Pour aider le gouvernement à veiller sur la règlementation des prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité, plus de 300 acteurs de la société civile centrafricaine ont mis en place,  en novembre 2021, une organisation de défense des droits de consommateurs et de la lutte contre la corruption, dénommée : Organisation de la défense des droits des consommateurs et de la lutte contre la corruption en Centrafrique (ODDCLCCC).

Cette organisation se donne pour mission de : promouvoir la protection et la défense des droits des consommateurs ; éduquer et sensibiliser la population à la lutte contre la corruption.

En exclusivité avec Oubangui Médias, Firmin Zoh Pounguelé, coordonnateur de cette organisation est revenu sur le but de la création celle-ci.

Oubangui Médias : quel a été l’objectif de la création de  ODDCLCCC ?

Firmin Zoh Pounguelé : Par la volonté des compatriotes, nous avons mis en place l’organisation de la défense des droits des consommateurs et de la lutte contre la corruption en Centrafrique (ODDCLCCC). Cette organisation a vu le jour à l’issue d’une assemblée générale constitutive tenue à Bangui en novembre 2021. Elle est reconnue par le ministère de l’administration du territoire.

Le ministère de tutelle nous donne un agrément d’exercer librement nos activités sur le territoire centrafricain. Nous avons aujourd’hui deux chantiers : la lutte contre la corruption et la défense des droits des consommateurs. Comme la Bible l’a dit « faute de connaissance mon peuple péri ». Aujourd’hui les consommateurs pensent qu’ils n’ont pas de droit, alors qu’ils en ont. 

Il y a des produits de mauvaise qualité que l’on soumette à la population. Les consommateurs doivent continuer à subir s’ils ne prennent pas conscience du danger de la consommation de ces produits. Pour cela, nous allons faire un travail d’éveil et de sensibiliser les consommateurs, pour que ceux-ci adhérent à cette organisation. Nous allons mettre en place des structures dans les arrondissements tant à Bangui qu’en province pour que ce travail de sensibilisation se fasse auprès des communautés.

Oubangui Médias : Avec la libéralisation du commerce, chaque commerçant fixe les prix de ses marchandises à sa guise. Quelles actions concrètes comptez-vous mener pour aider le gouvernement à veiller sur la règlementation des prix des produits et les prestations de services ?

Firmin Zoh Pounguelé : Avant, l’Etat jouait le rôle de gendarme pour contrôler les prix des marchandises sur les marchés. Nous constatons déjà un relâchement dans ce sens. Le gouvernement ne doit pas laisser la règlementation des prix des produits à la merci des commerçants ou des prestataires qui doivent augmenter les prix à leur gré. Il faut qu’il y ait la maîtrise et le contrôle des prix.

Nous allons nous servir de cette organisation pour aider le gouvernement de revenir sur le terrain à travers le ministère du commerce et veiller sur les prix pour que cela ne puisse pas avoir un impact négatif sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Nous allons mener une série de sensibilisation des commerçants et prestataires de services de coopérer avec nous afin d’alléger la souffrance de la population et ainsi que des travailleurs. Ils ont désormais l’obligation de présenter les produits de bonne qualité sur les marchés. Pour obtenir les résultats escomptés de nos actions, nous allons mettre en place des commissions spécialisées dans tous les secteurs : alimentaire, téléphonie mobile, l’électricité, de l’eau etc. il faudrait qu’il ait des spécialistes  pour contrôler les qualités des produits et des factures.

Les factures de téléphonie mobile, de l’électricité et de l’eau et de nos produits soient des  réalités. Les consommateurs ne doivent pas subir les erreurs ou la mauvaise gestion des prestataires.  Nous allons demander par exemple à l’énergie Centrafricaine (ENERCA) d’informer, sensibiliser et de montrer à ses consommateurs comment ils doivent calculer leur facturation etc.

Oubangui Médias : Pensez-vous qu’avec la sensibilisation vos objectifs seront atteints ?

Firmin Zoh Pounguelé : Comme nous devons sensibiliser et faire des propositions au gouvernement, nous devons aussi activer les contrôleurs des prix pour les mettre à l’œuvre et en action pour qu’ils contrôlent ceux qui spéculent sur les prix des denrées alimentaires et les produits de première nécessité. Le gouvernement doit aussi fixer les prix des produits alimentaires.

Les produits alimentaires qui viennent de l’intérieur du pays : manioc, viande boucanée, maïs, arachide etc, ne doivent pas faire objet des taxes par les agents de phytosanitaires. C’est l’une des causes de l’augmentation des prix des produits alimentaires sur les marchés.

Oubangui Médias : La lutte contre la corruption va de soi avec la bonne gouvernance. Quelles stratégies mettez-vous en place pour dénoncer ces pratiques qui enfreignent le développement de la Centrafrique ?

Firmin Zoh Pounguelé : La lutte contre la corruption fait partie des volets d’activités de la Haute Autorité Chargée de la Bonne Gouvernance (HABG). C’est même le 2e volet de nos actions. Aujourd’hui, tous les secteurs sont gangrenés par ce phénomène. La corruption se fait à ciel ouvert à tous les niveaux. Si le taux de la corruption est évalué à plus de 80% cela freine le développement du pays.

Le président Faustin Archange Touadéra disait lui-même qu’il fera de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Si les gens se mettent beaucoup d’argents dans la poche au détriment du trésor public, ils empêchent au trésor public d’avoir de l’argent pour faire face aux dépenses de la souveraineté : le paiement régulier de salaire, de pension, de bourse et l’amélioration des conditions de vie de la population.

Nos enfants qui doivent aller à l’école il faut les mettre dans les conditions descentes. Les hôpitaux doivent fonctionner. L’Etat doit avoir les moyens pour couvrir ces besoins.  Nous ne disons pas que nous allons éradiquer ce phénomène. Mais nous devons faire de telle manière que le taux de la corruption puisse être minimisé.

Les offres de services sont monnayées dans nos administrations. Alors qu’il n’y a que l’Etat qui doit se charger de récolter les deniers publics. Nous allons dénoncer tous ceux qui se livrent à cette pratique de la corruption à ciel ouvert. Nous allons alimenter la HABG par des dossiers, par des informations qui feront l’objet des poursuites judiciaires.

Nous pouvons aussi valablement saisir la justice pour que des solutions soient trouvées. Nous sensibiliser tous ceux qui se livrent dans cette pratique de la laisser. Car, notre pays à trop souffert de ces maux qui empêchent son développement. 

Interview réalisée par Pétrus Namkoina