La Centrafrique continue de recevoir des experts et instructeurs d’autres pays dans le cadre de la formation des forces de défense et de sécurité (FDS). La Chine va bientôt entamer un programme de formation de la police centrafricaine.

La Centrafrique veut avoir une armée bien formée. Raison pour laquelle, elle fait appel à des compétences extérieures pour faire de son armée une armée formée selon les règles de l’art, disciplinée, respectueuse des droits fondamentaux. Tout ceci pour que l’armée de garnison s’installe effectivement dans le pays qui fait face à des multiples crises militaro-politiques depuis plusieurs décennies.

Depuis le retour à l’ordre constitutionnel le 30 mars 2016 après un coup d’Etat de 2013 qui a vu la dissolution de l’armée nationale, les partenaires européens ont entamé la formation des Forces Armées Centrafricaines (FACA) en vue de leur certification. Même si depuis deux ans cette formation a tourné au ralenti avant d’être suspendue pour des raisons géopolitiques, les instructeurs de l’EUTM-RCA ont donné une capacité technique aux éléments des FACA qui sont aujourd’hui opérationnels sur le terrain.

L’EUTM-RCA a été critiquée à un moment donné pour sa lenteur à atteindre un effectif suffisant sur le terrain. La Centrafrique a négocié un accord avec la Russie qui a obtenu du Conseil de Sécurité des Nations-Unies la Résolution d’envoie des instructeurs russes pour une formation en maniement d’arme que la Russie venait de livrer à la Centrafrique. Les FACA sont formées à Beréngo par les instructeurs russes qui les accompagnent sur le terrain. Cette mission de formation a largement évolué et fait face à certaines critiques. C’est alors dans ce contexte que la Chine va entrer dans la danse. Le besoin de formation des éléments de la police a été exprimé et devrait être pris en compte par l’EUTM-RCA dans le cadre de l’extension de son programme. Mais cette mission européenne vient de suspendre son programme et plusieurs formateurs sont rentrés dans leur pays.

Les experts de la police chinoise bientôt aux côtés de la police centrafricaine

Le 29 juin dernier, le Président de la République Faustin Archange Touadera a reçu une délégation des conseillers experts et instructeurs de la police chinoise. Déployés en terre Centrafricaine depuis le 29 Mai 2022, les Conseillers et Instructeurs de la Police Chinoise sont en mission de formation.
Ce jour-là, accompagnés par le Directeur Général de la Police Centrafricaine, le Commissaire Divisionnaire et Général Bienvenu Zokoue, les membres de la délégation étaient venus d’abord présenter leur civilité au Président Touadera avant de présenter le plan d’action des activités à mener en faveur du Groupement Spécial de la Protection Républicaine (GSPR), de la Police et de la Gendarmerie nationale. Ces actions visent notamment le renforcement des capacités opérationnelles des éléments du GSPR en matière de la Protection des Hautes Personnalités (PHP) et l’Intervention Technique et la Sécurité Publique Générale (SPG) aux éléments de la Police et de la Gendarmerie nationale.

La police chinoise grâce à la diplomatie des autorités centrafricaines est déterminée plus que jamais à contribuer à la montée en puissance des Forces de Sécurité Intérieure de la République Centrafricaine.

Quels enjeux pour l’intervention chinoise en faveur de la police centrafricaine ?

L’armée centrafricaine devient de plus en plus un terrain de relation diplomatique. Cette armée, fragilisée par des années des crises doit monter en puissance pour répondre aux aspirations du peuple centrafricain, qui attend d’elle des actions visant à l’éradication des groupes armés qui perturbent le développement du pays depuis plusieurs décennies.

Alors que le pays est sous embargo sur l’importation des armes, imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine a plusieurs fois apporté son appui aux FACA. Des équipements militaires importants et véhicules ont été offerts par la Chine à l’Armée nationale centrafricaine.

La police qui n’est pas véritablement frappée par l’embargo sur les armes est devenue un terrain qui attire de plus en plus la Chine qui cherche aussi à se repositionner sur le plan géopolitique. La Centrafrique devient alors une terre de convoitise pour des grandes puissances vue sa position stratégique, au cœur de l’Afrique.

La Russie semble redécouvert un pays stratégique qu’est la Centrafrique, le Portugal renforce aussi sa coopération militaire avec la Centrafrique, le Rwanda et les Etats-Unis aussi face à une France qui perd de plus en plus son influence politique et diplomatique sur ce pays, son ancienne colonie, longtemps considéré comme son « pré carré ».

Sur le plan militaire, la voix de la France ne porte véritablement plus en Centrafrique. Les autres puissances profitent de ce sentiment que des nombreux centrafricains ont vis-à-vis de la politique française en Centrafrique pour se positionner. La France mise encore sur son influence économique auprès des institutions financières internationales pour faire plier la Centrafrique.

L’entrée de la Chine sur ce terrain militaire n’est pas fortuite. Elle cherche de plus en plus la confiance des Centrafricains pour galvaniser ses relations diplomatiques et surtout économiques et commerciales. Surtout que le vœu des centrafricains est le retour à la sécurité sur l’ensemble du territoire nationale, tout partenaire qui contribue à aider le pays dans ce sens est plus ou moins apprécié par la population. Pas ceux qui profitent du chaos pour imposer leurs lignes directives.

Fridolin Ngoulou