Le monde a célébré le 19 août dernier, la journée mondiale de l’aide humanitaire. En Centrafrique, cette journée a été célébrée sur plusieurs fronts de revendications des organisations non-gouvernementales nationales. Les ONGs nationales dénoncent le non-respect des recommandations du forum humanitaire qui exige que 25% de fonds du plan de réponse humanitaire soient accordés à elles (ONGs nationales) pour la mise en œuvre des projets en faveur des personnes en détresse.

A en croire les acteurs humanitaires nationaux, le forum humanitaire exige que 25% soient accordés aux organisations nationales pour la réalisation des projets. Jusque-là, seulement 04% de fonds requis pour l’assistance humanitaire en Centrafrique ont été alloués à celles-ci. La contribution aux actions humanitaires a dejà mobilisée 65% du budget général 2022. C’est ainsi que les acteurs nationaux dénoncent le désordre qui s’organise en milieu humanitaire. Selon eux, l’aide humanitaire ne profite pas aux personnes qui attendent l’assistance mais aux acteurs humanitaires internationaux. 

Blaise Zaka, coordonnateur des Plateformes des Actions Humanitaires et Développement en Centrafrique (CPFON-AHDCA), parle lui d’une discrimination dont font l’objet, les ONGs nationales. « Nous constatons qu’il existe un désordre organisé dans le milieu humanitaire où les sous-groupes sont créés, une discrimination s’installe entre les acteurs humanitaires dont certains sont nantis, d’autres très pauvres. Certains sont appelés s’épanouir et d’autres sont appelés à disparaître avec la complicité des autorités du pays. En Centrafrique, les organisations humanitaires internationales se partagent les financements entre elles au détriment des organisations nationales au vu et au su du gouvernement, malgré les instruments juridiques. Les acteurs humanitaires locaux ont des compétences pour la mise en œuvre des projets. Malheureusement, ils ne profitent pas au financement et allocation de manière directe pour la réalisation de leurs projets », a-t-il martelé.

Même si les impacts de l’assistance humanitaire vitale fournie par les ONGs internationales sont visibles partout à travers le pays, celles-ci ne vont pas s’éterniser définitivement en Centrafrique. Les organisations nationales seront appelées à prendre le relais et capitaliser les acquis des interventions des acteurs humanitaires internationaux. Blaise Zaka, demande le transfert de compétences et d’expertises. Car, dit-t-il, si aujourd’hui, les organisations nationales ont toujours tendance à réagir sur la question de mobilisation de fonds ou de la prise en compte de leurs activités, c’est par ce que certaines ONGs internationales n’ont pas la volonté d’aider ou de préparer les organisations de la société civile à s’épanouir afin prendre la relève. « La RCA est en phase d’une crise et les gens viennent en appui au pays. Certains ont la volonté de faire le travail pour lequel ils sont venus mais d’autres viennent seulement profiter des avantages des acteurs humanitaires locaux pour pouvoir mobiliser de l’argent pour leur propre compte mais pas pour la population centrafricaine. Cette préoccupation fait partie des analyses que nous avons faites au niveau national avec toutes les ONGs. Nous avons beaucoup de foras au niveau international, on vois comment la société civile commence à émerger ailleurs. Mais chez nous c’est le contraire. Le bureau de coordination des affaires humanitaires détient les fonds qui devraient être mis à disposition des organisations nationales mais sur le terrain ce n’est pas le cas. Parfois les acteurs humanitaires internationaux choisissent à qui ils devraient avancer et ceux qui ne portent pas le lien d’une manière direct. Nous interpellons le gouvernement pour la prise de décision immédiate pour que ce quota soit respecté » regrette-t-il.

Interpellée sur la question, la ministre de l’action humanitaire, Virginie Mbaïkoua, parle quant à elle d’une amélioration concernant l’allocation de fonds au profit des organisations nationales. Selon ses propos, ce quota devrait atteindre 12% cette année. Elle a indiqué que le gouvernement travaille en concertation avec toutes les parties prenantes dans le cadre de la coordination sectorielle humanitaire pour réfléchir sur les préalables autour de cette préoccupation afin d’y trouver des solutions idoines en vue d’atteindre les 25% recommandés par le forum humanitaire.

Pétrus Namkoina