Après le décès brutal du Président Idriss Deby Itno en avril 2021, le Conseil Militaire de Transition (CMT) dirigé par son fils, le Général Mahamat Idriss Déby a entamé une ouverture politique pour faciliter la réconciliation gage d’une stabilité politique.

Pour cela, le CNMT a initié le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) qui a débuté avec 48h de retard, le 24 août 2022, en raison de problèmes d’organisation.

Regroupant les différentes forces vives de la Nation, mais des politico-militaires et le parti des Transformateurs ont claqué la porte à cette assise nationale dont les recommandations salutaires sont très attendues pour le pays dont ses voisins parmi lesquels la République Centrafricaine.

Des relations tumultueuses entre voisins :

Partageons une longue frontière poreuse avec la République Centrafricaine et des populations à cheval entre les deux pays, le dialogue au Tchad est suivi de près par les observateurs de la vie politique à Bangui. Car, l’on sait que les nombreux groupes armés qui écument la RCA créant une instabilité chronique recrutent leurs mercenaires dans les confins tchado-soudanais.

Aussi N’Djamena est considéré par de nombreux centrafricains comme la base arrière de nombreuses rébellions qui lancent des attaques contre la Centrafrique.

Pareillement, le Tchad craint toujours que le territoire centrafricain soit utilisé par les politico-militaires pour s’attaquer à N’Djamena.

L’on se souviendra qu’en 2008, c’est par le nord centrafricain qu’un groupe de rebelles était arrivé à la porte du Palais de Deby avant d’être mis en déroute.

Aussi, les mercenaires tchadiens opérant au compte des mouvements armés centrafricains pourraient aussi un jour être recrutés et servir contre les intérêts du Tchad.

« Nous souhaitons un consensus des tchadiens pour la stabilité du pays et de la sous-région »

Nul ne peut nier que l’instabilité au Tchad ou en Centrafrique a toujours un effet domino chez le voisin voire dans la sous-région. C’est la théorie de domino en géopolitique.

Cela se vérifie dans l’histoire politique du Tchad qui a montré que la RCA a toujours souffert des crises militaro-politiques de son voisin du Nord. Donc avec le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS), « nous souhaitons un consensus des tchadiens pour la stabilité du pays et de la sous-région », tel est le souhait d’un membre du gouvernement centrafricain.

Il faut aussi souligner qu’après la chute de Kadhafi provoquant la multiplication de groupes terroristes qui déstabilisent les pays du Sahel, les conséquences d’un Tchad instable pour la sous-région ne peuvent être imaginées.

C’est aussi les vœux du Président nigérian, Buhari qui a déclaré qu’« il est donc de notre devoir collectif (..), de nous lever à l’unisson en tant que dirigeants de la région pour veiller à ce que la paix, la stabilité et la sécurité ne soient pas perturbées au Tchad et dans toute la région ».

L’espoir est donc grand pour le retour d’une paix véritable entre les frères tchadien, mais certaines recommandations.

Des premières recommandations fortes

Des premières recommandations ont été validées le weekend dernier notamment la question d’éligibilité des dirigeants du CMT, du référendum et de la durée du mandat présidentiel.

Le dialogue national a estimé que les Tchadiens sont égaux en droits et devoirs et qu’aucun citoyen ne doit être exclu de l’élection présidentielle s’il souhaite s’y présenter. En d’autres termes, le président du CMT, Mahamat Idriss Déby est libre de se présenter ou non à l’élection présidentielle, prévue théoriquement dans deux, soit la durée arrêtée pour la transition post-DNIS.

En effet, les participants avaient aussi recommandé la prolongation de la transition de 18 mois supplémentaires afin de permettre au CMT DE mettre en application certaines recommandations issues de ce DNIS.

La plénière a été décidé d’organiser un seul référendum pour l’adoption de la forme de l’Etat (unitaire décentralisé ou fédéral) en même temps pour la Constitution.

La durée du mandat présidentiel est finalement fixée à cinq ans renouvelables une fois.

Au fait, il y a une raison pour les centrafricains de suivre avec beaucoup d’attention les dernières conclusions de ce dialogue. La paix au Tchad vaut la stabilité en Centrafrique, surtout que ces deux pays partagent une même valeur, en plus du long frontière qui les sépare.

Fridolin Ngoulou/Junior Max Endjigbongo