Chaque année scolaire, une période d’une semaine est définie dans le calendrier scolaire pouvant permettre la transmission des valeurs culturelles aux élèves. Cette période permet d’une part à soulager et d’autre part à enseigner les enfants par les jeux. Force est de constater que la semaine culturelle est en train de perdre ses vraies valeurs dans un contexte où le système éducatif est en régression en Centrafrique. Lors de la semaine culturelle qui vient de terminer, Oubangui Médias a circulé certains établissements et observé certains manquements.

 Le manque d’instruction qui démotive les enseignants à laisser les élèves à la merci de la nature, souligne un enseignant qui requiert l’anonymat : « Entre-temps, c’est l’inspection académique qui donne des instructions dans une grande réunion à tous les directeurs pour permettre d’organiser les mouvements d’ensemble, les jeux concours, les matchs d’interclasse et la danse traditionnelle afin d’encourager les enfants. Mais de nos jours, aucune instruction n’est donnée et les enseignants sont démotivés. Le contenu de la semaine culturelle même n’est pas préparé au préalable, ce qui entraîne un désordre total », fulmine ce dernier.

Ce témoignage nous conduit au lycée Gobongo dans le 8e arrondissement de Bangui où beaucoup d’élèves se sont rassemblés pour la semaine culturelle. Au lieu des contenus éducatifs, les élèves de cet établissement sont plutôt dans une ambiance qui ne dit pas son nom. De la musique hip hop, des cannettes de bière en main, jeunes filles et garçons dansent au rythme d’une cérémonie d’anniversaire.  Face à cela, Marina, une mère non loin du lycée s’indigne. « A notre époque, on dansait avec des habits traditionnels et nous avons beaucoup de respect pour les personnes âgées, mais ce que je suis en train de voir maintenant me dépasse. Je n’ai aucun sentiment de laisser ma fille venir à l’école pendant cette semaine culturelle. C’est mieux pour elle de rester à la maison », confia la pauvre maman.

Si autrefois on faisait jouer les enfants aux matchs d’interclasse, dans de nombreuses disciplines sportives,  cet exercice semble être délaissé dans l’organisation de cette semaine culturelle. Même si les matchs de football se poursuivent dans certains établissements, le suivi qui permet de dénicher des talents ne se fait guère. Et du coup, le match est similaire à un simple jeu sans importance. En plus, dans certains établissements, les enseignants utilisent cet aspect comme un fond d’escroquerie. Un parent d’élève témoignage : « Mon enfant me demande 100 FCFA comme cotisations des matchs d’interclasse bien que la semaine soit déjà terminée. Elle insiste sur le fait, prétextant qu’elle aura cinq points de moins comme a dit son enseignant si elle ne donne pas cet argent », lâche le père tout déçu.

En outre, la période d’une semaine qui est accordée pour l’enseignement culturel est détournée pour un vagabondage par certains élèves. Ce qui occasionne certains incidents. Au lieu de se rendre dans leur établissement, ils patrouillent des établissements en moto, ce qui occasionne un accident de circulation qui a coûté la vie à certains élèves en cette semaine culturelle.

L’autre chose que l’Oubangui Médias a relevée en cette période est le manque d’une bonne organisation de la semaine culturelle. La cérémonie finale qui doit être la même dans tous les établissements est faite de manière disparate. Certains établissements ont bouclé le jeudi tandis que d’autres ont bouclé le vendredi voire samedi. Il s’avère très important pour le ministère de l’éducation de repenser la bonne organisation de la semaine culturelle et aussi à son contenu pour permettre d’instruire et inculquer aux élèves les bonnes éducatifs et l’identité culturelle de la Centrafrique afin que cette semaine retrouve sa lettre de noblesse.

Belvia Espérance Refeïbona et Mireille Modouka