces kits qui continuent à pousser les partenaires à prêter main forte à son département.

Alors que représente l’assistance humanitaire en cette année 2022 ?

Malgré des défis d’ordre sécuritaire au ministère de l’Action humanitaire, pour remplir sa lettre de mission; le ministère n’a pas croisé les bras face aux situations humanitaires dans le pays. Il a pu fournir avec l’aide des partenaires durant neuf premiers mois de 2022 une assistance vitale à 1,5 millions de personnes. Selon nos informations, des fonds mobilisés sur 461,3 millions de dollars américains sont requis à 82%.

La pénurie de carburant qui perdure dans l’ensemble du pays a eu un impact négatif sur la distribution des aides ici à Bangui ainsi qu’à l’intérieur du pays. Cette situation a limité l’accès humanitaire déjà restreint par la poursuite des hostilités, la présence des engins explosifs et les conditions d’accès physique difficiles dans certaines localités, ajoutant à cela la dégradation avancée des routes à l’intérieur du pays.

Malgré le niveau de financement, des secteurs comme l’eau, l’hygiène et l’assainissement, l’éducation, la nutrition, les abris d’urgence et la protection, en particulier dans le domaine de la prise en charge des violences basées sur le genre (VBG), restent sous-financés et méritent une attention particulière.

Aussi, les coûts opérationnels ont particulièrement augmenté suite à la guerre en Ukraine, notamment dans le secteur de la santé et de la sécurité alimentaire, et limitent dans une certaine mesure la portée des financements reçus. Pour pallier à ces problèmes, la ministre de l’Action Humanitaire a lors d’une visite guidée au mois de novembre dernier dans les locaux du PAM en RCA, proposé à cette agence onusienne d’appuyer le développement des productions locales, c’est-à-dire soutenir les agriculteurs nationaux avec des bonnes semences en vue de développer les différentes cultures.  

Des milliers de déplacés et des réfugiés ont regagné le pays.

Un travail de fond a été fait entre la RCA et les pays d’accueils des centrafricains qui ont fui le pays à cause des crises successives que le pays a connues depuis 2013 et qui ont causé le déplacement de plus de 480.000 personnes à l’intérieur du pays, dont environ 146.000 personnes sur des sites de déplacés, tandis que plus de 330.000 ont trouvé refuge dans des familles d’accueil.

Plus de 740.000 centrafricains ont trouvé refuge dans les pays limitrophes. Au Cameroun, au Tchad tout comme au Congo et en République Démocratique du Congo (RDC), les chiffres témoignent de l’importance de la problématique liée au déplacement forcé de la population. En outre, le pays accueille plus de 11.000 réfugiés et demandeurs d’asile, pour la plupart originaires du Tchad, du Soudan du Sud et de la RDC et qui vivent actuellement dans les sites d’installation à Bambari, à Toko Kota, dans la sous-préfecture de Kouango et à Obo. Enfin, on compte environ 2 350 réfugiés urbains de diverses nationalités résidant actuellement dans la ville de Bangui.

Le HCR déploie son activité dans le cadre de son mandat de protection et d’assistance aux réfugiés et aux déplacés internes et consacre une importante partie de sa mission à la recherche des solutions durables au moyen du Groupe de Travail Solutions Durables (GT-SD) que l’Agence dirige conjointement avec le PNUD.

À ce jour, le HCR a favorisé le retour volontaire de plus de 31.000 personnes contraintes de fuir le pays depuis 2013.

Pour permettre une réintégration durable dans les provinces de la Lobaye, de la Nana-Mambéré et de la Mambéré-Kadéï, des ressources ont été allouées dans le cadre du développement d’activités communautaires pour la réalisation de projets à impact rapide, la construction ou la réhabilitation des infrastructures sociocommunautaires de base notamment les écoles, les centres de santé ruraux/communautaires et les points d’eau et forages.

En 2022, compte tenu du faible niveau de financement de la réponse humanitaire en République Centrafricaine et les conséquences de la crise généralisée du carburant ayant conduit à réduire drastiquement les mouvements humanitaires, seulement 4609 personnes ont été rapatriées au 30 septembre 2022.

Alors qu’un engouement a été observé pour le retour volontaire des réfugiés, les tensions sécuritaires ont encore empêché des milliers de personnes à rentrer au pays.  2022 restera comme une année touchée par la crise ukrainienne et ses conséquences. Malgré cela, le pays a pu mobiliser 82% des financements requis pour assister plus d’un million de personnes vulnérables. Les plus gros donateurs sont les USA avec 49,4%, l’Allemagne avec 8,3%, la France avec 4,4%, l’Union Européenne 3,4%.

Christian-Stève SINGA