De 2018 à 2021, les opérations du Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Rapatriement (DDRR) des ex-combattants se sont poursuivies malgré les violences que le pays a connues par moment. Deux ans et demi, l’Unité d’Exécution du Programme National de DDRR (UEPNDDRR) a présenté le 8 juin 2021 lors d’une conférence de presse à Bangui le bilan provisoire de ses activités. Un bilan est présenté par son Coordonnateur Général, Samuel Touaténa.

Le coordonnateur du UEPNDDRR Samuel Touaténa animant une conférence de presse

Aussitôt après son élection en 2016, le président Touadera avait dans sa première déclaration évoqué la question du rétablissement de la paix et de la sécurité, cela à travers le DDRR. C’est ainsi qu’une Coordination DDRR/RSS/RN a été créée, dans laquelle se trouve l’Unité d’Exécution du Programme National DDRR, rattachée directement à la Présidence de la République. C’est cette Unité qui s’occupe aujourd’hui des questions du DDRR. Sur la base du Programme National et de la Stratégie, le chef de l’Etat Faustin Archange Touadera avait jugé mieux de lancer le DDR pilote qui a permis de désarmer 486 combattants de 12 groupes armés.

Les opérations du grand DDRR ont été ensuite lancées le 17 décembre 2018 à Paoua, dans l’Ouham-Pende par le président Faustin Archange Touadera, en sa qualité du président du Comité Stratégique DDRR/RSS/RN. Ces opérations se sont poursuivies dans l’ouest du pays, précisément dans les villes de Bouar, Koui, Djim Beloko, Cantonnier, Zoukoumbo et Dilapoko, jusqu’en novembre 2019.

A l’issue de ces opérations, 1323 combattants des groupes armés 3R, RJ-Belanga, RJ-Sayo, Anti-Balaka Ngaïssona, Anti-Balaka Mokom, FDPC, UFR, UFR-R ont été désarmés et démobilisés. Ceux-ci constituent la première vague des opérations de Désarmement et Démobilisation dans l’Ouest.

Dans le nord-est et le centre de la RCA, les opérations ont démarré le 22 juin 2020 à Ndélé, dans la Bamingui-Bangoran. Elles se sont poursuivies à Kaga-Bandoro, Bria et Birao. A la fin de ces opérations, 1209 combattants des groupes armés FPRC, MPC, Séléka-Rénovée, MLCJ et RPRC ont été désarmés et démobilisés.

A Begoua et Bimbo dans l’Ombella M’Poko et à Bangui où se sont déroulées de manière simultanée les opérations de désarmement, 329 combattants provenant de groupes armés Séléka-Rénovée, UFR et UFR-F ont volontairement accepté de se faire désarmer.

Les dernières opérations de désarmement et démobilisation menées du 22 mai au 1er juin 2021 à Kaga-Bandoro et Mbrès, ont permis de démobiliser 162 combattants des groupes armés MPC, FPRC, Séléka-Rénovée et Anti-Balaka.

Depuis le lancement du grand DDRR jusqu’aujourd’hui, 3023 combattants des 13 groupes armés signataires des Accords de Paix ont adhéré au processus DDRR, à l’exemption de l’UPC qui, bien que participant aux différentes réunions relatives au DDRR, ne s’est pas prononcée pour mettre ses éléments à la disposition du programme DDRR.

Prochaines étapes : Les préparatifs pour des opérations dans les villes de Bira, Ouadda-Djallé, Amdafock, Sam-Ouandjia, Batangafo, Markounda et Kabo sont en cours.

La question de la réintégration socioéconomique des ex-combattants

La réintégration socioéconomique des ex-combattants est l’une des deux composantes du Projet de Réintégration des Ex-Combattants (PREC) qui vise à appuyer la réintégration des ex-combattants dans leurs communautés d’origine. Ce projet est financé par la Banque Mondiale.

Depuis son lancement en 2017 (DDRR-Pilote), le PREC a été exécuté dans les préfectures de la Nana-Mambéré, de l’Ouham-Péndé, du Bamingui-Bangoran, de la Haute-Kotto et de la Vakaga.

Ainsi, les ex-combattants démobilisés dans l’ouest et dans le nord-est ont pu bénéficier des formations théoriques axées sur les droits de l’Homme, le civisme, l’alphabétisation mais surtout comment lancer et gérer une Activité Génératrice de Revenu (AGR).

Les ex-combattants démobilisés du nord-ouest (Ouham-Péndé et Nana-Mambéré) qui ont complètement fini les formations théoriques ont ensuite suivi une formation professionnelle selon la filière choisie et ont reçu des kits AGR. Aujourd4hui, ils sont au total 613 déjà réinsérés dans leurs communautés d’origine.

Ces ex-combattants réinsérés sont régulièrement suivis par le partenaire d’exécution (ACTED et OIM) et les coordinations régionales. Ils sont aujourd’hui pour les uns des opérateurs économiques, pour les autres des encadreurs et pour les autres encore des modèles sur qui les communautés comptent pour leur développement.

Cependant, 222 ex-combattants bénéficiaires du PREC (issus du groupe FPRC) du Bamingui-Bangoran continuent en ce moment à Ndélé la formation professionnelle en vue de leur réinsertion.

Prochaines étapes : Les nouveaux ex-combattants démobilisées à Bria, Birao, Kaga-Bandoro, Bangui, Bimbo, Begoua vont très bientôt démarrer la réintégration socioéconomique dans le cadre du PREC II. Les négociations pour la signature des contrats avec les partenaires d’exécution (ACTED et OIM) sont biens avancées.

Appui aux communautés d’accueil

Contrairement aux précédents programmes du DDR, les communautés/populations civiles étaient les grands oubliés. Ce que l’actuel programme entend réparer. Les combattants provenant des communautés et bénéficiaires des avantages, ces communautés doivent aussi être prises en compte dans le programme.

C’est dans ce contexte que la composante 2 du Projet de Réintégration des Ex-Combattants prend en compte l’appui aux communautés d’accueil. Elle consiste en la construction ou réhabilitation des infrastructures socioéconomiques, sélectionnées par les communautés elles-mêmes.

Pour le PREC I, 71 infrastructures socioéconomiques demandées par les communautés affectées par les crises à répétition, ou par les communautés à forte concentration des groupes armés sont construites dans l’Ouham-Péndé, Nana-Mambéré, Haute-Kotto et Bamingui-Bangoran.

Un forage construit par le projet PREC à la communauté

A cet effet, 24 bâtiments scolaires ont été construits. Il y a aussi : 32 lampadaires solaires, 19 forages, 3 maternités,  1 poste de santé, 1 gare routière, 1 aire de séchage, 3 maisons des jeunes, 1 maison de stockage, 12 marchés, 1 salle d’hospitalisation, 1 mairie et 5 dalots. Dans ces régions où les travaux des infrastructures sont terminés, celles-ci sont remises aux bénéficiaires.

Toutes ces infrastructures socioéconomiques ont un seul objectif, celui d’améliorer l’accès des communautés au service social de base et de leur garantir le bien-être social ainsi que de promouvoir la réconciliation et la cohésion sociale.

Prochaine étape : Ce sera le lancement des activités du PREC II avec une nouveauté qui est la prise en charge des jeunes à risque, regroupés dans des associations ou groupements, futurs bénéficiaires du projet.

L’intégration dans les corps en uniforme de l’Etat

Selon l’accord du 10 mai 2015, le PNDDRR a deux options à savoir : La réintégration socioéconomique des ex-combattants et l’intégration dans les corps en uniforme de l’Etat (Police, Gendarmerie et FACA). Ces deux options sont complétées par l’intégration dans les Unités Spéciales Mixtes de Sécurité (USMS), issues de l’APPR-RCA du 6 février 2019.

Le processus DDRR a donné la possibilité aux ex-combattants d’être intégrés dans les corps en uniforme de l’Etat, selon les critères pour chaque corps et le quota de 10% fixé par le Comité Stratégique. C’est ainsi qu’à l’issue des opérations de désarmement et démobilisation, les ex-combattants remplissant les critères sont intégrés dans les Forces de Défense et de Sécurité (FDS).

Certains ex-combattants de Ndélé, Kaga-Bandoro et Bria ont aussi été intégrés dans les corps en uniforme de l’Etat. La dernière cérémonie a été celle qui s’est déroulée le 11 novembre 2020 à Nzila, dans l’Ombella-M’Poko, sous le très haut patronage du président de la République Faustin Archange Touadera, chef suprême des armées.

Donc pour tout, ils sont au total 817 ex-combattants aujourd’hui dans les FDS pour défendre le territoire national et protéger la population centrafricaine.

Prochaine étape : Faire intégrer dans les FDS les ex-combattants démobilisés de Bangui, Bimbo, Begoua, des Mbrès et très  bientôt de Ouadda-Djallé.

Intégration dans les Unités Spéciales Mixtes de Sécurité (USMS)

Les USMS sont des arrangements sécuritaires transitoires créées par l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République Centrafricaine (APPR-RCA) du 6 février 2019. Elles sont constituées des Forces de Défense et de Sécurité et en majorité des ex-combattants, placées sous l’autorité de l’Etat-major des Armées. Etant une option à proposer aux ex-combattants, les USMS viennent alors élargir le nombre des options à trois, que le PNDDRR offre à tout ex-combattant au lieu de deux. Il s’agit de : Réintégration socioéconomique, Intégration dans les corps en uniforme de l’Etat et l’Intégration ans les USMS.

L’avènement de la rébellion de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), selon les informations Oubangui Médias a fait qu’entre 20 à 30 % des éléments des USMS aient regagné la rébellion. Mais 70 à 80 % sont toujours restés fidèles au programme et sous la supervision de l’Etat-major des Armées.

Depuis son lancement, l’UEPNDDRR s’occupe des opérations du désarmement volontaires des groupes armés signataires de l’Accord de Paix, un programme tout à fait différent des questions liées au désarmement forcé des rebelles.

Cette unité dans ces actions est soutenue par le Gouvernement, la Banque Mondiale, la Minusca, l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique, la CEMAC, l’Union Européenne  et l’Union Africaine

A ce jour, plus de 2487 Armes ont été récupérées en plus de 1223 chargeurs, 1308 explosifs, une mine antipersonnel et 111.918 munitions.

Fridolin Ngoulou avec Gauthier Ngbapo